La parole du Pape
Un vrai document. France Football, dans son édition de mardi, révèle le contenu du journal de bord tenu par Pape Diouf, le président délégué de l'Olympique de Marseille depuis janvier 2007. De ses coups de bluff en matière de transfert à l'incroyable imbroglio du vrai-faux rachat du club par Jack Kachkar, l'ancien agent de joueur ne cache rien et révèle le dessous de sept mois de présidence. Un vrai document qui recèle d'informations précieuses pour comprendre l'envers du décor marseillais.
"Il est question d'engager Eto'o, Cambiasso, Owen et Tevez. Devant la passion et l'engouement de José, on s'amuse beaucoup. Comme des gamins, en fait". Qui n'a pas espéré un jour, d'être dans la peau d'un président de club doté de moyens financiers illimités ? Avec l'arrivée de Jack Kachkar, alors annoncée imminente l'hiver dernier, Pape Diouf a cru un instant pouvoir composer l'équipe de ses rêves sportifs les plus fous. C'est l'un des nombreux secrets révélés dans les colonnes de France Football. Pour le bihebdomadaire, l'homme fort de l'OM a couché sur papiers ses vérités et analyses du moment.
L'art de la guerre
Ancien agent de joueur réputé intraitable, Pape Diouf est comme un poisson dans l'eau lors de la période des transferts. Il raconte ainsi, avec conviction, comment il a négocié pour les arrivées de Karim Ziani, Djibril Cissé ou encore Boudewijn Zenden. Bien sûr, il expose sa version de l'histoire. "Il (NDLR : Jean-Claude Plessis) me la joue avec sa gouaille habituelle : "Attentions vous n'êtes pas les seuls, il y a beaucoup d'autres clubs dessus ! "Il me reparle pas du tout de la prétendue approche illégale de José. Je lui précise juste : « S'il te plaît, Jean-Claude, ne me parle pas de tes 13 M pour Karim comme j'ai pu le lire dans la presse. Tu sais que tu ne les auras pas". Il me demande alors de lui faire une proposition, fixant un nouveau rendez-vous le lendemain à 9 heures. « Non, plutôt vers 11 heures !". Pas sûr que Jean-Claude Plessis, le président de Sochaux, apprécie la chose...
Idem pour le père de Boudewijn Zenden, qui sera heureux d'apprendre qu'il a été berné. "Pour accélérer, je tente un classique coup de bluff avec le père de Zenden. "Je dois donner une réponse dans deux jours à deux internationaux français, Wiltord et Giuly. Il faut absolument que l'on se parle avant" (...) Ça marche. Le père arrive à Marseille dès le lendemain... (...) On trouve un accord assez rapidement."
Cache-misère
Pape Diouf revient également sur le truculent épisode Jack Kachkar. Il se donne à l'évidence le beau rôle, explique notamment qu'il aurait fixé des conditions à l'homme d'affaire canadien dès leur première discussion. "Dans une collaboration future, sachez deux choses : d'abord, que je ne suis jamais joignable avant 11 heures (...). Ensuite, et plus sérieusement, souffrez qu'en toutes circonstances je vous dise ce que je pense, même si cela ne vous fait pas forcément plaisir".
Et le Sénégalais d'expliquer qu'il n'a jamais été vraiment dupe. "Je suis un peu gêné par le tour d'honneur au Vélodrome effectué par Jack Kachkar avant le match de la Coupe de France face à Lyon. La scène paraît un peu surréaliste, peut-être même déplacée", explique-t-il, dans une note en date du 31 janvier... Il lui attribue même la défaite à Toulouse : "La présence de Kachkar dans le vestiaire paraît distraire un peu tout le monde. A l'arrivée, on encaisse une sévère correction (3-0), qui a du mal à passer".
Des amis de deux ans
Pape Diouf, finalement n'épargne de ses sarcasmes sur le petit monde du football que deux personnes, José Anigo et surtout Robert Louis-Dreyfus, l'actionnaire principal du club et de fait son patron. S'il relate son désormais fameux coup de gueule dans les vestiaires du Stade de France, après la finale perdue en Coupe de France, c'est pour mieux lui attribuer un statut de gri-gri. "D'habitude si pudique et discret, cette fois (NDLR : lors de Saint-Etienne-Marseille), Robert ne quitte pas le vestiaire avant le match. Sans doute pour mieux sentir l'événement. Il discute avec Beye, Cissé... Il a un mot pour chacun, un regard sur tout".
Plus loin, il écrit également : "Signature du transfert de Franck. La conclusion d'une affaire rondement menée, sans l'intervention de RLD. Uli Hoeness l'avait bien appelé au début des négociations. Mais Robert lui avait répondu : "Pour ce dossier il faut voir avec le président !" La preuve qu'il ne souhaite pas du tout s'impliquer dans la gestion du club au quotidien. Sans cesser d'être un observateur passionné". Le président délégué sait donc manier la langue de bois et la brosse à reluire quand il faut.... Mais en acteur privilégié du petit cirque de ballon rond, ses remarques et observations ont une valeur inestimable.
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