par Dragan » 26 Avr 2022, 14:59
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Le faux plafond salarial des mastodontes européens
L’UEFA entend assainir les finances des clubs européens en imposant un plafond salarial d’ici à 2025. L’idée d’une limite fixe est abandonnée au profit d’un relativisme qui favorise les gros clubs.
«Non, non, rien n’a changé, tout va continuer!» L’UEFA a beau imposer aux clubs un plafonnement des salaires d’ici à la saison 2024/2025, la pêche aux joueurs continue de se jouer - et se jouera toujours - à coups de dizaines de millions. La nouvelle règle sera introduite progressivement à partir du mois de juin.
Sur le papier, celle-ci est relativement simple: la charge du personnel (salaires) doit représenter moins de 70% des revenus du club. «Cela crée une sorte de «super league», explique Robert Wilson, professeur expert en sport business. «La règle des 70% va effectivement soutenir les clubs d’élite et essentiellement garder les plus petits clubs où ils sont.»
Pour voir les conséquences concrètes d’une telle règle, il faut se tourner vers l’Espagne. Javier Tebas, président de la Liga, avait fait de cette mesure son cheval de bataille pour assainir des clubs alors criblés de dettes. Le plafonnement des salaires, de la même hauteur que celle fixée par l’UEFA, est en vigueur depuis 2013.
Peu d’effet en Espagne
Ses répercussions? Il y a le FC Barcelone qui s’est, malgré tout, dangereusement approché de la faillite et qui a dû se séparer de Lionel Messi dans un épisode aussi larmoyant qu’étonnant. Il y a également les moyens toujours aussi colossaux du Real Madrid. La «Maison Blanche» se présente comme le même mastodonte qu’auparavant. Cela tombe bien, rien n’est de trop pour attirer des joueurs comme Haaland ou Mbappé.
Florentino Pérez, le président madrilène qui ne cache pas son envie de voir le Français enfiler le tricot blanc, a de quoi l’appâter. Il a libéré de la masse salariale en perdant Ramos et Varane. L’opération a dégagé du budget pour d’autres joueurs. Le club de la capitale a de la marge à ce niveau-là puisqu’il était autorisé par la ligue à dépenser 739 millions d’euros en personnel cette saison. Deuxième plus gros budget du pays? Ni Barcelone ni l’Atlético, mais bien le FC Séville avec ses 200 millions. Preuve s’il en faut que plafonner les salaires ne permet toujours pas aux autres clubs de régater financièrement. Mais est-ce seulement l’objectif? Une douzaine d’années auparavant, la moitié des clubs évoluant en Liga ou en Liga Adelante entamaient des procédures de faillite. Dans ce même laps de temps, trois équipes seulement ont décroché le titre en championnat: le Real, l’Atlético et le Barça.
Les compétitions européennes prennent aujourd’hui la même direction. Il y a des signes qui ne trompent pas, si bien que l’appellation du «fair-play financier» disparaît au profit de la «réglementation sur la viabilité financière». L’UEFA vise surtout à éviter les faillites en cascade. Les sanctions prévues portent sur les finances et sur le sportif. L’amende est proportionnelle au dépassement de la limite. Un club peut aussi être relégué de la Ligue des champions à la Ligue Europa. Le plafond fixe que souhaitait instaurer le président Aleksander Ceferin a laissé place à cette limite flexible. Qui profite aux géants du football.
Manchester City, le Paris Saint-Germain ou Chelsea - jusqu’au gel des avoirs de Roman Abramovitch - ont puisé leurs fonds dans des sources quasi illimitées. Sur le plan comptable, ces clubs ne posent pas de problème. Tout comme Liverpool ou Arsenal, qui évoluent déjà dans la limite des 70%. Ce sont les autres qui devront drastiquement réduire les dépenses. Ou alors injecter davantage de capital, puisque c’est ce que feront les clubs soutenus par les États. Pour atténuer la flambée des salaires exorbitants ou des indemnités de transfert, il faudra repasser.
Samba / Renan Lodi, Lacroix, Mbemba, Clauss / Lemar, Kondogbia, Guendouzi, Is. Sarr / Alexis, Aubameyang
Blanco / J. Firpo, Gigot, Seidu, R. Pereira / Harit, Soumaré, Ounahi, Mughe/ Ndiaye, Vitinha
Ventes : Touré, Balerdi, Lopez, Rongier, Veretout, Amavi, Lirola