par Thorgal » 18 Jan 2007, 12:31
Itw Diouf L'Equipe
«La fin d’une époque»
PAPE DIOUF, le président de l’OM, raconte sa première rencontre avec Jack Kachkar.
La Coupe d’Europe trône à
quelques centimètres de son
bureau, pas bien loin de deux
photos de ses enfants. Près de
lui, sur un chevalet, le calendrier
de la saison 2006-2007. En ce
début de soirée, Pape Diouf
s’affaire au téléphone. Il a passé
sa journée en rendez-vous, à
expliquer les premiers souhaits
de Jack Kachkar, le probable
futur propriétaire de l’OM, à rencontrer
les cadres du club, son
comité d’entreprise, certains
supporters… Mardi soir, le président
de l’OM a discuté avec lui
pendantuneheureet quart,dans
l’avion de l’homme d’affaires
canadien stationné sur le tarmac
de l’aéroport de Marseille. Diouf
racontecette entrevueet dessine
les contours du futur OM.
MARSEILLE –
de notre envoyé spécial
« COMMENT s’est déroulée
cette première rencontre ?
– Dans la plus parfaite courtoisie.
D’entrée, il m’a manifesté une
grande estime. Après avoir rencontré
M. Gaudin, le maire de Marseille,
en présence de Robert Louis-Dreyfus,
il pensait que j’étais la personne
à voir immédiatement. C’est pourquoi
il a devancé l’appel et pris son
avion pour venir me parler.
– Quelle est votre première
image du personnage ?
– Il m’a fait une bonne impression. Il
a manifesté un réel intérêt pour ma
fonction. Globalement, nous avons
parlé d’idées générales. Nous approfondirons
les différents sujets dans
les prochains jours. Je lui ai dit deux
choses d’entrée. Premièrement, il ne
faut pas m’appeler avant 11 heures
car je ne suis pas lève-tôt mais s’il
veut le faire entre deux ou trois
heures du matin, il n’y a aucun problème
! Ensuite, j’ai ajouté que je ne
lui dirais pas des choses pour lui faire
plaisir mais en fonction de ce que je
ressens.
– Avait-il une idée précise de
l’OM ?
– Oui parce qu’il connaissait déjà la
Provence. Il a une idée de l’enthousiasme
que génère le foot ici. Il était à
la recherche d’un club etMarseille lui
semblait le terrain le plus favorable.
Il a la quasi-certitude que c’est à
Marseille qu’il peut vraiment monter
le grand club dont il rêve. Son objectif,
c’est de voir l’OM jouer sa partition
dans le concert international.
« Il m’a laissé
entendre qu’il viendra avec
des investisseurs »– Vous a-t-il semblé qu’il
connaissait le football ?
– En tout cas, il m’a montré une vraie
passion pour le football. Il connaissait
les joueurs, il m’en a cité certains.
Il amême donné son avis sur le
jeu produit. On sent le gars qui
s’enthousiasme.
– Que pense-t-il de l’équipe
actuelle ?
– Il pense qu’il manque deux ou trois
éléments. Une équipe comme l’OM
doit compter de grands joueurs dans
ses rangs. Mais il trouve que ses
atouts sont nombreux. En tout cas, je
l’ai senti étonnamment plus enclin à
parler du football, des hommes et du
jeu que de business pur et dur, même
si, au détour d’une conversation, il
m’a laissé entendre qu’il viendra à
l’OM accompagné d’investisseurs
solides.
– Vous a-t-il donné des noms ?
– Non, nous n’avons pas eu le temps
d’évoquer tout ça. Il m’a surtout donné
des assurances. Il souhaite que
l’équipe dirigeante actuelle et le personnel
continuent leur travail. Il a été
très clair et a demandé que je me
maintienne àmon poste actuel. Et ce
n’est pas rien.
– On imagine mal voir un tel
investisseur débarquer ici sans
modifier la structure. Le
croyez-vous sur parole ?
– Il n’a pas caché qu’il aura un
homme qui servira de relais entre le
club et lui-même. Je n’ai pas d’a priori
ou de préjugés sur les gens. Je suis
plutôt vigilant, fort de l’indépendance
d’esprit qui me caractérise.
J’ai la liberté de décider si je veux rester
ou partir. Mais aujourd’hui, il n’y
a pas de raison de ne pas apporter de
crédit aux propos de Kachkar.
– Avez-vous des assurances
pour l’année prochaine ?
– Je n’ai pas besoin de cela. D’après
les renseignements qu’il a pris me
concernant, je suis l’homme de la
situation. Il est venu pour conduire
une affaire qui soit rentable financièrement
et sportivement. Je ne vois
pas pourquoi il changerait les choses
si notre relation répondait à son
attente.
« Le président,
c’est moi »
– Ne veut-il pas être président ?
– Non, je ne le pense pas. Le président,
c’est moi.
– Qu’en est-il de l’avenir de
José Anigo et d’Albert Emon ?
– Je ne me pose pas la question. Je
suis avec eux. Nous formons une
équipe qui a globalement réussi
dans son entreprise. Il n’y a aucune
raison qu’il y ait un changement à ce
niveau-là.
– Et la rumeur Eriksson ?
– Il m’a assuré qu’il a eu une rencontre
informelle avec lui comme il
en a eu avec d’autres. Il n’a jamais
été question de venir avec un Eriksson
qui se comporterait en pacha. Et
puis à unmoment, il ne faut pas toujours
voir le problème d’un seul côté.
Ce n’est pas simplement : est-ce qu’il
va nous garder ? Il est essentiel de se
demander : a-t-on aussi envie de rester
? Cette question a autant de
valeur. Nous ne devons pas être les
seuls à nous interroger. Lui aussi.
Pour ma part, il m’a donné des
garanties, il m’a manifesté une
considération professionnelle, donc
je n’aurai pas de problèmes à poursuivre
ma tâche. On verra ensuite.
– Vient-il avec des gens ?
– On peut le considérer. Il est parfaitement
logique et légitime qu’il
puisse compter sur un homme dans
l’équipe dirigeante, commeje l’ai dit.
– Compte-t-il vivre ici ?
– Je ne pense pas. Mais j’ai senti un
homme concerné, ambitieux, qui
n’est pas venu pour faire de la figuration
mais donner un élan au club.
Pour que l’OM puisse durablement
s’inscrire dans une dynamique de
victoires.
– A-t-il fait référence à un
match de l’OM ?
– Non, pas vraiment. Enfin, il s’est
déjà inquiété de savoir si des garçons
comme Cissé ou Ribéry pourraient
rester. Je lui ai dit que ce serait très
souhaitable. Il en va de notre deuxième
partie de saison et de la suite.
Ce sont des garçons qui sont attachés
au club et qui sont ambitieux.
Comme les autres.
– Vous avez rencontré les supporters,
hier. Avez-vous évoqué
leur rôle avec Kachkar ?
– On en a parlé. Car c’est une entité
qui fait partie intégrante du club. Je
lui ai dit qu’il avait la chance de
compter sur des associations plutôt
disciplinées avec lesquelles nous
avons réussi à instaurer un dialogue
constructif. Il serait bien pour nous,
même avec un changement de propriétaire,
de continuer dans cette
voie. L’OM n’a jamais été grand sans
ses supporters. Ils sont peut-être turbulents
mais ils ont une capacité à
analyser correctement.
– Vous a-t-il demandé un
conseil ?
–Il compte plutôt, de manière totale,
sur ma connaissance du club, de la