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Vertige. La salle des trophées du club madrilène donne la mesure de sa splendeur. Avec 9 Coupes des champions, 2 Coupes de l'UEFA, 3 Coupes intercontinentales, 31 titres nationaux, 17 Coupes du roi, le Real Madrid affiche un appétit pantagruélique. Avec ses 8 titres domestiques, ses dix Coupes de France et sa C1 conquise en 1993, l'OM est, en comparaison, relégué au rang de nain européen. La constellation de vedettes internationales qui ont fait chaviré Chamartin depuis les années 1950 renforce le déséquilibre patent. D'autant que le Real, en retrait depuis cinq ans, entend profiter de la finale européenne programmée dans le temple Bernabeu pour célébrer au printemps la décima devant ses 80 000 socios .
u❙transferts : 40 Meur contre 250 Meur
Malgré son activité sur le marché des transferts durant l'intersaison (40 Meur), l'OM ne boxe pas dans la même catégorie que son auguste adversaire. Pour un Lucho Gonzalez (18 Meur), le Real recrute deux Ballons d'or à des prix records - Cristiano Ronaldo (93 Meur) et Kaka (67 Meur) -, avec des salaires annuels estimés à 9 Meur chacun. En mettant sur la table 250 Meur pour se renforcer, avec aussi les arrivées de Benzema et de Xabi Alonso, le Real a fait exploser les jauges. Folie des grandeurs financée par des emprunts auprès des banques Caja Madrid (76,50 Meur) et Santander (73,40 Meur). De quoi gonfler la dette du Real, évaluée à 327 Meur par Florentino Pérez, mais estimée entre 600 et 800 Meur par certains économistes. Peu importe, le boss madrilène mise sur une hausse significative des recettes du club pour rentabiliser ses investissements en trois saisons : « J'ai payé Zidane 75 Meur en 2001 et ce fut le recrutement meilleur marché que j'aie jamais fait puisque les revenus du club ont été immédiatement multipliés par quatre . » Grâce à une stratégie de co-branding à la Disney, avec la cession par les vedettes du Real de la moitié de leurs droits d'image à leur employeur, un remplissage optimal de Bernabeu, dont les tarifs ont augmenté notamment en loges (+ 15 %), et la volonté du club de renégocier à la hausse tous ses partenariats commerciaux. Pour s'afficher sur la tunique merengue jusqu'en 2013, Bwin a porté sa contribution à 23 Meur par saison. Les principaux contrats de sponsoring de l'OM rapportent seulement 11 Meur par an.
u❙valorisation : 240 M$ contre 1,3 milliard de $
Le fossé existant entre Marseille et le Real Madrid est aussi mis en lumière par une enquête du magazine Forbes . Alors que la valorisation de l'OM, bien qu'en nette progression (+ 28 %), est estimée à 240 millions de dollars, celle du Real s'élève à 1,3 milliard. L'écart s'explique en partie par les actifs immobiliers du club madrilène (stade Santiago Bernabeu, centre d'entraînement et sept hectares de terrain dans le nord de la capitale espagnole), qui pourraient servir à rembourser la dette du club, comme ce fut le cas en 2000, si le business plan de Florentino Pérez ne tenait pas ses promesses. De son côté, le club phocéen envisage à l'horizon 2014 de rénover le stade Vélodrome, dont il n'est pas propriétaire, pour un coût estimé entre 130 et 160 Meur. Club le plus riche du monde au regard de ses revenus, le Real Madrid peut s'enorgueillir d'un chiffre d'affaires record (409 Meur) en 2008-2009. Le club madrilène dégage également régulièrement des bénéfices : 51 Meur en 2007-2008, 60 Meur en 2008-2009. Le budget prévisionnel marseillais pour la saison 2009-2010 prévoit, lui, un CA de 120 Meur, qui devrait lui permettre de rester dans le top 20 de la Money League européenne établie par Deloitte. Avec ce commentaire du cabinet lors de la dernière mouture de son étude : « La participation continue de l'OM à la Ligue des champions et sa capacité à contester à Lyon sa domination en France seront déterminantes pour poursuivre sa croissance . » Quand on sait que 23 Meur des recettes de l'OM sont liées à la Ligue des champions, le développement commercial de Marseille passe nécessairement par l'Europe.
u❙maillots vendus : 420 000 contre 1,5 millions
Alors que le Real Madrid revendique 246 millions de supporteurs dans le monde, la popularité de l'OM se cantonne essentiellement à l'Hexagone (13 millions de fans). Sur 420 000 maillots olympiens vendus en 2008-2009, 400 000 l'ont été en France. Loin des 1,5 million de maillots écoulés par le Real. Les produits dérivés ont néanmoins rapporté 8 Meur de marge brut, pour un CA de 48,20 Meur, à l'OM la saison dernière. Club français le plus populaire, Marseille s'évertue désormais à augmenter sa notoriété à l'étranger, à travers l'ouverture d'une boutique en Algérie et la commercialisation de ses droits TV à l'international par l'entremise d'OMTV. Parti à l'assaut de l'Asie avec le transfert de Beckham en 2003, Florentino Pérez milite désormais pour déplacer le coup d'envoi des rencontres de Liga en début d'après-midi afin que le Real soit diffusé en prime-time à l'autre bout du globe. Une manière d'élargir l'audience mondiale du club (800 millions de téléspectateurs par an) et de valoriser un peu plus les matchs amicaux du Real (2 Meur à l'unité lors des tournées), qui représentent déjà 15 % des recettes annuelles du club.
Cyrille Haddouche LIGUE DES CHAMPIONS. « Le rêve est de retour ». Le slogan de la campagne électorale de Florentino Pérez pour revenir en juin dernier à la présidence du Real Madrid, trois ans après sa surprenante abdication, contracte toute la munificence du personnage. Désigné par la Fifa « club du XX e siècle », le Real Madrid se prépare à vivre un nouveau « siècle d'or » depuis le retour à la tête de la Casa Blanca du puissant patron d'ACS, plus grand groupe espagnol de BTP. L'omnipotent magnat de la construction, dont la fortune est estimée à 1,8 milliard d'euros, n'hésite pas à échafauder des projets pharaoniques pour valoriser son « Rosebud ». S'inspirant des méthodes des grands studios hollywoodiens, le socio numéro 3998 veut conquérir le monde à coups de transferts mirobolants et de deals commerciaux ambitieux. Géant français, Marseille fait figure de « Petit Poucet » face à l'entreprise globale d' entertainment qu'est le club merengue . Question d'échelle. Ce qui n'empêchera pas les hommes de Didier Deschamps, qui, avec Monaco, avait sorti de la scène européenne les Galactiques première génération en 2004, de défendre crânement leurs chances ce soir dans l'arène de Santiago Bernabeu. Le forfait de Lassana Diarra, indispensable à l'équilibre de l'armada Real, pourrait les y aider.