par Neb » 23 Oct 2007, 08:03
[info] Comment allez-vous ?
Pape Diouf : " Ça va. J'ai eu la chance de tomber dans un service remarquable dirigé par le Professeur Gomez. Il y a attention, compétence et suivi.
- Le club vit encore des heures troubles, avec les événements du FAP. Quel est votre sentiment ?
P. D. : Cette fameuse association initiée par Jean-Michel Aulas me semble être une énième manœuvre du président lyonnais. Il pense être, dans le milieu du football, plus intelligent que tout le monde. Jusqu'à présent, il n'avait aucune opposition. Il la rencontre avec moi. Il avait tenté me contourner pour l'achat de Ribery et s'était tourné vers Robert Louis-Dreyfus lequel, sèchement, l'avait renvoyé vers moi. Depuis quelque temps, il sait que l'OM n'a pas l'intention de s'associer dans une instance dont on ne voit pas l'utilité. L'UCPF est capable d'aller au fond du débat.
- Vous parlez du débat des droits télé ?
P. D. : Oui. Il y a un appel d'offre qui affole tout le monde. Avant même d'être entériné, il suscite une levée de boucliers sur les clés de répartition. Aulas veut maîtriser ce point capital.
- Il défend les intérêts de son club...
P. D. : Oui. Mais nous savons à Marseille que l'OM reste le club le plus populaire, le plus médiatisé, celui qui bénéficie du plus d'aura, celui que les diffuseurs se disputent. Nous n'avons donc aucune raison de nous soumettre au diktat d'Aulas. Connaissant notre position, Aulas a profité des discordes, que nous ne pouvons pas taire, pour contourner le président légitime du club en s'adressant au directeur général du club, au président du conseil de surveillance, lesquels sont totalement absents de la gestion au quotidien. Mais ils ne se privent de mettre des bâtons dans les roues dans ma politique quotidienne. Mehdi El Glaoui s'est retrouvé à cette réunion au nom de l'OM. Je le répète ici, c'est une usurpation. Derrière moi, l'actionnaire du club l'a très clairement exprimé.
- Les deux personnes affirment que RLD était informé de la situation...
P. D. : Ils jouent sur l'ambiguïté des mots. Dire que l'actionnaire du club est informé et qu'on a son autorisation pour s'y rendre n'est pas la même chose. Ni De la Brosse ni El Glaoui n'ont osé affirmer qu'ils avaient un mandat réel. Quand on sait que pour ses affaires, RLD se déplace dans le globe, dans les coins les plus reculés, avec les décalages horaires il est très difficile de le joindre parfois. Il n'est pas difficile pour un personnage qui veut être de mauvaise foi d'envoyer un SMS pour prétendre qu'il a été informé. Je suis convaincu que les choses se sont déroulées ainsi. Si RLD avait donné son accord pour la présence du président du conseil de surveillance, il l'aurait dit.
- A la lumière de cette histoire, il est clair aujourd'hui que les luttes internes sont néfastes à l'avenir du club. Que se passera-t-il dans les prochains jours ?
P. D. : Je ne le sais pas. Il y a autour du moi une équipe. Elle ne ménage ni son énergie, ni sa peine pour donner au club le maximum d'arguments afin d'avancer. À côté de cela, Il y en a d'autres qu'on ne voit jamais. Ils suscitent en sourdine des crises, histoire de régler des comptes personnels. Ce n'est pas un esprit de responsabilité. La responsabilité doit taire les querelles personnelles, elle occulte le clanisme. On me sera gré d'être le seul dirigeant à n'avoir pas engagé au club une personne qui m'était dévolue. J'ai travaillé avec le personnel en place.
On a cherché à m'opposer à certains. A l'arrivée, le respect et la considération ont gouverné nos relations. Je suis prêt à travailler avec tout le monde dès lors que j'ai le sentiment que chacun tire dans le sens des intérêts du club. Je ne compte pas mes heures, je ne suis pas un intermittent du club. Je ne suis pas présent une seule fois par semaine.
- Vous dîtes souvent "d'autres personnes". Vous visez clairement Thierry de la Brosse. Pourquoi avez-vous du mal à prononcer son nom ?
P. D. : Je n'ai aucun mal à le prononcer, rassurez-vous. On n'entend Thierry de la Brosse que lorsqu'il y a des problèmes, quand ce n'est pas lui-même qui les a suscités, nourris. Cet homme-là n'est ni passionné par la ville de Marseille, ni par le football. On peut compter sur les doigts d'une seule main le nombre de matches auquel il a assisté. Nous, nous vivons ces moments-là avec tout ce que cela suppose d'anxiété, d'investissement intérieur et sentimental.
Ce n'est pas son cas. Un homme qui prétend être de la direction centrale de l'OM et qui ne connaît absolument rien de ce club, ni ceux qui sont le samedi sur le terrain, cet homme-là devrait avoir le courage de savoir qu'il n'est pas à sa place. A un moment donné, posons-nous la question sur son rôle.
- Avez-vous le sentiment d'avoir reçu un coup de poignard dans le dos ?
P. D. : C'est le lot que je subis depuis sa présence. Il n'a jamais essayé d'aller dans le sens des intérêts du club. Il s'est présenté dans une totale imposture comme un chevalier blanc, un zorro. Si le club a eu des problèmes par le passé, cela était lié aux transferts, aux mouvements des joueurs. Sous ma présidence, tous les transferts réalisés l'ont été dans la transparence et la parfaite clarté.
Les différents commissaires aux comptes attachés au club le reconnaissent. Il y a aussi des clans au sein du club. Certains pensent appartenir au clan Diouf, d'autres à celui de de La Brosse. C'est inquiétant. On ne peut plus continuer à travailler ainsi. La place doit être nettoyée.
- Comment un club comme l'OM qui a besoin de se stabilité, de crédibilité, peut-il avancer dans une telle zizanie ?
P. D. : La situation doit changer. En dépit des problèmes précédemment évoqués, le club jouit, à l'extérieur, d'une autre image. Je m'en rends compte au sein des instances ou avec les différents interlocuteurs que nous rencontrons. J'aborde ma quatrième saison à la présidence avec la même équipe de collaborateurs. On a tu les dissensions, mis les mouchoirs sur nos querelles pour ne pas les étaler sur la place publique.
Aujourd'hui, cette association bricolée par Aulas qui s'est servi de certains valets relance les querelles internes. N'eût été cette histoire, nous aurions pu, au prix d'efforts considérables, continuer à laver notre linge sale en famille. Mais les faits sont là : j'ai du mal à admettre qu'on pactise avec un autre club contre les intérêts supérieurs de l'OM.
- Cette histoire est peut-être un mal pour un bien, si des changements sont préconisés...
P. D. : Je le pense. Aujourd'hui, personne ne peut plus se cacher derrière son petit doigt. Ceux qui sont intéressés par le développement et la vie du club mettent le doigt où ça fait mal. Je me réjouis de la confiance dont m'a toujours témoignée RLD. On ne peut pas mettre sur son dos toutes les responsabilités dans la mesure où il s'est éloigné de la gestion quotidienne, mis en place des responsables qui doivent veiller. On ne peut faire appel à lui à chaque problème qui se soulève.
- Attendez, il y a problème de taille. Il lui appartient quand même de rappeler aujourd'hui chacun aux devoirs de sa charge, d'aplanir vos différends.
P. D. : C'est nécessaire, c'est vrai. Si le Conseil de surveillance chargé de réguler la bonne marche du club fonctionnait sans cet esprit de clan, peut-être que le problème aurait pu être réglé à ce niveau-là. Ce n'est pas le cas. Il y a des alliances mondaines. Nous, les ouvriers, ne sommes pas toujours entendus.
Historiquement, RLD a très souvent mis en place un système bicéphale. Il a toujours coupé les têtes lorsque les relations entre ces deux personnes devenaient trop tendues.
(Il coupe...) Je n'ai aucune crainte. Si l'avenir de l'OM passait par mon éviction, je n'hésiterais pas une seconde. Je suis le seul président en France qui n'a pas recherché le poste qu'il occupe. Les circonstances m'ont propulsé sur le devant de la scène. Je suis en mesure aujourd'hui, contrairement à beaucoup d'autres, de pouvoir quitter cette fonction et mener une vie plus tranquille.
Vous évoquez le bicéphalisme : à l'époque, même s'il y avait deux personnalités fortes, elles travaillaient, elles étaient présentes du matin au soir. Ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, le cactus que nous avons est à La Commanderie une fois par semaine.
- Tapie lors de son deuxième passage n'était pas à Marseille au quotidien...
P. D. : Mais il était présent, passionné de football. On a beau critiquer ses méthodes, il était capable d'appeler ses entraîneurs à 2h du matin, ses joueurs à tout moment. Il y avait dans son sang ce bleu-blanc de l'OM.
- Ces derniers temps, il y a d'autres affaires : la prise de position des Ultras, l'ultimatum de Jean-Pierre Foucault. Ca devient lourd...
P. D. : Oui, mais il convient de ne pas les rapprocher. Le mouvement des Ultras reste pour moi un épiphénomène, un mouvement d'humeur marginal que rien ne justifie. Il peut être expliqué par une influence extérieure. Il est curieux que sur les dix associations recensées, une seule manifeste un mécontentement.
Et l'affaire du centre de formation ?
P. D. : Au départ, ce dossier était entre les mains de la direction générale. Les mois ont passé, le dossier n'a pas avancé. Thierry de la Brosse a fait la sourde oreille quand le dossier a politiquement brûlé les mains. Jean-Pierre Foucault s'en est donc ouvert à moi. Jean-Pierre souhaite que tout aille plus vite. Avec Julien Fournier, nous souhaitons discuter.
- Pourquoi ?
P. D. : Il y a des nuances importantes. Peut-on continuer à investir annuellement de manière colossale sans avoir la garantie de pouvoir conserver les meilleurs éléments formés au club ? Nous souhaitons donner à la formation une nouvelle orientation pour répondre aux exigences et aux contraintes de l'association.
Le bâtiment sera construit, mais autant l'aménager pour permettre à la vie de l'association de cohabiter avec le secteur professionnel. M. De Fouchier l'a dit dans vos colonnes : l'association et la SASP sont les deux jambes d’un même corps: l’OM. Je me refuse à diviser les sections. Nous sommes une seule famille. Nous sommes en passe de trouver des solutions intelligentes.
- Au gré des affaires, il reste un problème d'image : vu de l'extérieur, comprenez-vous notre regard critique.
P. D. : Je le conçois. Mais il y a une réalité. À l'extérieur du club, aux yeux de la majorité des Marseillais, de nos supporters, j'incarne la légitimité du club. Lorsque ça va, on m'oublie et je m'en accommode. Dès qu'un problème surgit, je n'hésite pas à monter en première ligne. Je suis comptable de tout ce qui ne va pas, même des choses dont au départ je ne suis pas le responsable, mais j'en assure la responsabilité.
Si on considère cet état, je me dois de me mettre dans une situation de minimum de confort pour ce qui relève des décisions, de l'élaboration de la politique générale. La zizanie que vous vous plaisez à souligner ne m'a pas empêché à continuer mon bonhomme de chemin, en m'appuyant sur des gens qui ont la fibre olympienne contrairement à d'autres. On a envie de travailler dans un contexte plus serein, plus loyal.
Quand on sait les blocages subis en interne, il est bon que la place soit nettoyée. Je ne suis pas là pour défendre une position personnelle. Je le redis avec force : si un départ de Pape Diouf permet au club de régler ce problème définitivement, je suis candidat à ce départ. [/info][/info]