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OM : les mots de la rigueur
Vincent Labrune détaille pour la première fois les tenants et aboutissants de la rigueur budgétaire qui définit depuis cette saison toute la stratégie de l'OM. Dans un grand entretien paru dans So Foot, il donne des chiffres et assure cependant que "tout n'est pas sacrifié sur l'autel des finances."
Jusqu'ici, c'était un climat qui gravitait autour du club, voire un procès que lui faisaient les impatients et les détracteurs. C'est désormais une certitude, exprimée et détaillée dans des termes très précis: l'OM est entré dans une phase de rigueur budgétaire stricte, et c'est en étant malin et économe qu'il tentera de concurrencer le PSG (et les autres) dans les années à venir. Même si l'OM possède encore la deuxième masse salariale de L1, "et de loin", comme l'observe Vincent Labrune dans un long entretien qui vient de paraître dans So Foot, celui-ci confirme qu'il a pris en direct la présidence du club pour veiller à ce que le patrimoine de Margarita Louis-Dreyfus ne parte à vau-l'eau dans l'univers irrationnel du foot-business et qu'il n'y aura pas d'autre ligne directrice à l'avenir. "Maragarita n'a pas vocation à mettre 25 millions tous les ans. Donc je deviens président et on arrête de dépenser l'argent que l'on n'a pas." Une non-qualification pour la Ligue des champions finirait de resserrer encore davantage la vis.
"Il faut qu'on arrête de surpayer les joueurs"
Sur le prochain marché des transferts comme sur les suivants, l'OM devra se serrer la ceinture. "Terminé les joueurs à 15, 20 millions d'euros" lâche le patron de l'OM. La stratégie du club ? "Stopper l'hémorragie, diminuer la masse salariale, et dans le même temps, garder une équipe compétitive." Une "équation compliquée" convient Labrune, qui "ne peut pas se faire du jour au lendemain" puisque l'OM est "hors marché aujourd'hui, en France, mais aussi en Europe" sur le plan des salaires distribués. "Il faut qu'on arrête de surpayer les joueurs : à l'OM depuis dix ans, on achète les joueurs au double de leur valeur et on les revend la moitié de leur prix. Cette saison, fini ! On a recruté sept joueurs pour 12 millions d'euros, ce qui ne s'était pas vu à l'OM depuis 2004." Sans regret : Amalfitano est "énorme", Morel "très bon", Diarra apporte "expérience et impact physique", énumère-t-il. Ne pas compter sur le club phocéen pour tenter ne serait-ce qu'un petit pari économique. Exemple-type sur le dernier mercato : "Nolan Roux ? Ça va pas non ? Nolan Roux, c'est 8 millions d'euros, (...) beaucoup pour un joueur qui a marqué seulement une dizaine de buts en Ligue 1."
Pour bien se faire comprendre, Labrune donne des chiffres. Il confirme que MLD a dû réinjecter 20 millions d'euros imprévus en début de saison pour simplement assurer le train de vie du club. Ceci explique aussi le renvoi précipité de Jean-Claude Dassier, un an avant la date prévue. "On ne pouvait plus se permettre d'avoir un club qui dépense de l'argent en dépit de toute rationalité économique. A l'époque, en gros, le directoire pouvait faire ce qu'il voulait. Or le conseil de surveillance avait été très clair : 'en année deux, on a 8 millions pour recruter Alou Diarra.' Bon au final, ils ont dépensé 45 millions, comme l'année précédente. Le club n'avait plus moyen de faire face à des engagements de ce type, que nous payons encore aujourd'hui. Si on n'avait pas repris la main, cela serait devenu très compliqué. (...) Investir 45 millions d'euros pour renforcer une équipe déjà compétitive qui venait de terminer deuxième du championnat avec 77 points... Un record." "On n'a pas tout sacrifié sur l'autel des finances", assure-t-il cependant avant de donner l'idée directrice des années à venir : être malin : "Le même joueur, à 15 millions, il n'est peut-être pas super. Mais à cinq, il peut être très bon".
Le PSG ? "Quand je regarde mon équipe et que je regarde la leur..."
Face à l'explosion des moyens et des ambitions du grand rival parisien, Vincent Labrune garde la tête froide. "En France, il y a un grand club, pas deux, et c'est l'OM", a titré So Foot pour ce grand entretien. Plus concrètement, le patron marseillais attend de voir qui aura raison sur la durée. "Le PSG a mis 100 millions dans les transferts cette année, c'est-à-dire dix fois plus que nous. Pourtant quand je regarde mon équipe et que je regarde la leur... Si on n'avait pas raté notre début de saison, il y aurait match avec le PSG. C'est la preuve par A+B que ce n'est pas une question de budget." Le PSG nouveau peut même être une chance pour l'OM, explique-t-il. "Cela peut nous ouvrir une opportunité sur le marché des très bons joueurs, français notamment, qui pourraient être tentés de choisir l'OM au détriment du PSG parce qu'ils auraient des garanties pour jouer qu'ils n'auraient pas à Paris."
A cette condition, et en s'appuyant encore davantage sur la formation, l'OM "pourra lutter" assure Vincent Labrune. En Ligue 1 au moins. "Reconquérir les sommets de l'Europe" peut faire partie des plans marseillais, conclut-il, mais pas avec Margarita Louis-Dreyfus aux manettes. La gardienne de la mémoire de RLD "est là pour assurer la pérennité du club, à court terme le maintenir à un certain standing, et à moyen et long terme trouver un actionnaire de référence (...) si toutefois elle devait partir un jour." Aux sceptiques, Labrune adresse une précision : "Elle assume. C'est une femme courageuse car elle n'est pas obligée. (...) On a de la chance."
Eurosport - C. R.