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Pour ceux qui rêvent à Marseille d'une qualification en Ligue des champions, et c'est bien parti, il vaut mieux prévenir tout de suite : l'OM fera avec les moyens du bord pour recruter, fair-play financier oblige. Les contraintes et les menaces de l'UEFA sont sévères et inquiètent au sommet du club phocéen. C1 ou pas, l'enveloppe mercato du prochain budget olympien ne sera pas impactée la saison prochaine : les potentielles recettes liées à la plus prestigieuse des Coupes d'Europe, au minimum 40 à 45 millions d'euros, serviraient surtout à équilibrer les comptes voire commencer à rembourser l'actionnaire. Seule une participation régulière pendant plusieurs années pourra enclencher un cercle vertueux.
Les droits télé français vont exploser ? Là aussi, il est un peu trop tôt pour se réjouir. À partir de la saison prochaine, c'est-à-dire 2020-2021, Mediapro paiera 1,1 milliard d'euros pour diffuser la Ligue 1. Une somme énorme, mais dont les modalités de partage n'ont pas encore été définies par les clubs pro, qui trancheront vraisemblablement cette question avant la fin mars. Marseille ne devrait pas être mal loti à moyen terme, vu sa notoriété pour les diffuseurs, mais cela dépendra aussi peut-être, comme cette saison, de son classement en mai 2021. Ce qui est certain, c'est que l'OM, qui table cette saison sur environ 50 M€ de droits télé, touchera davantage.
Malgré ces perspectives financières encourageantes, la réalité est que le club est aujourd'hui dans le rouge. Au terme de la saison 2017-2018, la dernière figurant dans le bilan de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), l'OM accusait un déficit de 78,5 millions d'euros. Les pertes pour la saison dernière dépassent les 80 M€. Et le bilan le plus optimiste pour cette saison, hors vente avant fin juin, est un déficit d'exploitation d'une soixantaine de millions d'euros.
La politique de recrutement ne changera donc pas, d'autant que l'investissement de Frank McCourt flirte déjà avec les 300 M€, si l'on prend en compte le prix d'achat et l'épuration des dettes à son arrivée en 2016. Le propriétaire américain a serré la vis et n'est pas parti pour remettre au pot de sitôt sur le marché des transferts.
En fait, c'est simple, l'OM aura des contraintes identiques à l'intersaison dernière, même avec une éventuelle qualification en C 1 : réaliser une vente significative cet été, dès juin si possible. Celle de Lucas Ocampos, la saison dernière, pour 15 M€ dont seulement 10,5 M€ dans les poches de l'OM (la différence étant allée à Monaco), n'a pas permis d'influer sur les comptes ni même d'équilibrer la balance des transferts, légèrement déficitaire sur l'ensemble de l'été.
Jacques-Henri Eyraud et Andoni Zubizarreta devront faire mieux et tous les regards se portent évidemment sur Florian Thauvin, qui arrive à un an de la fin de son contrat, mais n'a toujours pas joué cette saison. Ou vers Morgan Sanson, pour lequel les dirigeants espèrent 30 M€ et qui avait convenu avec eux, au moment de sa prolongation, en décembre 2018, d'un départ à l'intersaison 2020. Mais tout le monde, sans exception, sera sur le marché et toutes les offres intéressantes seront étudiées.
Une qualification en Ligue des champions donnerait quand même un peu de marge pour gérer l'avenir des joueurs, dont la situation contractuelle semble la plus urgente. Outre Thauvin, six joueurs seront à un an de la fin de leur contrat en juin : Steve Mandanda, Maxime Lopez, Jordan Amavi, Valère Germain, Saîf-Eddine Khaoui et Kostas Mitroglou. Celui du Grec ne sera pas prolongé, évidemment, comme ceux d'autres Olympiens mentionnés dans cette liste, mais certains, vu leur âge et leur valeur potentielle à la revente, peuvent légitiment y penser.
Parallèlement, l'OM comptera sur son centre de formation et se renforcera bien sûr avec la même politique qu'à l'été 2019 : des profils entre 18 et 25 ans type Valentin Rongier et, si besoin, des joueurs plus expérimentés compatibles avec le contexte marseillais, comme Dario Benedetto ou Alvaro Gonzalez. Mais avec un oeil sur la masse salariale et le prix d'achat. Le temps où l'OM pouvait recruter Dimitri Payet ou Kevin Strootman pour des prix avoisinant les 30 M€ et des salaires pharaoniques, supérieurs à 500 000 € brut mensuels, est bel et bien révolu. Même avec la Ligue des champions, il n'y aura pas de folies.
L'equipe