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Pierre Ménès en fait-il trop ?
Revenu à l'antenne au printemps dernier, le journaliste multiplie sa présence au sein du groupe Canal +. Avec plus ou moins de succès...
En plateau, le public du Canal Football Club n'en est pas revenu. Le 29 octobre dernier, en pleine coupure pub, le ton monte très fort entre Pierre Ménès et Habib Beye. L'ancien joueur de l'OM n'apprécie pas du tout le comportement du chroniqueur, réputé pour ses tacles incisifs sur le petit milieu du foot, notamment à l'encontre d'Edinson Cavani, et le lui fait savoir. Le journaliste de 54 ans réplique à sa façon, sans filtre. Après l'émission, l'échange se poursuit en coulisses, toujours aussi animé. La semaine suivant l'incident, Beye n'apparaît pas sur le plateau, il a besoin de faire le point. Mais l'ancien joueur est bien présent, le 12 novembre, pour l'émission consacrée à Karim Benzema, où on l'a même vu plaisanter dans les loges avec Ménès... Les deux hommes n'ont pas souhaité s'exprimer sur leur différend, qui n'est d'ailleurs pas une première. À la rentrée, ils s'étaient déjà écharpés, en direct, sur le cas de l'attaquant du PSG. «Si demain j'ai un attaquant qui loupe vingt passes mais marque trois buts, je lui cire ses chaussures après chaque match !» En une phrase, Beye avait décontenancé Ménès, un événement assez rare pour marquer les esprits.
Ce dernier, en fait, ne digère pas le ton employé par le consultant qui, pendant son absence en raison d'une double greffe foie-rein, s'est bien installé à l'antenne la saison dernière. Il le trouve trop péremptoire, trop rigide alors que, pour lui, le foot n'est qu'un jeu. «Il n'accepte pas non plus qu'Habib pointe du doigt certaines imprécisions, voire des incohérences», témoigne un membre de l'équipe. Une manière aussi de remettre en cause le travail de Pierre Ménès, qui assure cependant visionner encore un maximum de matches chaque week-end ? Certains ne sont pas loin de le penser, tout comme ils sont de plus en plus nombreux à reprocher au journaliste ses déclarations à l'emporte-pièce sur le plateau du CFC, notamment les récents propos sur Patrice Évra, traité selon lui «de singe» par les supporters descendus le provoquer lors de son coup de sang avant le match contre Guimaraes en Ligue Europa. Malgré le démenti de la majorité des fans olympiens et de plusieurs confrères présents au stade, Ménès, sûr de sa source interne au club, n'en démord pas. Et peu importe qu'il essuie les critiques sur les réseaux sociaux. Il ne se gêne pas pour répondre, même de manière grossière. Ce qui n'est d'ailleurs pas toujours du goût de ses patrons...
Son émission, 19H30 PM, programmée depuis la rentrée sur Canal + Sport et dont il rêvait depuis longtemps, ne fait pas non plus l'unanimité, en interne comme en externe. Préparée dans l'urgence, à la fin de l'été, celle-ci est moquée pour «le niveau des débats», selon un membre de la rédaction. Ménès a lui-même organisé le casting des femmes qui l'entourent, Agathe Auproux, Lucie Bacon, Ambre Godillon... Lassé de voir toujours les mêmes têtes sur les plateaux télé, il souhaitait ainsi se démarquer. Parmi les recalées, une ancienne miss France, une animatrice de divertissement ou encore une étudiante en journalisme... Marie Portolano a elle aussi décliné pour se consacrer à la préparation d'un nouveau programme. Après sept émissions diffusées, 19H30 PM peine à décoller, avec une moyenne de 40 000 téléspectateurs, malgré des scores encourageants sur les réseaux sociaux (155 000 vues sur Facebook pour la dernière diffusion).
«Certains sont presque contents que cela ne marche pas... pour le faire redescendre sur terre», raconte un journaliste de la chaîne tandis que d'autres évoquent, une fois de plus, un manque certain de préparation. Mais Ménès ne lâche pas et préfère faire savoir que l'émission n'est pas menacée, qu'il a le soutien de sa direction, Maxime Saada (le DG) et Thierry Cheleman (le patron des sports) en tête, même si ces derniers ne lui donnent pas de blanc-seing pour autant. Pierre Ménès explique à ses proches que les audiences confidentielles sont le signe d'un sexisme des Français, qu'elles pourraient être bien meilleures avec des intervenants masculins. S'il ne compte pas modifier son concept, il se verrait bien changer de case horaire, voire de chaîne (Canal + Premium), pour bénéficier d'une meilleure exposition. Ce qui n'est pas à l'ordre du jour.
En attendant, Ménès cherche à rassurer son équipe. Les chroniqueuses parlent même d'un «investissement total» du néo-animateur. Qu'on retrouve aussi régulièrement dans Touche pas à mon poste, sur C8. Il devait se limiter à une apparition hebdomadaire, il lui arrive d'y venir deux fois par semaine. Cyril Hanouna l'apprécie et joue la carte du groupe pour convaincre la direction de le laisser venir plus souvent dans son show. «Il a un franc-parler unique, à la Laurent Baffie, explique l'animateur. Quand il tacle les mecs, il y va ! Ça m'intéresse en télé.» Ménès se prend d'ailleurs de plus en plus au jeu. Refusant au départ de se déguiser, il accepte depuis peu le port de la perruque, se lâche davantage en plateau, à sa grande surprise. Le complément financier, 700 € par émission, lui permet également de compenser la légère baisse de revenus consentie depuis son passage en CDI l'été dernier.
Pas tout à fait rétabli au niveau de la marche depuis sa greffe en décembre dernier, il devra se soumettre prochainement à une nouvelle intervention chirurgicale, habituelle chez les transplantés. En parallèle, il poursuit l'écriture d'un film sur le milieu de la télé... S'il ne compte que sur lui-même pour cette aventure, ces derniers mois l'aideront sans doute à y trouver l'inspiration.