L'ANCIEN JOURNALISTE répond aux critiques et se situe dans une perspective de longue durée. Non, il n'est pas venu s'enrichir à Marseille. Oui, l'OM va se renforcer pour remporter le titre de champion en 2004-2005.
En limogeant Alain Perrin, vous ne semblez plus vous inscrire dans la durée, contrairement à ce que vous annonciez en arrivant à l'OM, le 19 avril 2002. Pourquoi ? Christophe Bouchet. Rien n'a changé. Même si c'est un exercice extrêmement frustrant, construire est la seule chose qui compte. Ces dernières années, le club était riche, mais personne n'en a profité pour bâtir et faire en sorte que l'OM fonctionne et gagne, quels que soient les hommes en place. Au lieu de ça, certains ont préféré faire les poches de Robert Louis-Dreyfus (NDLR : le propriétaire de l'OM). Quand je suis arrivé, j'ai trouvé des factures hallucinantes de voyages en jet privé ou de restaurants trois étoiles... La direction ne navigue-t-elle pas à vue, en ce moment ? Quand je suis arrivé à Marseille, j'ai dit qu'il fallait deux ans, jusqu'en juin 2004, pour avoir une visibilité. Après, on arrivera à s'appuyer sur du solide. Cette ligne est maintenue. Alain Perrin et moi, on s'est retrouvés en trop nette avance sur le tableau de marche. On a pu croire que les choses peuvent changer en profondeur en quelques jours, alors qu'il faut des mois et des années. Plus que tout, j'ai envie de démontrer qu'à Marseille on peut réussir en étant sérieux, solides et normaux, sans perdre le côté fou, latin et passionnel. Y arriver est primordial pour le football, l'OM et Marseille. Etes-vous venu faire de l'argent à Marseille ? Si c'était le cas, je m'y serais sacrément mal pris ! Mon entourage proche me connaît bien, l'argent n'est pas mon moteur. C'est important, quel fou furieux pourrait dire le contraire ? Moi, c'est la passion pour le ballon et pour ce club qui m'a conduit ici. Ce n'est pas seulement l'argent qui pousse le matin à partir plus tôt et à rentrer tard le soir. Vous agacez souvent, par un côté donneur de leçons... Je comprends aisément que ça agace. On se dit : « Qui est ce merdeux ? » Il faut faire attention à sa communication. Sur le fond, le football a besoin d'immenses réformes. C'est un maquis de règlements parfois obscurs, de petites combines où les anciennes amitiés sont plus importantes que l'intérêt du football. C'est terrible de voir des gens s'arroger le football en permanence. Ce côté donneur de leçons est extrêmement coûteux. Les gens préfèrent vraisemblablement le passé du football français, avec toute l'ombre qui planait...
« Cette volonté de destruction relève de la frustration et de la bêtise »
Comment expliquez-vous les attaques régulières dont vous êtes l'objet ? L'OM est un lieu de pouvoir très fort et, comme c'est du football, il paraît très accessible à tout le monde. On en profite pour placer quelques banderilles. Ce n'est pas très grave, c'est la règle du jeu. Cette volonté de destruction relève de la frustration et de la bêtise. Il y a encore quelques personnes qui fouillent les poubelles et croient y découvrir des trésors, cela ne durera qu'un temps. Vous sentez-vous menacé ? A Marseille, comme nulle part ailleurs, le football est sous pression. Il faut être sérieusement inconséquent, ou vivre dans un autre monde, pour penser qu'on ne peut pas « sauter » d'une heure à l'autre. Avez-vous envie de renoncer ? Au contraire ! Nous sommes sur la bonne voie. On a les fondations d'une bonne équipe, qu'on rendra très bonne l'année prochaine, avec deux ou trois retouches de très grande qualité. Renoncer, après tant de travail et de nettoyage, serait bête. En même temps, les forces obscures et les vents contraires sont parfois durs à traverser, cela tanne le cuir, cela permet aussi d'être fort. Vous espérez deux ou trois renforts haut de gamme, mais pour quelle ambition la saison prochaine ? Si les petits cochons ne nous mangent pas, on jouera ouvertement le titre. La première année, on avait une équipe moyenne. Aujourd'hui, elle est jeune. Il nous manque un peu de quantité, d'expérience et de vie commune. On n'a pas cessé de répéter qu'on n'avait pas la qualité d'effectif de Monaco ou Lyon. La saison prochaine, on doit être cette équipe qui, avec Lyon ou d'autres, sera vraiment concurrentielle et disputera le titre.
<de toute facon c'est ce qu'il a toujours dit