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Lyon: Deux Bleues de combat
Actualités / Football - le 16 mars 2009 à 15h00
Par Hervé DUGOT
Sonia Bompastor
Les footballeuses internationales Camille Abily et Sonia Bompastor, désireuses de partir aux Etats-Unis, ont saisi le juge unique du statut des joueurs de la FIFA, pour avoir gain de cause face à l’OL.
À la fin du mois, le rêve américain deviendra réalité pour quelques-unes des plus grandes joueuses au monde, pressées de donner leur première représentation. Le dimanche 29 mars, la nouvelle Ligue professionnelle de football féminin lèvera son rideau à l’occasion d’une rencontre entre Los Angeles Sol et Washington Freedom, deux équipes qui, sauf coup de théâtre, présenteront chacune une touche de bleu dans leur composition. En effet, lors de la draft qui s’est déroulée à l’automne dernier, les dirigeants californiens ont retenu Camille Abily, alors que leurs homologues de l’Illinois ont glissé Sonia Bompastor dans leur casting.
Source de fierté pour les deux internationales françaises, ce choix a provoqué une cascade de mécontentements du côté de leur club, Lyon, fâché à la perspective de devoir laisser partir en cours de saison deux des meilleures footballeuses de l’hexagone. En guise de rétorsion, l’OL a fait pression sur la Fédération française, pour que celle-ci ne délivre pas à son homologue américaine la lettre de sortie nécessaire à leur expatriation. Mais la solidarité du service juridique de la FFF n’est pas vraiment compréhensible, car les joueuses possèdent, dans notre pays, un statut amateur.
Rien n’empêchait donc les deux candidates à l’exil de démissionner, car elles étaient liées à Lyon par un simple contrat de travail : Bompastor exerçait une fonction d’archiviste au sein de OL Images et Abily, qui avait un temps entraîné les jeunes, n’avait plus aucune mission, ce qui revenait à occuper un emploi fictif. Malgré tout, de manière ubuesque, elle s’est vue reprocher par lettre d’huissier de ne pas effectuer de préavis ! De son côté, Bompastor a logiquement honoré son mois de préavis, mais ses dirigeants en ont exigé un second, ce qui l’a obligée à les menacer de réclamer un arrêt maladie qui n’aurait pas forcément été de complaisance. Atteinte par de telles méthodes, l’ancienne arrière gauche de Montpellier, qui n'a pu offrir un pot de départ à ses anciennes coéquipières, a été proche de craquer nerveusement.
En utilisant semblables procédés, Lyon est fidèle aux menaces effectuées dès le départ par le président Jean-Michel Aulas et son directeur administratif Marino Faccioli, qui leur ont promis de tout faire pour les bloquer, voire de les empêcher de jouer au foot si elles persistaient dans leurs envies de départ. Dans cette perspective, l’OL, qui a assigné les intéressées au tribunal pour “ préjudice sportif et préjudice d’image ”, leur réclame 500 000€ de dommages et intérêts ! Malgré cette procédure, les deux joueuses se sont déjà envolées pour les USA et attendent désormais la décision que rendra le juge unique du statut des joueurs de la FIFA, auquel elles ont adressé un courrier, pour préciser qu’elles ne sont pas professionnelles. Elles devraient obtenir gain de cause, ce qui, d’ores et déjà, n’a pas laissé indifférent les instances du foot français.
Début mars, le groupe de travail sur le statut de la joueuse a validé la mise en place, à compter du premier juillet prochain, de contrats fédéraux pour les footballeuses. Derrière cette disposition, qui devra être ratifiée d’ici là par l’Assemblée fédérale de la FFF, il est difficile de ne pas voir l’ombre de Jean-Michel Aulas, qui a réuni récemment son équipe et a martelé : “ Vous allez avoir un statut et, maintenant, plus personne ne bouge ! ” L’internationale Louisa Nécib, elle aussi “ draftée ”, mais qui n’a pas eu l’audace d’aller au bras de fer avec l’OL, a sûrement saisi la portée du message.