Le conseil d’administration de Lille doit valider aujourd’hui l’option comptable retenue par Olivier Létang, le président, pour répondre aux exigences de la DNCG. Elle permettrait enfin au club nordiste de clarifier son avenir sportif, managérial et financier. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT
JOËL DOMENIGHETTI (avec ARNAUD HERMANT) LILLE – Placé en sursis après son audition devant la DNCG, le 31 mai, dans l’attente de « documents complémentaires », le LOSC attend le verdict du gendarme financier de la Ligue 1 cette semaine. Aujourd’hui, son conseil d’administration doit valider l’option comptable du président Olivier Létang et transmettre illico cette décision à l’instance de contrôle et de gestion.
Il y a encore quinze jours, deux visions s’opposaient. Létang était en désaccord avec ses deux actionnaires, Maarten Petermann et Alessandro Barnaba. Les patrons de Merlyn Partners, la société qui détient le LOSC, ne voulaient pas d’un résultat comptable bénéficiaire d’environ 60 M€ sur l’exercice 2021-2022, dû notamment au huitième de finale de Ligue des champions qui a généré 64 M€ de revenus. Ces bénéfices obligent le club à payer des impôts. Mais aussi à verser de l’intéressement/participation à ses salariés.
Les actionnaires préféraient, d’une part, réduire au maximum ce bénéfice sous le seuil de l’intéressement/participation, afin de ne pas avoir à le verser. Par exemple en avançant des achats (dépenses) de joueurs en juin ou en repoussant des ventes en juillet. D’autre part, avec le cash, ils voulaient continuer à rembourser Elliott pour s’affranchir le plus vite possible du fonds d’investissement américain, principal créancier du LOSC.
Les sommes versées par CVC en jeu
Mais la DNCG a été conforme à son courrier du 4 mars 2022. Dans cette missive, sous menace de rétrogradation, elle précisait à tous les clubs pro : « La commission demande au jour de l’audition du club (...), d’une part, (qu’il) présente les éléments permettant de justifier de capitaux propres positifs au 30 juin 2022 ou, à tout le moins, d’un renforcement significatif de (ses) capitaux propres par rapport à la situation au 30 juin 2021 en cas de détérioration de ceux-ci au cours des dernières saisons. D’autre part, (qu’il) présente un budget de trésorerie pour 2022-2023 sécurisé moyennant, le cas échéant, un préfinancement (par des garanties ou emprunts) afin d’éviter d’éventuelles difficultés en cours de saison. »
Or les fonds propres du LOSC sont négatifs d’environ 40 M€. En janvier 2021, Merlyn Partners avait précisé à l’instance qu’il les remettrait à zéro à l’été 2023. Il doit le faire dès à présent en convertissant de la dette en réserves, donc en repoussant temporairement les remboursements envisagés. Sous peine du non-versement des sommes attendues de la part de CVC, le fonds qui a versé 1,5 milliard d’euros au foot français en échange de 13 % des revenus de la LFP à compter de 2024. Lille attend un total de 80 M€, dont 16,5 M€ fin juillet sans conditions. Sans fonds propres positifs, il serait privé des deuxième (17,5 M€ en juin 2023) et troisième tranches (40 M€ en juin 2024). Le flou entretenu sur sa gouvernance et ses ambitions sportives sera en partie levé si la DNCG lui accorde un feu vert sans condition, à réception des documents attendus.
Avant que ce soit le cas, l’incertitude commence par la situation de son entraîneur. Le 23 mai au matin, Jocelyn Gourvennec a appris que l’entretien qu’il devait avoir avec Létang était reporté à une date jusqu’ici inconnue. L’après-midi, ses adjoints, dont Georges Maciel, en fin de contrat et contacté par le Stade de Reims, étaient reçus par Didier Roudet, directeur général adjoint, et Sylvain Armand, coordinateur sportif.
Des ventes de joueurs majeurs et une septième place budgétée
Le Finistérien en est toujours là aujourd’hui. Depuis quinze jours, les noms de ses remplaçants potentiels circulent. Il a pourtant pour appui Barnaba. Depuis le mois d’octobre, le dirigeant a mené un audit interne. Selon son analyse, Gourvennec s’est investi et il est bien perçu, notamment par les joueurs. Mais il est arrivé dans les bagages de Létang. À l’époque, Barnaba avait un autre candidat. À l’inverse, dans son rapport, le dirigeant de Merlyn Partners déplore les tensions et les pressions générées par le PDG du LOSC avec ses salariés. Son interventionnisme jusqu’au sein du vestiaire et le fait que les joueurs lillois d’expérience le rejettent. Mais aussi l’échec du transfert d’Hatem Ben Arfa. Et enfin sa proximité avec certains ultras, dont une trentaine s’est invitée pour rencontrer des joueurs au Domaine de Luchin le lendemain du troisième derby perdu face à Lens (1-2, 32e journée de L 1). La question du maintien de Létang s’est donc posée. Est-elle encore d’actualité ? Non, selon l’entourage de l’intéressé, mandataire social du LOSC et qui possède une clause parachute de plus de 2 M€. La divergence sur l’analyse comptable peut aussi être interprétée comme une invitation à une séparation.
Mais si le plan de Létang était bien retenu, il resterait en poste, avant une intersaison où le club nordiste, qui a budgété une 7e place en L 1, a l’intention de vendre plusieurs de ses joueurs majeurs, dont Renato Sanches et Sven Botman.
Je pense que si mes souvenirs sont bons nos capitaux propres sont exactement dans la même situation que le LOSC et depuis plusieurs mois je n'ai vu passer aucune opération de capital (= apports de McCourt) pour corriger cela. Donc à suivre jeudi si quelque chose s'est passé...