par Dragan » 15 Nov 2022, 22:15
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Le système Saadé : comment la CMA CGM est devenue l'entreprise la plus profitable de France
Quel est le secret de la CMA CGM de Rodolphe Saadé pour gagner autant d'argent dans un métier vieux comme le monde, le transport maritime ? Surfer sur la demande post-Covid, payer le moins d'impôts possible et diversifier son activité... tout en entretenant d'excellentes relations avec l'Etat. Portrait.
Rodolphe Saadé est-il l'emblème des profiteurs de la crise ? Sa société familiale, le géant du transport maritime CMA CGM, est aujourd'hui le groupe le plus profitable de l'Hexagone, devant Total-Energies ou LVMH, avec 18 milliards de dollars de bénéfices en 2021 pour un chiffre d'affaires de 56 milliards de dollars. Et il devrait faire encore mieux cette année, au vu des 14 milliards de dollars de résultat engrangés au premier semestre. De quoi susciter la curiosité, mais le patron de 52 ans déteste l'exposition publique : il a refusé de nous recevoir.
Il a cependant dû s'expliquer devant les sénateurs en juillet dernier. Comment diable peut-on gagner autant d'argent avec un métier aussi classique ? Une simple question de goulets d'étranglement. « Dès février 2020, avant même les confinements, les échanges mondiaux ont fortement ralenti. Les capacités de transport se sont alors ajustées à la baisse », a-t-il souligné. Mais, surprise : après le grand blocage, la demande pour le « made in Asia » est repartie de plus belle dès l'hiver 2020. Fin 2021, début 2022, c'est même la congestion. Ports sous-dimensionnés, dockers en quarantaine, pénurie de main-d'oeuvre : les bateaux forment des files d'attente de vingt à trente jours devant les ports de Los Angeles et de Seattle. Et les tarifs de fret maritime s'envolent, multipliés par six en douze mois, de 2 000 à plus de 11 000 dollars par conteneur.
Tandis que la planète est à la peine, les armateurs touchent le jackpot ! Michel-Edouard Leclerc les accuse alors de nourrir l'inflation et d'attaquer le pouvoir d'achat des Français. N'exagérons rien, se défend le patron de CMA CGM devant les élus : « Le transport ne représente que 4 % du coût d'un produit manufacturé. » Surtout, la normalisation est à présent en cours : entre inflation et ralentissement économique, la demande a déjà baissé et le taux de fret moyen est revenu autour de 3 200 dollars. Les superprofits pourraient avoir disparu en 2023. De fait, il existe peu d'activités aussi volatiles que le transport maritime. Ses recettes font du yo-yo au gré d'une conjoncture imprévisible, tandis qu'il faut investir lourdement pour commander des navires. Des montagnes russes qui ont poussé l'industrie à se concentrer : alors qu'elle achemine plus de 80 % des marchandises du commerce mondial, elle est contrôlée aux deux tiers par cinq géants des mers, dont quatre groupes familiaux européens favorisés par des réglementations avantageuses.
Le Nouvel Observateur
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