Tapie qualifie d'"imbéciles" devant un tribunal les accusations de dopage contre l'OM
mar 12 déc, 20h47
PARIS (AFP) - Bernard Tapie, ex-président de l'OM qui poursuivait mardi à Paris en diffamation son ancien joueur, Jean-Jacques Eydelie, pour ses propos évoquant une pratique de dopage lors de la finale de la Ligue des champions 1993, a qualifié ce scénario de "complètement imbécile".
"Il faut être complètement imbécile pour croire que l'on peut faire ça", a déclaré M. Tapie devant la 17e chambre du tribunal correctionnel, présidée par Nicolas Bonnal, qui rendra son jugement dans ce dossier le 30 janvier.
Dans un entretien à l'Equipe magazine paru le 21 janvier 2006 et repris le lendemain dans le quotidien sportif, M. Eydelie, l'un des personnages phares de l'affaire OM-VA, avait notamment évoqué une séance de dopage généralisé de l'équipe marseillaise avant la finale de la Ligue des champions 1993, remportée par l'OM, seul club français détenteur de ce trophée.
M. Eydelie était poursuivi en diffamation aux côtés de plusieurs journalistes du quotidien et du magazine.
Pour l'ex-homme d'affaires, se doper était un risque que les joueurs "ne pouvaient absolument pas prendre". "Ils n'auraient jamais hypothéqué leur carrière pour gagner un seul match, quand bien même une finale, c'est une ineptie totale", a expliqué M. Tapie devant le tribunal.
Selon ce dernier, "cette affaire n'a été faite que pour enrichir Eydelie et pour que l'Equipe instille le doute à l'UEFA sur l'honnêteté de la finale et la qualité du vainqueur de 1993".
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D'après les estimations avancées tant par la défense de M. Eydelie que par M. Tapie, l'ex-joueur a touché 20.000 euros d'à-valoir sur le livre intitulé "Je ne joue plus" qu'il préparait au moment de la publication de l'entretien dans l'Equipe.
Pour ce livre, M. Eydelie sera de nouveau poursuivi par M. Tapie devant la même juridiction, la semaine prochaine.
M. Eydelie a maintenu sa version des faits devant le tribunal, insistant sur le fait que la séance de piqûres avait été "orchestrée par Bernard Tapie".
"C'était 10 mn-1/4 d'heure avant de partir pour l'échauffement, lors de la préparation d'avant-match", a-t-il raconté, ajoutant "avoir la conviction" que le produit injecté était un dopant.
"Je suis très fier d'être champion d'Europe mais j'ai fait le choix de la raison et de la vérité plutôt que de continuer à mentir, c'était un devoir par rapport à moi et à ma famille", a expliqué Jean-Jacques Eydelie.
Au fil de sa déposition devant le tribunal, ce dernier a évoqué d'autres épisodes troublants des moeurs du football français des années 1990.
Il a d'abord confirmé avoir assisté à ce qu'il a décrit comme une tentative d'empoisonnement de l'équipe du CSKA Moscou au cours de la Ligue des champions.
Il a par ailleurs raconté avoir été contacté -alors qu'il évoluait encore à Nantes et s'apprêtait à rejoindre l'OM- par le capitaine phocéen de l'époque, Didier Deschamps, pour "lever le pied" lors d'un match de championnat entre les deux équipes.
Le représentant du parquet, Alexandre Aubert, a requis la condamnation de M. Eydelie pour les propos publiés dans l'Equipe magazine. Quant aux articles diffusés par le quotidien l'Equipe, il a considéré que les journalistes pouvaient bénéficier de l'excuse de bonne foi et donc être relaxés.
L'avocate de M. Eydelie, Me Virginie Lappe, a plaidé la relaxe pour son client qui, selon elle, "est dans son discours un honnête homme qui se contente de raconter ce qu'il a vécu".
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