une interview de Dubiton qui montre encore l'incompétence de ce cher RLD
Les bons comptes de Pierre Dubiton
Pendant des années, Pierre Dubiton a été le grand argentier de l’Olympique de Marseille. De ce fait, il s’est retrouvé au cœur de l’enquête sur les « comptes de l’OM » qui a nécessité cinq ans d’instruction et sept ans de procédure. Cet amoureux de la Calédonie, qu’il visite régulièrement depuis 1982, revient sur le chemin parcouru avec le club de son cœur. Un chemin qui n’a pas toujours été pavé de bonnes intentions. Ne maniant pas la langue de bois, Pierre Dubiton règle ses comptes. Morceaux choisis.
Avec l’OM, vous avez parcouru un long chemin...
J’ai été dirigeant la première fois de mars 1977 à fin novembre 1979. La deuxième fois, en tant que juge-enquêteur désigné par le tribunal en ma qualité d’expert-comptable et de juge au tribunal de commerce, quand l’OM de Bernard Tapie a été en dépôt de bilan. Après le départ de Tapie, quand la ville de Marseille a racheté l’OM, le maire, Jean-Claude Gaudin, a fait appel à moi...
Pour tenir quel rôle ?
Toujours pour m’occuper des finances de l’OM. On m’avait proposé la place de président mais j’ai refusé car je ne voulais pas l’être et je ne le serai jamais. Puis, en décembre 1996, la ville a vendu à Robert Louis-Dreyfus le club qui allait devenir une SEM (société d’économie mixte), qui s’est transformée ensuite en société anonyme. J’y suis resté jusqu’au mois de septembre suivant. C’est alors que j’ai vu certaines choses arriver...
Quelles choses ?
Ce pourquoi MM. Dreyfus, Courbis et d’autres ont été envoyés en correctionnel et condamnés. Je n’ai pas voulu cautionner et je suis parti normalement. Je suis revenu au club une troisième fois, quand il était en très mauvaise posture sportivement car on n’était pas loin de la zone de relégation. Dès lors, M. Dreyfus n’avait plus d’autre solution que de rappeler Tapie qui est devenu directeur sportif. On m’a mis de nouveau aux finances pour être, un peu, le contrepoids de M. Tapie. Je ne suis resté que cinq mois.
Votre départ s’est fait dans des conditions difficiles. N’êtes-vous pas amer ?
Amer, non. Très déçu, certainement. À l’OM, je n’ai jamais été salarié. On m’a payé 70 000 euros (8,4 millions CFP) lors de mon dernier passage, quinze mois après mon départ. Et ce n’est pas moi qui ai touché le chèque mais mon cabinet d’expert-comptable dont j’étais le salarié alors que je consacrais beaucoup de mon temps à l’OM.
Ce n’était pas le cas de tout le monde...
L’ancien président, Christophe Bouchet, a pris 600 000 euros (72 millions CFP) pour son licenciement plus une indemnité de départ de 3 millions d’euros (360 millions CFP). Il y a aussi l’exemple d’Etienne Ceccaldi qui n’est resté que neuf mois à l’OM. Il était payé 165 000 francs par mois (3 millions CFP), sans compter le logement et la voiture de fonction. Pour partir, on lui a donné 3,8 millions de francs (environ 69 millions CFP). Quand j’entends dire qu’on vient à l’OM relever un challenge, ça me fait rigoler. Relever un challenge peut-être, sans oublier, au moment du départ, de prendre beaucoup dans une grosse enveloppe.
Étienne Ceccaldi avec qui vous avez eu maille à partir...
Il m’a filé une droite et je lui ai répondu en lui cassant le nez. Le tribunal a jugé qu’il y a eu échange de coups réciproques. Nous avions été tous deux amnistiés parce que M. Chirac venait d’être réélu. Je fais remarquer, entre parenthèses, que j’ai été embêté quatre fois et que j’ai toujours gagné.
Vous aimez bien ce club, pourtant vous n’êtes pas né à Marseille.
Non, je suis né de l’autre côté de la Méditerranée. Mais j’ai toujours été supporter de l’OM. Pour suivre l’équipe, j’ai fait de longs déplacements en car. Parfois 24 heures à l’aller et autant au retour. À cette époque, les jeunes n’étaient pas encore des casseurs. Des fois, on se disputait avec les supporters adverses, mais ça n’allait pas plus loin. J’ai été ainsi à Hanovre, au Luxembourg ou à Amsterdam en partant de Marseille en bus. Je sais donc ce qu’est d’être supporter. Je ne suis pas arrivé tout de suite dirigeant ou président. Moi, j’ai fait mes classes.
Que pense le supporter que vous êtes resté de la situation actuelle de l’OM ?
C’est une équipe relativement moyenne. Je vais cependant modérer mon propos avec l’arrivée de Djibril Cissé et le retour de Frank Ribéry. Mais je reste persuadé que cette équipe est moyenne. Devant, il y a Lyon qui se promène. Derrière, il y a sept-huit équipes - avec Paris et Monaco qui méritent mieux que leur classement actuel - qui se battent pour les places qualificatives au championnat d’Europe. Je crois, une fois de plus, qu’on ne sera pas européens.
Vous êtes bien pessimiste...
Je pense que M. Dreyfus est fait pour diriger l’OM comme vous et moi sommes faits pour être archevêques ! Il n’a pas de caractère. C’est un faible et il ne sait pas mener les hommes. Au contraire de Tapie, et Dieu sait si je ne suis pas copain avec lui. On ne peut pas diriger un grand club de football si on ne sait pas mener les hommes. C’est la première chose...
Et la deuxième ?
Je pense qu’il est un véritable chat noir pour le club. Je vais donner trois exemples. Dimanche soir à Paris, il y a eu le tirage au sort des 16es de finale de la Coupe de France. Devinez sur qui l’OM est tombé. Sur un club de L1, Le Mans, chez qui on doit se déplacer alors qu’on aurait pu prendre un adversaire beaucoup plus faible et jouer au stade Vélodrome. Deuxième exemple, la finale de la Coupe 2005-2006. Avant le match, personne n’aurait osé parier un kopeck sur un but marqué des 30 mètres à Barthez par Dhorasso. Pourtant il l’a fait et le PSG a gagné. Troisièmement, Cissé se casse la jambe alors qu’il venait de signer à l’OM. Si M. Dreyfus reste dix années supplémentaires, cela fera vingt ans qu’on n’aura rien gagné.
Vous oubliez la Coupe Intertoto 2005.
Vous voulez parler de la Coupe à Toto comme je l’appelle. Je ne savais même pas que ça existait. Je croyais que l’Intertoto était une épreuve qui permettait de se qualifier pour la Coupe de l’UEFA, mais j’ignorais qu’elle donnait lieu à une finale et à l’attribution d’un trophée.
Quelle est la somme que Robert Louis-Dreyfus a investie dans l’OM ?
Plus de 180 millions d’euros (21,6 milliards CFP) depuis son arrivée en 1997...
C’est une somme colossale et, malgré tout, vous souhaitez son départ.
Il doit partir car il n’a pas le choix. D’abord, il a une lourde condamnation, même si elle est assortie du sursis. C’est du même calibre que Tapie. L’un met de l’argent, l’autre en prend. Sauf que l’un est un trouillard et l’autre un chef. L’un n’a encore rien gagné alors que l’autre a remporté des titres dont un de champion d’Europe. Je suis persuadé que, tant que Robert Louis-Dreyfus restera là, on ne gagnera rien. Il partira. Il est dans une telle situation d’échec que c’est la seule voie possible. C’est ce que je souhaite à mon club et à ma ville.
Qui est capable de prendre sa succession ?
Une grande entreprise française. C’est mon vœu le plus cher en ce début d’année. Mais, est-ce que des gens de ce niveau veulent investir dans un club de football ? Je ne sais pas. L’OM est un club difficile à mener. Il faut avoir de la chance. Il faut avoir le nez creux pour les joueurs. Moi, j’ai vu de grands joueurs ne jamais réussir à l’OM. Il y a aussi le poids énorme des supporters. Et quand je dis que les supporters pèsent parfois trop, je sais ce que cela veut dire pour certains.
Seriez-vous inquiet si un grand groupe étranger, genre milliardaire russe ou potentat du pétrole, venait à racheter l’OM ?
Non. Car s’il met des sous ou effectue des montages financiers pour faire venir des joueurs, ça ne me dérange pas. En tout cas, ça ne heurte pas ma morale.
Si on faisait appel à vous pour être, de nouveau, le directeur financier de l’OM, reviendriez-vous ?
Jamais. Même si on me donnait 200 000 euros (24 millions CFP) par mois, je ne viendrais pas. Tout ce que je pourrais faire, c’est d’être le conseiller et l’expert-comptable du dossier. Plus jamais je ne signerai des contrats et ne prendrai l’initiative de faire des chèques ou des virements. Par contre, je resterai éternellement un amoureux de l’OM.
Vous appréciez aussi beaucoup la Nouvelle-Calédonie puisque vous y revenez régulièrement depuis 1982.
Nouméa a beaucoup grandi et est devenue une ville moderne. La Nouvelle-Calédonie est un beau pays où il fait bon vivre. Toute ma vie est à Marseille. Mais je me dirige tout doucement vers la retraite, peut-être alors que je ferai des passages un peu plus fréquents et plus longs ici.
http://www.info.lnc.nc/sports/20070110. ... .html?0227