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ELIE BAUP : « C’est un combat quotidien »
Abattu après l’élimination de son équipe face au Paris FC, Elie Baup a du mal à cacher son agacement et sa lassitude. L’entraîneur toulousain estime même qu’il vit la période la plus délicate de sa carrière.
Elie Baup, qu’est-ce qui vous attriste autant après cette élimination face au Paris FC ?
Nous répétons sans arrêt les mêmes erreurs. Nous n’enregistrons pas que sur un terrain, il faut être tout le temps dans un esprit de surpassement. Il faut un esprit de gagne permanent et tout mettre en œuvre pour défendre nos couleurs. Après, quoi qu’il arrive, si nous nous sommes battus et que nous avons tout donné, il faut accepter le résultat du terrain. Mais là, même si la première mi-temps a donné des solutions, ce n’est pas suffisant. Il y a trop d’erreurs et pas assez de retours.
On vous sent abattu après cette défaite…
Non, je ne suis pas abattu. Moi, je n’ai qu’une envie, c’est de me battre et de faire avancer les choses. Mais je ne comprends pas que l’on ne retienne pas les leçons. Car là, je sais que nous sommes capables d’aller créer la surprise dans l’autre sens, à Lyon lors du match qui vient. Nous l’avons déjà montré.
Pour vous, le problème vient-il surtout de l’état d’esprit ?
Je prends un exemple : avant ce match, toute la semaine, il a fallu gérer des joueurs. Emana est parti sans autorisation, Fabinho n’est pas revenu de la semaine. D’autres ont eu des problèmes physiques que nous n’avons pas résolus. Enfin, il y a tout le temps une forte dispersion qui fait que nous ne pouvons pas nous concentrer. C’est pourtant ce que je recherche. Toute la semaine, on doit se préparer pour le match. La semaine dernière, nous ne nous sommes préparés qu’au dernier moment car il y a eu des péripéties toute la semaine. Des problèmes par rapport à la CAN, des problèmes sur d’éventuels départs alors qu’il n’y en a pas… Tout ça disperse et fait que l’on ne reste pas dans le match.
« En quatorze saisons, je n’ai jamais connu ça »
Mais que ce soit la CAN ou le Mercato, ce sont des sujets vraiment cycliques, pas des problèmes d’une saison entière…
Oui mais dans cette période-là, ça influe vachement. Fabinho n’est revenu qu’aujourd’hui et Emana est parti sans autorisation. Et d’autres joueurs pensent qu’ils vont partir alors qu’ils sont toujours là. Cela transpire sur le reste. En plus de tout, nous avons onze joueurs blessés, en difficulté ou en reprise. C’est énorme. Samedi, nous avions juste onze joueurs et après, aucun des remplaçants n’était prêt. Ni Gignac, ni Ebondo, ni Arrache. Et tout le reste, c’étaient des jeunes du centre. Donc nous avons un effectif qui atteint le maximum des limites.
Mais pour un entraîneur, est-il encore possible de travailler dans ses conditions ?
Ah, c’est très dur. C’est un combat quotidien. En quatorze saisons, je n’ai jamais connu ça. Je lutte, je me bagarre et je vais faire le maximum pour lutter sur chaque match qui vient. Ce n’est pas dans mon tempérament de jeter l’éponge ou de baisser les bras mais c’est hyper épuisant. Des fois, j’ai l’impression de prêcher dans le vide. Maintenant, cette histoire de chaud et froid, nous y sommes habitués. Ce qui est hyper désolant, c’est que nous n’en retenons pas les leçons. Mais tout l’environnement est propice aussi à ça. Il faut changer ça et vraiment s’installer dans un truc durable et de compétitivité. A Toulouse, il y a toujours eu des hauts et des bas : la L2, le National… A un moment donné, le club n’existait même plus. Il faut instaurer du foot, de la régularité et du professionnalisme. C’est un tout, c’est vraiment un gros chantier.
Visiblement, ce n’est pas dans ces conditions-là que vous imaginez l’exercice du métier d’entraîneur…
Moi, voilà comment je vois le truc : j’ai un groupe, je dois faire des choix de joueurs et préparer des tactiques. Comment jouer, avancer, attaquer, défendre, comment agir sur les coups de pied arrêtés… Je demande en plus de ça un peu de concentration et j’ajoute de la grinta et du mental et on y va ! Là, il faut tout le temps revenir au b.a.ba.
« J’y laisse des plumes chaque jour »
Ce problème est-il vraiment propre à Toulouse ou pensez-vous encore que les choses puissent changer d’elles-mêmes ?
Un jour, ça va venir. Il faudra bien que ça vienne un jour de toute façon. Il faudra peut-être faire appel à une autre mentalité de joueurs, je ne sais pas. Mais il faudra bien y arriver. Ça marche ailleurs, il faut donc lutter pour instaurer le plus de professionnalisme, de sérieux, d’investissement et de discipline possible. La saison dernière c’était déjà pareil : nous nous sommes battus comme des fous. Contre le dernier, Nantes, juste avant la trêve, c’était pareil. Nous en avons pris quatre à domicile (4-0). A la fin, nous étions dans une bonne série, nous avons fait quatre défaites d’affilée et il a fallu tout redresser sur les deux derniers matchs. Les circonstances nous l’ont permis heureusement. Mais sinon, c’est un peu le même truc. J’ai vécu ça toute la saison dernière et ça recommence cette année.
A force, n’en avez-vous pas marre de vous battre dans le vide ?
Non, non, il faut continuer. Je suis là pour ça aussi, je suis payé pour ça. Nous ferons le point à la fin de la saison. Pour le moment, nous sommes dans la lutte et il faut se battre.
Cette élimination constitue-t-elle à ce jour votre pire souvenir à Toulouse avec ce parcours manqué en UEFA ?
Oui, et avec ce 4-0 contre Nantes de la saison dernière que j’avais mal perçu et qui m’avait fait mal aussi. C’était aussi délicat mais dans notre métier, il faut toujours envisager le meilleur et se préparer aussi au pire. Il n’y a pas de vérité, c’est dur. C’est pour ça qu’il faut beaucoup d’humilité. Que peut-on me souhaiter aujourd’hui ? Beaucoup de courage et beaucoup de santé car j’y laisse la santé un peu plus chaque jour. J’y laisse des plumes : je ne dors pas, je laisse des forces. C’est très dur.
Football365