Après plusieurs mois de négociations entre Benoît Payan, le maire (DVG) de Marseille, et le président de l'Olympique de Marseille, Pablo Longoria, la Ville a entériné vendredi en conseil municipal une nouvelle convention de mise à disposition du stade Vélodrome pour le club bleu et blanc.
Ce qui change
Entre le précédent contrat et celui voté vendredi 15 décembre en conseil municipal, plusieurs changements. Tout d'abord, le montant de la part fixe versée par l'Olympique de Marseille, qui augmente : elle passe de 6,5 à 8 millions d'euros (HT) par an. Soit le seuil minimal fixé par la Chambre régionale des comptes dans son rapport de 2019. "C'était le coeur de la renégociation", se félicite Benoît Payan, sur un dossier qu'il suivait déjà dans l'opposition : "Je suis plutôt content d'obtenir plus d'argent pour la Ville de Marseille. Ce n'est peut-être pas assez mais c'est déjà beaucoup mieux qu'avant."
Ensuite, la durée du bail : on passe d'une saison (2022/2023) à trois (2023 à 2026). Du côté de l'OM, on estime que cet allongement lui permet "d'envisager les trois prochaines saisons avec une plus grande visibilité" et une "stabilité accrue" pour ses "partenaires actuels et potentiels". À noter que la part fixe augmentera à partir de la saison 2024-2025 en fonction de l'inflation.
Jusqu'à 1,5 million par an de travaux déduits
Une clause du contrat permet toutefois à l'OM de réduire la facture si le club réalise des travaux "de nature à valoriser et améliorer" le stade Vélodrome. Jusqu'à 1,5 million d'euros de travaux par an seraient déduits des 8 millions de part fixe. "On reviendrait à 6,5 millions d'euros versés à la Ville. Un léger pas de côté par rapport à votre présentation", tacle Lionel Royer-Perreaut, conseiller municipal (Renaissance) d'opposition, en s'adressant au maire. À y regarder de plus près, un dégrèvement pour travaux d'un million d'euros était également prévu dans le précédent contrat à 6,5 millions d'euros par an, soit 5,5 millions versés au final à la municipalité. Mais il y a un autre changement : selon Benoît Payan, "désormais, les travaux ne pourront être engagés qu'à partir du moment où la Ville de Marseille donne son accord". Au club olympien, on est plus catégorique : "L'augmentation du loyer sera également synonyme de meilleures conditions d'accueil des supporters marseillais puisque 1,5 million d'euros sera désormais dédié chaque année à l'amélioration des infrastructures de l'Orange Vélodrome."
Part variable : "flou" ?
À quel moment la part variable sera-t-elle déclenchée ? La délibération votée vendredi comporte une incertitude dans sa rédaction, parlant d'une part de "revenu brut d'exploitation" et d'autre part de "chiffre d'affaires" de l'OM. Ce que n'ont pas manqué de remarquer Lionel Royer-Perreaut et Julien Ruas, conseiller municipal d'opposition (LR) pour qui c'est "flou". Renseignement pris auprès du grand argentier de la Ville, Joël Canicave (PS), "comme il est mentionné dans le contrat, le RBE est défini comme l'intégralité du chiffre d'affaires de la billetterie, des hospitalités et de la panneautique. On parle même de la même chose que dans le contrat précédent".
Concrètement, la part variable sera déclenchée à partir de 35 millions d'euros générés, contre 40 auparavant. Joël Canicave précise que "la trajectoire à mi-saison laisse imaginer, si on continue sur la même lancée, une part variable supérieure" pour cette saison 2023-2024. "Jusqu'à 9 millions d'euros" au total, a précisé Benoît Payan.
La Chambre régionale des comptes enquête
Le maire a annoncé que la Chambre régionale des comptes (CRC) Paca se penchait sur les relations financières entre la Ville de Marseille et l'OM : "J'ai été auditionné, tout comme l'ancien maire, notamment sur la convention de 2018." Cet accord, signé en grande pompe par Jean-Claude Gaudin, le propriétaire de l'OM Frank McCourt et le président de l'époque Jacques-Henri Eyraud, accordait au club olympien la gestion exclusive du stade Vélodrome. C'est-à-dire toute l'année, et pas seulement les jours de matchs. Aujourd'hui, Arema, le consortium qui a pris en charge les travaux de reconstruction du stade, n'est plus en première ligne. La Ville de Marseille continue tout de même de lui rembourser 12 millions d'euros par an jusqu'en 2045. Selon nos informations, les magistrats viennent de conclure la première phase de leur audit. Mais le rapport définitif ne sera pas rendu public avant plusieurs mois.
La Provence