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Le 01/03/1997
Clermont - Paris-SG : 4-4, 4-3 t.a.b. (8e de finale)
C'est au printemps 1997, il y a plus de dix ans, qu'est née la rhétorique qui accompagne désormais régulièrement le Paris-SG les soirs de déroute. «Avec tout ce qu'on vient de vivre, on ne peut plus avoir peur. Il nous est arrivé des choses incroyables. Il faut s'en sortir et trouver la force de réagir». «On se sent humiliés». «On est mal, on est mal». Ces phrases n'appartiennent pas à Alain Cayzac, Paul Le Guen (l'entraîneur) ou à Pauleta, mais à Rai, Benoît Cauet et Bruno Ngotty (photo L'Equipe). Elles ont été prononcées par des joueurs du PSG couverts de honte, le premier jour de mars 1997, par une élimination en huitième de finale de Coupe de France.
L'adversaire ? Une équipe de N2 (niveau 4, équivalent du CFA), Clermont-Foot. Le scénario ? Le club de la capitale aura mené 2-0 (25e, à score à la pause), puis 4-1 (68e), avant de subir une égalisation à 4-4 et de perdre aux tirs au but (3-4). Le contexte ? Déjà risée de l'Europe suite à une défaite en Supercoupe contre la Juventus au Parc (1-6), deux mois plus tôt, le Paris-SG vit dans le plus grand désoeuvrement la fin de la grande génération de l'ère Canal. Il découvre la crise. L'entraîneur, Ricardo, pense à sa démission. Paul Le Guen, dont le tir au but est arrêté par Olivier Enjolras, ainsi que celui de Vincent Guérin, vit les heures les plus difficiles de sa carrière de joueur. Enjolras, lui, vit les meilleures. L'image de sa joie, perché sur la barre transversale, symbolise l'ivresse des amateurs.
Ce qui rend exceptionnel l'exploit de Clermont, c'est que le PSG est alors l'un des tous premiers clubs français. Champion en 1994, demi-finaliste (au moins) d'une coupe d'Europe cinq fois consécutives entre 1993 et 1997 (notamment de la C1 en 1995), vainqueur de deux Coupes de France (1993, 1995), de la Coupe de la Ligue (1995), de la Coupe des coupes en 1996, il sera quelque mois plus tard finaliste de cette même C2 contre le FC Barcelone de Ronaldo (0-1).
Bien sûr, si le résultat fracassant des Auvergants est possible, c'est parce que les joueurs de l'entraîneur Thierry Coutard auront mis dans leur prestation tout l'attirail nécessaire pour entrer dans la légende. D'abord le culot consistant à agresser Paris en début de match, ensuite le moral invraisemblable ayant permis le retour de 1-4 à 4-4, enfin des nerfs d'acier dans la série de tirs au but. Clermont, par ailleurs, avait déjà sorti Lorient (3-2) et Martigues (1-1, 5-3 t.a. b.), deux clubs de D2 : son succès ne doit rien au hasard.
Mais il doit beaucoup, quand même, aux errements de pupilles d'un PSG en doute. C'est bien le club de la capitale qui a perdu ce match. Il s'est noyé seul. «Dans cette équipe, il n'y a aucune communication, témoigne Coutard dans L'Equipe. Le PSG n'avait pas le droit de lâcher à 4-1 en sa faveur. Moi, mes joueurs, je les aurais mis minables». Et ce scénario incroyable... Coutard : «À 1-4, j'espérais que ça s'arrête. A 2-4, j'ai pensé qu'il il avait la place pour en mettre un autre. A 3-4, c'est du n'importe quoi, il n'y a plus de schéma». Comble de l'humiliation, c'est un but contre son camp de Bruno Ngotty qui débouche sur le 4-4. Ricardo, accablé, déclare que «la faillite est psychologique, lorsqu'on prend trois buts en vingt minutes, il n'y a pas d'autre explication». Cette dialectique, Paul Le Guen devra la manier à son tour plus d'une fois. Plus de dix ans plus tard. - Cé. Ro.
LA FEUILLE DE MATCH
Le 1er mars 1997 à Clermont-Ferrand (Stade Gabriel-Montpied)
CLERMONT (N2) - PARIS-SG (D1) : 4-4 a. p. (0-2, 4-4) 4-3 t.a.b.
9 000 spectateurs environ / Arbitre : M. Kalt
Buts : Bessaque (52e s.p.), Chastang (69e), Le Bellec (81e), Ngotty (88e csc) pour Clermont. Cauet (13e), Dely Valdes (25e), Rai (59e), Loko (68e) pour le Paris-SG.
CLERMONT : Enjolras - Cohade, Aguad, Bessaque, Vigouroux, Jobert - Groueix (Lestrade, 53e), Bentoumi (Ribérol, 66e), Le Bellec (cap.) - Maloumbi (Ambriard, 71e), Chastang. Entr. : Coutard.
PARIS-SG : Lama - Fournier, Ngotty, Le Guen, Kenedy - Guérin, Cauet (Calenda, 78e), Aflou, Rai (cap.) - Loko, Pouget (75e), Dely Valdes. Entr. : Ricardo.
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