par coton » 09 Mai 2007, 09:40
Football, Ligue 1/Marseille - Nancy Emon, la belle histoire
Marseille (Bouches-du-Rhône) DE NOTRE CORRESPONDANT
«IL EST OÙ le petit... ? » Cette question de Julienne Emon, Roger, son mari, ouvrier dans la pétrochimie à Berre-l'Etang (Bouches-du-Rhône), l'a entendue des centaines de fois. Et des centaines de fois, il a répondu la même chose : « Il tape dans le ballon contre le mur, comme tous les soirs...
» Berre-l'Etang, au milieu des années 1960. Albert Emon affiche une dizaine d'années plutôt turbulentes, fréquente l'école en pointillés et joue au foot : « Y a que ça qui m'intéressait... Je me sentais bien sur un terrain ou dans la rue. J'étais libre, raconte l'actuel entraîneur de l'OM. Je ne suis resté que vingt-deux minutes en sixième. Moi qui voulais apprendre l'anglais et devenir tailleur de pierre, j'ai fait le menuisier. » Un tour à bois lui a d'ailleurs mangé le bout de l'annulaire de la main droite. « Heureusement qu'au foot, on joue avec les pieds... », plaisante Albert.
« Porter le survêt de ce club que j'aime est un bonheur »
Il porte alors en minime le maillot du CO Berre et, des pieds, il en a deux dont il se sert à merveille. « Je suis droitier, mais on a souvent cru que j'étais gaucher, parce que c'est avec le pied gauche que j'étais le plus précis. » Remarqué par un ancien de l'OM, éducateur à Berre, Albert fait son baluchon pour Marseille. Centre d'apprentissage de menuiserie le matin, foot en fin de journée, après quelques heures de cours. « J'habitais en face du Stade-Vélodrome, chez M. Mario Zatteli, qui entraînait les pros. Je m'asseyais sur le cartable et j'attendais l'heure de l'entraînement. Quand il manquait un joueur, M. Zatteli me faisait jouer avec les pros, c'était fabuleux. » A l'OM, il dispute le Championnat cadets avec son pote, Rolland Courbis, et débute sa carrière sous le maillot bleu et blanc, en 1971-1972, lors de l'année du premier doublé du club. Sept saisons et 38 buts plus tard, Albert Emon quitte l'OM, direction Monaco. « J'avais parié avec moi-même que je ferais tous les clubs de la Côte d'Azur. C'était peut-être une connerie mais, finalement, j'y suis arrivé », plaisante Albert. Après l'équipe du Rocher, avec qui il gagne la Coupe de France 1980, il enchaîne avec Toulon, Cannes puis Nice : « Avec une licence amateur, juste pour quelques matchs... pour tirer les coups francs. Faut dire que je n'avançais plus. » Fou d'un foot offensif, Emon entre dans le monde des techniciens presque par hasard, comme préparateur physique auprès de son ami Gérard Gili, alors entraîneur de l'Egypte. Expérience intense mais courte qui le ramène en France. « Joueur, entraîneur, masseur, ramasseur de balles en CFA à Manosque. » Puis tout s'accélère, il revient à Marseille d'abord, au centre de formation, ne rechigne devant aucun intérim, met son ego dans sa poche, remplace Ivic au pied levé sous l'ère Tapie II, repart chez les amateurs et fait son come-back comme adjoint d'Alain Perrin, puis de Jean Fernandez. « Porter le survêt de ce club que j'aime est un bonheur, quelle que soit la place sur le banc... » N'empêche ! Quant à l'été 2006, l'OM cherche un successeur à Jean Fernandez, Albert Emon saisit enfin sa chance. « Pour la première fois, je me suis dit : Tu es capable d'y aller, tu peux le faire... » La suite lui a donné raison. Albert Emon, 53 ans, est en passe de qualifier l'OM en Ligue des champions et espère ramener la Coupe de France sur la Canebière. Le sacre pour « Bert » de Berre