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Sur le tableau accroché derrière le bureau, entre le calendrier de Ligue 1 et les plannings d'entraînement de l'Olympique de Marseille, une photo...
Celle de "Georg", un superbe chien danois de trois ans, offert à Eric Gerets par le président du club turc de Galatasaray.
"Georg", c'est le compagnon de route de l'ancien défenseur de l'équipe nationale de Belgique, troisième à la coupe du Monde 1986, au Mexique. « Il ne lui manque plus que la parole » , sourit timidement l'entraîneur de l'OM, divorcé depuis plusieurs années. « J'ai lié une vraie complicité avec ce chien. Et il me tarde qu'il arrive de Belgique,
d'ici deux à trois semaines. » Ainsi va Eric Gerets. Froid en apparence, sensible à l'évidence. Un homme sans faux fuyant, dont les méthodes n'ont pas tardé à faire l'unanimité dans un club réputé pour sa légèreté. Appelé en sauveur de la patrie OM le 22 septembre 2007, au soir d'une défaite de trop à Auxerre (0-2), le Belge a remis le groupe phocéen sur les rails de la rigueur.
Repas communs à la Commanderie, à horaires fixes et dans une ambiance studieuse... l'OM a découvert la rigidité nordiste de son entraîneur. « Je n'ai rien inventé », coupe t-il sèchement. « Cela existe dans tous les grands clubs d'Europe. Sauf peut-être en France... » Le football français, Eric Gerets ne le connaissait pas vraiment avant de poser ses valises à Cassis. Tout juste avait-il affronté ses plus beaux fleurons lors de ses passages à Eindhoven, ou Anderlecht. Pour le reste... « Tactiquement, il est intéressant », affirme t-il, « toutes les équipes posent des problèmes différents. Sur le plan de la qualité, c'est assez surprenant. Tu regardes un match à 18 h puis un autre à 21 h et tu as parfois l'impression de ne pas voir le même championnat. » Le modèle selon Gerets, c'est en Angleterre qu'il se trouve. Un pays où paradoxalement, il n'a encore jamais exercé. « Entraîner en Angleterre ? Oui, bien sûr que j'en ai envie ! Là-bas, l'impact physique est présent durant nonante (90) minutes et le jeu va d'un camp à l'autre.
Mais si je devais partir outre-manche, ce serait pour l'un des quatre grands clubs. Et suis-je assez grand pour aller chez les grands... ? » A Marseille, personne n'en doute. Pas même les plus fervents supporters de Raymond Goethals, son compatriote belge, que Gerets n'oublie jamais de remercier. « Grâce à lui, mon état de grâce a duré plus longtemps que pour un autre entraîneur. Les gens se sont dit "tiens un petit belge de plus, on va lui laisser le temps de s'adapter". Et j'ai pu travailler dans la sérénité... » Le travail, c'est l'autre marque de fabrique de Gerets. Et s'il admet une passion pour le cinéma, cet intellectuel aux cinq langues parlées couramment (français, flamand, italien, anglais et allemand) "bouffe" du football à longueur de journée. « Je n'ai même pas eu le temps de visiter cette belle région provençale. J'arrive le matin à la Commanderie et je repars le soir, tard. C'est normal, c'est mon job et j'essaie de mériter mon salaire. » Avec deux points de moyenne par match depuis sa prise de pouvoir, Gerets a considérablement amélioré la situation, menant Marseille aux portes de la Ligue des champions. En revanche, il restera celui qui dirigeait l'OM lors de la fameuse élimination en 8 e de finale de la Coupe de France, face aux amateurs de Carquefou (1-0). « Même si demain, je pars entraîner le Real Madrid, je n'oublierai jamais ce jour maudit. J'ai eu honte ! Surtout pour nos supporters. Ils ont fait trente heures de bus aller-retour pour voir ça... Ce n'est pas normal ! » Venu à l'OM sur un coup de coeur, mais aussi pour gagner de nouveaux titres, Eric Gerets ne désespère pas de titiller le grand rival lyonnais la saison prochaine. A condition bien sûr que le recrutement soit à la hauteur de ses ambitions. « Battre Lyon sur la durée, on peut le faire. J'ai justement posé les bases du futur recrutement et si je suis entendu, je crois que l'on pourra inquiéter l'OL. Mais c'est aux dirigeants de décider. Moi, j'attends... et je travaille. » En bref Eric Gerets est né le 18 mai 1954 à Rekem (Belgique)Joueur au Standard de Liège, Milan AC, Maastricht et au PSV Eindhoven.
Palmarès : Ligue des champions 1988 avec le PSV, champion de Belgique en 1982 et 1983 avec Standard de Liège, vainqueur de la Coupe de Belgique en 1981 avec Standard de Liège Champion des Pays-Bas en 1986, 1987, 1988, 1989, 1991 et 1992 avec PSV Eindhoven, Vainqueur de la Coupe des Pays-Bas en 1988, 1989 et 1990 avec PSV Eindhoven 86 sélections en équipe nationale (3 e coupe du Monde 1986) Entraîneur au RFC de Liège, Lierse SK, FC Bruges, PSV Eindhoven, FC Kaiserslautern, VfL Wolfsburg, Galatasaray, OM Palmarès : champion de Belgique, vainqueur de la Supercoupe de Belgique, champion des Pays-Bas, vainqueur de la Supercoupe des Pays-Bas, champion de Turquie. Il est parti le 6 décembre 2004, à l'âge de 83 ans, des suites d'une longue maladie. Quelques mois plus tard, Philippe Moureaux, le président du FC Brussels, lui rendait hommage en baptisant une tribune Goethals. Mais c'est évidemment à Marseille que "Raymond-la-science" est une idole. En menant l'OM sur le toit de l'Europe en 1993, il est devenu le premier et unique entraîneur à remporter la Ligue des Champions avec un club français. Né le 7 octobre 1921 à Forest en Belgique, celui qui fut aussi surnommé "Raymundo", « le sorcier belge » ou encore « le magicien », est l'entraîneur belge le plus titré. Il était surtout inégalable par son franc parler, son phrasé et son style digne de Columbo. Avant d'être coach, il eut une modeste carrière de gardien de but, dans les années 30, avec le club de Daring. Devenu entraîneur, il est nommé à la tête de l'équipe nationale belge en 1968, qu'il réussit à qualifier deux ans plus tard pour la phase finale de la Coupe du monde. En 1972, toujours sous sa direction, les « Diables rouges » terminent à la troisième place du championnat d'Europe. Revenant en club, Raymond Goethals conduit le club bruxellois d'Anderlecht en finale de la Coupe des vainqueurs de coupe en 1977 avant de remporter la compétition l'année suivante, en 1978. Mais en 1990, Goethals est appelé à Marseille par Bernard Tapie en vue de décrocher la Coupe d'Europe. Deux ans avant de remporter la Ligue des champions, en 1991, il obtient le « Banc d'Or », trophée récompensant le meilleur entraîneur européen. Sur la Canebière, personne ne l'a oublié.
Jean-Michel IZOIRD avec Gilbert DULAC