Le tribunal a débouté l’attaquant international de toutes ses demandes. Suivant le réquisitoire de la procureure, qui avait qualifié l’action en justice d’Anelka de « malhonnêteté intellectuelle » et demandé la relaxe de L’Équipe, les juges de la 17e chambre ont balayé le reproche de diffamation.
« Un tel fait (insulter son entraîneur), estiment-ils dans les attendus du jugement, est unanimement considéré comme un comportement hautement blâmable, que ni la pression d’un match ni le caractère normalement confidentiel des propos qui se tiennent dans un vestiaire ne sauraient excuser, dès lors que la mise en cause dans des termes grossièrement outrageants d’un entraîneur est de nature à saper son autorité morale, indispensable au ressort de l’équipe, et se trouve en tout état de cause contraire à l’esprit sportif. »
Le tribunal a, en sus, insisté sur le fait que « la violence de la scène a été confirmée par le capitaine Patrice Évra lors d’une conférence de presse tenue le 19 juin 2010 en présence de Jean-Pierre Escalettes, président de la Fédération française ».
Il a par ailleurs rappelé « qu’il est de l’essence même du travail journalistique de dévoiler des faits et des comportements qui par leur signification ou leur portée contribuent à l’information légitime du public », ajoutant que « cet incident pouvait en outre être révélateur d’un climat de déréliction de l’équipe et de son entraîneur, qui a pu ne pas être étranger aux résultats sportifs déplorés par une nation tout entière ».
« Dans de telles conditions, poursuivent les juges, il ne saurait être fait grief à un journaliste disposant d’une telle information de ne pas l’avoir tue, sauf à exiger de la presse qu’elle se conforme désormais à des intérêts supérieurs mal définis et étrangers à son essence même qui est l’information du public afin que ce dernier puisse se forger librement ses opinions sur les faits et sur les hommes. »
Stipulant que « le juge de la diffamation n’a pas à se substituer à la presse pour dire quelle technique de présentation » d’une information une rédaction doit employer, le tribunal a exprimé sa conviction que « l’ensemble des circonstances de l’affaire témoignent à suffisance du sérieux de l’enquête, laquelle a révélé un fait désormais établi ».
Nicolas Anelka n’a pas fait appel de ce jugement, « se satisfaisant de la décision », a-t-il expliqué dans un communiqué.