Ils sont tous sur la feuille de match, mais un seul sera élu... Qui succédera à Francis Llacer, Fabrice Fiorèse et Benoît Pedretti au palmarès de plomb? Qui a les épaules pour porter le plus lourd trophée du football actuel? Qui réussira le meilleur compromis entre les trois critères de plombage: les qualités footballistiques, les choix de carrière et la mentalité?
Le Panthéon à l'envers
Après l'établissement de la liste des 15 candidats (voir les Cahiers, numéro 30), c'est désormais aux électeurs de prendre l'immense responsabilité de faire entrer un footballeur dans le Hall of Flemme du championnat de France. Gardez à l'esprit cette consigne: dans quelques années, le lauréat devra encore avoir fière allure, ne pas avoir démérité de cet honneur. En d'autres termes, il ne devra pas avoir déplombé.
Jusqu'à présent, les vainqueurs ne nous ont pas fait défaut... Mais imaginez qu'un des futurs vainqueur gagne une Ligue des champions ou réussisse un transfert dans un des top-clubs du continent! Faudra-t-il alors dissoudre la Ballon de Plomb, au risque de déclencher des cas de saturnisme?
La liste du BdP mérite qu'on s'attarde sur sa composition – ne serait-ce que pour la placer dans l'historique des précédents scrutins. Chez les récidivistes, on note ainsi que Kapo, Meriem et Dalmat tentent leur chance pour la seconde fois d'affilée. C'est aussi le cas de Bernard Mendy, qui a eu le privilège d'être aligné lors de la première édition du Trophée… sans avoir jamais pu grimper sur le podium. Marlet, lui, a sauté son tour en 2005, mais était bien là en 2004.
En défense d'abord, où Vignal et Mendy perpétuent la légende des arrières latéraux, qui avaient entièrement trusté le podium en 2003 et ont toujours délégué des spécimens originaux: équarisseurs tels Cyril Rool et Johnny Ecker ou outsiders brillants, comme le Viveros 2005 (Nantes) – qui avait été défendu par une cohorte de militants très actifs. Ces latéraux flanquent une défense centrale dont Déhu, Henrique et Kouassi se disputeraient les deux places.
Le milieu du terrain est également très dense, avec une belle brochette de techniciens dévalués: Meriem, Dalmat, Meghni, Kapo ou Cheyrou n'ont réellement été utiles qu'à leurs agents, au cours de carrières plus marquées par les mutations que par les transmutations en or.
L'attaque, elle, comporte son lot habituel de vendangeurs syndiqués. Mais entre un Gimenez, qui s'est battu à l'entraînement et désespérait de sa mauvaise fortune devant le but, et un énergumène comme Kallon, champion de la démotivation, il y a un monde. Un monde où logent Marlet et Carew, deux symboles de la capacité de l'OL à bien vendre ses joueurs, mais à mal acheter ses attaquants.
Enfin, puisqu'il faut un gardien, Gregorini sera celui du temple plombifère, poste qu'il avait failli occuper l'an passé.
On change de plomberie ?
Signe que le critère du transfert n'est pas négligeable, les trajets estivaux des sélectionnés parlent d'eux-mêmes, avec des liaisons low cost entre des aéroports pittoresques (Wolfsburg-Lorient, Al Ittihad-Monaco, Marseille-Levante ou Monaco-Levante). On note au passage qu'après l'Angleterre comme principal centre de retraitement des recalés de la L1, la Liga espagnole présente avec Levante un successeur aux Bolton et autre Manchester City. Et que Monaco est devenu un carrefour majeur du trafic de joueurs surcotés (ce qui résume très bien la nature des déboires dont souffre l'ASM).
Dans la série des clubs dont la cellule de recrutement fait des métastases, les Girondins placent, pour leur part, trois candidats dans la liste: les oiseaux migrateurs Bruno Cheyrou et Stéphane Dalmat, ainsi que la révélation Carlos Henrique, qui lui, risque bien de rester bloqué au Haillan. Une présence en fort contraste avec le faible score du PSG et même de l'OM, qui se feraient presque discrets cette année. Même s'ils restent en tête du classement général.
Aux urnes !
Séquelles d'une élection 2005 controversée, l'édition 2006 du Ballon de Plomb a suscité des controverses avant même d'avoir commencé (voir BdP: les primaires et BdP: le débat philosophique). Il faut dire que le statut d'institution convient mal au trophée, même si la blague du départ avait vocation à être prise au sérieux – le football étant une grave galéjade.
Il faut surtout en retenir que les mauvais joueurs font bien moins l'unanimité que les excellents: chacun a son propre symbole du bourrinisme, désigne son propre repoussoir du football actuel, maudit son propre bouc émissaire... et privilégie sa conception du Ballon de Plomb à lui. Inutile, donc, d'y chercher une quelconque logique. Comme le souligne le dossier du numéro 30, les mal-aimés sont le produit de processus très irrationnels et très subjectifs...
Maintenant que les voix de la rédaction ne comptent plus que pour une unité chacune, nous nous en remettons à vous pour préserver le (mauvais) esprit du Ballon de Plomb!
source les cahiers du football