Ancien journaliste au Nouvel Observateur,
le Cévenol de 44 ans a été président de l'OM d'avril 2002 à novembre 2004
Existe-t-il une vie après l'OM ?
Oui, heureusement mais elle est différente, plus agréable même.
Par moment, l'adrénaline, le travail en équipe, la création me manquent. Néanmoins la pression, consécutive à certains comportements du genre humain, m'était devenue insupportable.
Quel regard portez-vous sur le club marseillais ?
L'OM est un miroir déformant sur la vie. La médiatisation rend tout excessif : les joies, les peines, les trahisons. C'est un peu comme si l'on se retrouvait nu dans une maison de verre.
Les comportements changent forcément, tout devient compliqué. Etre observé, critiqué par la communauté OM, c'est être devant une attente folle, irrationnelle, voire ultra-religieuse. Les gens perdent leurs repères et le phénomène devient extravagant. Heureusement, le plaisir de la notoriété, la reconnaissance restent présents. Ce serait débile et malhonnête de prétendre le contraire.
Pourquoi, au juste, êtes-vous parti ?
Globalement, la mairie, les supporters, les dirigeants, tous ont des arguments contraires à un progrès. En France, le mal n'est pas que marseillais.
Et la mode Lyon connaîtra aussi la fin le jour où Jean-Michel Aulas lâchera les rênes. C'est un cycle infernal, comme Reims, Saint-Etienne, Bordeaux...
Pensez-vous que Robert Louis- Dreyfus veuille vendre l'OM ?
"RLD" est lassé. S'il trouve un repreneur, il va vendre l'OM. Ce club ne l'amuse plus. Mais est-ce vraiment un club ?
Pouvez-vous développer ?
Avec mon entourage, j'ai été un bâtisseur avec l'acquisition et la création du centre d'entraînement de la Commanderie. J'aurais souhaité développer mon travail dans ce sens avec la modernisation, la restructuration du Stade Vélodrome.
Il ne faut pas oublier non plus que l'on est passé d'un déficit de 40 millions d'euros par an, à un bénéfice de 13 millions lors de notre deuxième exercice (droits télé, contrat avec Adidas). L'économique est une notion qui prime dans le foot moderne. Bref, j'ai voulu dessiner un club alors que Marseille ne rêvait que d'une équipe. Le mal est profond, il date de l'époque Tapie qui a joué sur cette corde et cette sensibilité là. J'ai eu le défaut d'avoir de l'ambition et des projets à long terme. Or toutes les grandes équipes sont nées d'un grand club.
Ne pas être marseillais vous a-t-il désservi ?
Face à des gens qui défendaient une « Marseillitude », assurément. Mais qu'elle est la véritable force de Marseille si ce n'est sa mixité ? Louis-Dreyfus, Diouf, Ribéry, la réalité est là : un milliardaire né dans les beaux quartiers à Paris, un enfant des favelas de Dakar, un gamin du Pas-de-Calais.
Marseille vit-elle toujours dans la nostalgie de Bernard Tapie ?
Oui, la ville vit dans le culte de ce passé même si tout a évolué. La loi Bosman a tout bouleversé. Dans l'organisation le foot français est à la remorque de l'Italie, de l'Espagne, de l'Angleterre, de l'Allemagne et même de l'Ukraine. Chez nous, les clubs sont en danger.
Aimeriez-vous reprendre un club ?
En tant que Gardois, j'ai une attirance naturelle pour le Nîmes-Olympique de mon ami Gazeau. Mais ce club peut être aussi explosif que l'OM...
Le titre m'a fait bondir mais , Bouchet ne dit pas que des conneries dans cette ITW ...
Certes, il omet de parler ses propres dérapages et erreurs, mais la deliquescence actuelle d'un club à l'agonie va un peu dans le sens de ses propos ...
Qu'en pensez vous ?
L'OM est il toujours un club ou simplement une équipe de football ( comme il en existe tant d'autres en France) ?