La sentence est tombée : Cyril Jeunechamp est suspendu un an pour avoir eu la main un peu ferme avec un journaliste de L'Equipe. Le malheureux avait critiqué le club et certains joueurs de Montpellier un peu plus tôt dans la semaine du match face à Valenciennes.
Le 24 au soir, date de départ officielle de la suspension, pour le réveillon de Noël donc, le joueur de 37 ans pourra fêter ça avec tous ses proches. Je dis « fêter » car selon moi, il ne fait aucun doute que l'ancien Nîmois doit être on ne peut plus fier de son geste. En effet, quel plus beau cadeau, quelle plus belle sortie qu'une suspension aussi lourde pour un joueur qui aura axé sa carrière sur l'agressivité et l'intimidation? Les tacles appuyés, les tirages de maillot, les coups bas, les « front contre front », les contestations, les insultes à tire larigot faisaient bel et bien partie de son fonds de commerce et venaient compenser son manque de talent évident.
Le genre de joueur pas forcément recherché par les recruteurs mais qu'on préfère de toute façon avoir avec soi que contre soi. Une sorte de chien de garde en somme. Un mec qui peut malgré tout rapporter quelques points à son équipe sur une année, juste parce qu'il aura réussi à impressionner un jeune joueur un peu fragile et qui l'aura fait déjouer, le temps d'un match. Il ne paie pas de mine, n'est pas très costaud mais son orgueil, sa fierté, son machisme apparent font le boulot à merveille. Certains supporters naïfs diront qu'il a tout simplement du caractère, qu'il ne se laisse pas faire. Je n'y crois pas une seconde et puis je reste convaincu qu'un joueur plus fragile mais doté d'un vrai fair-play, honnête, qui voit le football comme un jeu auquel on peut perdre sans passer une mauvaise soirée et sans le faire payer à l'adversaire est un joueur bien plus admirable.
Au niveau amateur, on peut croiser ce genre de caractériel un peu partout, quasiment dans chaque équipe. En district, il ne faut pas se voiler la face, il suffit d'en avoir deux ou trois comme ça au club pour gagner une bonne partie des matchs joués à domicile. Au pire, ces matchs finiront par une bagarre générale et renforceront le côté « imprenable » du terrain. Je me demande souvent ce que seraient devenus ces gens s'ils n'avaient pas percé dans le football professionnel. Auraient-ils mal tourné ou s'agit-il juste d'une carapace, comme je le disais, pour combler un déficit technique flagrant? Je me pose ces questions et puis d'un coup je revois les images de Cyril Jeunechamp, comme beaucoup d'autres malheureusement, s'écrouler et se tordre de douleur parce qu'un adversaire lui aura effleuré le visage. Et là, le désespoir m'envahit, j'arrête de me poser des questions et je me réjouis de la retraite anticipée de ce joueur qui n'aura pas fait du bien à l'image du football français.
peau de couille
