La saison prochaine, tous les clubs participant à la Ligue des champions et à la Coupe de l'UEFA devront inclure au moins huit joueurs "formés localement" dans la liste de 25 noms communiquée à l'UEFA pour ces compétitions. Cette règle des "8 sur 25" vient d'être approuvée par la Commission européenne, Bruxelles estimant qu'elle est compatible avec le principe de libre circulation des travailleurs qui s'applique aux joueurs de football depuis l'arrêt Bosman (1995). Une victoire pour l'UEFA et son président Michel Platini qui se battent depuis deux ans pour cette mesure censée relancer la formation dans les clubs européens et rééquilibrer les compétitions continentales. La saison dernière déjà, les clubs engagés en C1 et en C3 devaient compter dans leurs rangs six joueurs "formés localement", dont trois au minimum par les clubs eux-mêmes.
Fabregas oui, Nasri non
Car par "formés localement", l'UEFA entend des joueurs formés par leur club actuel mais aussi par les autres clubs du pays. Il faut que ces joueurs, quels que soient leur nationalité et leur âge, y aient passé trois ans entre 15 et 21 ans. Autre contrainte pour la nouvelle saison : au moins quatre des huit joueurs doivent avoir été formés par le club lui-même. C'est le cas par exemple du Bordelais Gabriel Obertan, 19 ans, depuis 2005 chez les Girondins. Ou de l'Espagnol d'Arsenal, Cesc Fabregas, 21 ans, arrivé à Londres en 2003. Autre cas : Yoann Gouffran, s'il était transféré à Bordeaux, ferait lui aussi partie des "au moins huit" en Ligue des champions, mais seulement en tant que joueur formé en France (Caen). A l'inverse, si le Marseillais Samir Nasri rejoignait les Gunners, il ne serait pas considéré comme "formé localement" -ni par le club ni par le pays- au moment de jouer la C1.
Selon les chiffres de l'UEFA, le nombre de joueurs formés par leur club a chuté de 7 à 4 en moyenne dans les cinq championnats européens majeurs entre 1990 et 2004. En libérant la circulation des joueurs, l'arrêt Bosman a ralenti la formation. Nombre de clubs l'ont délaissée au profit du marché. Sans surprise, c'est en Premier League (et dans le championnat portugais) que l'on trouve le moins de joueurs "formés localement" mais aussi les plus grandes disparités entre clubs, Arsenal et Manchester United faisant plus de deux fois mieux que Bolton, le bonnet d'âne.
Evaluation
Selon Muriel Féraud-Courtin et Vincent Chaudel, deux des auteurs de l'étude indépendante réalisée à la demande de la Commission européenne par Ineum Consulting & Taj, «il semble que la plupart des clubs (concernés par les joutes continentales) répondent déjà positivement» à la règle des "8 sur 25". Bruxelles lui a donné son feu vert à condition qu'elle soit évaluée régulièrement d'ici à 2012. Histoire d'éviter «les discriminations indirectes sur la base de la nationalité». Exactement l'écueil sur lequel bute en Europe le projet de la FIFA qui voudrait imposer six joueurs nationaux sur onze au coup d'envoi. -J.LB