Patrick Bittan, formateur en sports de combat au GIGN, a raconté à l'AFP qu'une centaine de supporteurs du PSG attendaient à la fin du match pour agresser des juifs.
«Une ligne sur la gauche de dix gars, une ligne sur la droite de dix gars, trois lignes sur le côté, un groupe en face, et on devait slalomer entre les groupes. Quand on passait entre les lignes, ils demandaient ou ils disaient le mot "juif" afin de provoquer une réaction. Ils regardaient dans les sacs, ils regardaient si on n'avait pas un drapeau, qui on était, si on avait un signe qui nous distinguait, et là ça partait. Ça s'est passé je ne sais pas combien de fois. On en a vu deux, trois, se faire taper vraiment.» (AFP)
Un ultra raconte : «A la sortie, tout le monde a pété les plombs, du hooligan notoire au supporteur de base, et a voulu aller vers le siège du club, se faire les joueurs, vandaliser, taper les supporteurs visiteurs. Pas pour ratonner du feuj. Mais c'est vrai qu'il y a un vieux fond chez certains supporteurs, à la fois à cause de l'extrême droite et de la cause palestinienne...»
Ces dernières saisons, les supporteurs tendance BBB (Blacks-Blancs-Beurs) d'Auteuil et ceux, plutôt BBR (Bleu-Blanc-Rouge) de Boulogne s'étaient violemment affrontés, entre racisme et lutte pour la suprématie au Parc des Princes. Jeudi soir, ils se sont retrouvés, dans le secteur de la porte d'Auteuil, repoussés par les charges policières. «A la sortie, il y avait une ambiance de chasse au faciès, de chasse aux juifs et aux Israéliens. Partout des petits groupes qui disaient : "Ils sont où les juifs ?" Ça dépassait l'envie de se faire l'adversaire.»
Jeudi soir, à l'extérieur du stade, vers la station de métro Porte-de-Saint-Cloud, «un groupe de supporteurs excités du PSG de la tribune Boulogne s'en prennent à un supporteur de Tel-Aviv qui a un drapeau aux couleurs israéliennes et le traitent de "sale juif"». Yanniv Hazout, 23 ans, de confession juive, «demande l'aide de l'agent en civil», qui lui «prête assistance, comme il se doit», selon la préfecture de police de Paris.
Selon un enquêteur, «les insultes et l'agression se reportent alors sur le policier antillais traité de "sale Nègre" et visé par des saluts nazis». Cerné par «150 supporteurs du PSG» qui scandent «Bleu-Blanc-Rouge, la France aux Français!», il court avec son protégé vers le McDonald's de l'autre côté de la place, mais n'a pas le temps d'y entrer, «pris à partie» devant le dépôt de la RATP. A 50 mètres de là, Philippe Broussard «constate un mouvement de foule, comme si le "fugitif" était rattrapé par ses agresseurs. Plusieurs personnes crient : "Il a un flingue, il a un flingue." Et puis soudain, un coup de feu claque».
A cet endroit, d'après l'enquête, «le fonctionnaire annonce à plusieurs reprises sa qualité de policier et vide sa bombe lacrymogène, ce qui ne dissuade pas ses assaillants». Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, poursuit : «L'un des agresseurs l'a frappé à la tempe, un autre lui a porté un coup de pied dans le bas ventre, et il est tombé à terre.» Il se relève. « C'est à ce moment-là qu'il sort son arme de service, un Sig Sauer 9 mm et tire un seul coup de feu»
Ambiance fraternelle jeudi soir