C’est ce qui explique, à ses yeux, le développement économique plus avancé des pays protestants par rapport aux pays catholiques. Pour le catholicisme, en effet, l’action professionnelle dans le monde n’a pas de valeur intrinsèque pour la recherche du salut. Cela commence à changer avec Luther pour changer tout à fait avec Calvin. Le mot beruf, dans la traduction luthérienne de la Bible, a le double sens de « vocation » et de « métier », marquant ainsi la transformation de l’activité profession- nelle en une tâche voulue par Dieu. Le travail devient une valeur en soi. Luther, cependant, reste attaché à une vision conservatrice du monde : il adhère encore à l’idéal médiéval d’une économie féodale, agricole et artisanale. Comme les catholiques, il condamne le prêt à intérêt, qui implique que l’argent puisse produire de l’argent par lui-même.
Calvin, au contraire, est en rupture avec cette vision conservatrice. Ainsi, conscient des exigences nouvelles de l’économie commerciale des centres urbains, n’hésite-t-il pas à légitimer le « prêt industriel et commercial » (moyen- nant certaines garanties et dans certaines limites). En outre, sa doctrine de la prédestination pousse les fidèles à rechercher dans le succès matériel de leurs entreprises la preuve de leur statut d’élus.
Le prêt avec intérêts a donc été légitimé par Calvin, une fois que sa version de la Réforme était déjà bien implantée (donc bien après Luther et "l'invention du protestantisme" comme tu dis), et découle de ses thèses.
Au passage, "protestant" ne veut pas dire grand chose, je ne suis pas sur que Luthérianisme et Calvinisme soient plus proches l'un de l'autre que Catholicisme et Orthodoxie (sans parler de toutes les Eglises américaines).
L'article en entier (sur le contexte de la Réforme et les différences entre Luther et Calvin): http://www.lespectacledumonde.fr/index. ... &Itemid=55