par Laurent I » 13 Jan 2021, 22:09
Même si la crise sanitaire amplifie et accélère bien évidemment le phénomène (et le met en lumière par la même occasion), le vrai souci est que la L1 vit depuis longtemps très au-dessus de ses moyens :
- Le ratio masse salariale / C.A augmente de plus en plus chaque année (déjà dénoncé par la DNCG depuis un bail) en L1, alors qu'un phénomène bien plus vertueux est observé par exemple en Bundesliga.
- Le produit exceptionnel des ventes de joueur est de plus en plus intégré au business model des clubs de L1 (i.e sans plus-value de joueurs, pas d'équilibre financier) alors qu'il est par définition très très volatile.
- De plus en plus de clubs sont possédés par des fonds d'investissements qui par définition ne restent que rarement plus de 6-7 ans (en moyenne la durée de placement d'un fond) et n'ont pas vocation à investir et à renforcer le club via une vision à long terme, notion dont ils se tapent royalement. Encore pire, plusieurs clubs sont désormais acheté sous forme de LBO (dernier exemple en date, Lille), ce qui a pour effet de fragiliser encore un peu plus les clubs via une dépendance encore plus forte aux plus-value joueurs.
- Du fait de la dépendance aux plus-value (donc aux exportations), les clubs sont encore plus touchés par la santé financière des autres championnats (exemple : le Brexit qui va plomber plusieurs clubs français). Autrement dit, en plus d'être structurellement en danger chaque année (impact intérieur), les clubs de L1 doivent en plus subir violemment les impacts extérieurs.
Bref, tout ça pendait clairement au nez de la L1 depuis plusieurs années, de nombreux économistes du foot tiraient la sonnette d'alarme. Disons que c'est un peu analogue à la crise de l'Euro : oui, la crise a impacté tous les pays de la zone euro, mais ceux qui étaient déjà les plus mal en point avant la crise ont été de très loin les plus sévèrement touchés (Portugal et Grèce, qui avaient tout un tas de ratios catastrophiques)...