Les mots vous manquent peut être ...
Ne craignant pas la suspicion, le bon Pape aux légendaires envolées métaphysiques, a, dès son arrivée à la Commanderie, largement puisé dans son ancien vivier de joueurs ; il vend ainsi le joyau de l’OM Didier Drogba en juillet 2004, bijou dont il était encore l’agent deux mois plus tôt. Et à un prix défiant toute concurrence : l’attaquant olympien a été transféré 33 millions d’euros au club anglais de Chelsea, quand il n’avait été acheté que 6 par Marseille. Un joli coup commercial qui a saigné le cœur des supporters marseillais. Ce sombre jour de juillet 2004, les larmes ont coulé comme le pastis, tant Drogba est une idole du côté du stade Vélodrome.
Véhéments dans leur tristesse, les supporters ont toujours douté de la bonne foi du Pape dans le dossier. Et il ne faut pas plus d’un petit jaune, du Panier à la Pointe Rouge, pour entendre la complainte : « Diouf a vendu Drogba et s’est sucré en commissions au passage ; qui peut imaginer qu’il a laissé passer le plus gros transfert de sa carrière ». En gros qu’il s’est servi de son poste à Marseille pour toucher un dernier gros lot comme agent. Ses liens avec Frelot ont quand même valu à Diouf une perquisition de son domicile et de son bureau, en mars 2005 de la part du juge Van Ruymbeke, qui s’intéresse depuis fin 2006 tout particulièrement au transfert de Drogba. Un joli fax a notamment éveillé sa curiosité.
La missive porte la signature de Pape Diouf, l’en-tête de Mondial promotion – sa société d’agents de joueurs –, est adressée à Pierre Frelot et datée du 14 mai 2004, soit juste avant que chacun ne change de casquette. Et le texte y a justement trait, ainsi qu’au transfert de Didier Drogba, qui selon la version officielle des dirigeants marseillais, n’a été envisagé que deux mois plus tard, à la mi-juillet 2004, dans la précipitation… et au grand dam tant des supporters que de Drogba lui-même. Pour céder son portefeuille de joueurs, Diouf, s’il est bien l’auteur de ce fax, pose ses conditions. « La cession de Mondial promotion ne pourra se faire qu’à l’unique condition que mon collaborateur, M. Thierno Seydi, reste en charge des dossiers dont il s’occupe, dont le dossier Drogba ».
Sympa, le Pape recase son poulain. La suite risque de serrer le cœur et libérer les gorges des virages marseillais. « La commission liée à son transfert que nous préparons vers l’Angleterre devra également être prise en compte et payée à concurrence de minimum 40% sur le compte en Afrique qui te sera indiqué lors de l’opération ». Mieux, « le club acheteur devra avaliser cette transaction sous peine de voir l’OM refuser tout transfert de Didier Drogba ». Une phrase à fendre le cœur des amoureux de l’OM… Habile, l’infaillible Pape suggère également « qu’une clause de confidentialité devra être prévue pour éviter toute suite, tant au sein de la fédération qu’à l’OM, où je viens de prendre mes fonctions ».
Les dénégations de Frelot, évoquant un faux, n’ont semble-t-il pas complètement convaincu l’instruction, qui a versé le fax au dossier. Une décision qui prélude à un avis de grand mistral sur Marseille…
« Le transfert de Dorgba n’est pas du tout d’actualité le 14 mai 2004 » puisque « José Mourinho,le nouvel entraîneur de Chelsea a été nommé le 1er juin 2004 ». Certes, mais dans le petit milieu du football, les entraîneurs transmettent toujours leurs souhaits de recrutement. L’info a circulé dans les journaux anglais dès le 27 mai 2004. Le malheureux Frelot se contredit aussi quelque peu. « En ce qui concerne Mr Seydi (…) il n’est pas resté contrairement à ce qui est indiqué, en charge des dossiers dont il s’occupe », déclare-t-il au juge le 29 novembre 2006. Or, en avril et toujours devant le juge, il a bien décrit que « Seydi et moi-même avons négociés et sommes allés à Chelsea pour discuter de la rémunération du joueur et de la commission de XL Sports », qui en passant s’élèvera à 700 000 livres sterling. Et de façon assez audacieuse, Pierre Frelot joint lors de ses interrogatoires, les comptes de XL Sport depuis sa création le 16/7/04 et dont le début d’activité est signifié au tribunal du commerce de Nanterre au 20 juin 2004.
Las, dès le 15 mai 2004, Pape Diouf, dans ses tous frais habits de dirigeant marseillais, mandate l’encore inexistante XL Sport pour recruter l’une des futures tête-de-turc du public marseillais, le « cabri » Habib Bamogo, dont l’agent n’était autre qu’un certain Pape Diouf… Comme le racontent avec gourmandise Jérôme Jessel et Patrick Mendelewitsch dans La face cachée du foot business : « En rémunération de sa délicate mission XL Sport percevra 383 000 euros HT »… Autant d’éléments qui jettent un léger voile sur la transparence des relations Diouf Frelot
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