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Vélodrome : l’OM fait plier la mairie de Marseille
L'Olympique de Marseille, en conflit avec la mairie au sujet du montant de la location du Stade-Vélodrome, jouera son premier match à domicile le week-end du 15 au 17 août, contre Montpellier, au stade de la Mosson. L'Olympique de Marseille, en conflit avec la mairie au sujet du montant de la location du Stade-Vélodrome, jouera son premier match à domicile le week-end du 15 au 17 août, contre Montpellier, au stade de la Mosson. | AFP/BORIS HORVAT
La partie de poker menteur entre la mairie de Marseille et l’OM est terminée. Et c’est clairement le club olympien qui en sort vainqueur après quelques jours d’une polémique surréaliste. L’équipe marseillaise, désormais entraînée par l’Argentin Marcelo Bielsa, jouera bien ses matchs dans le tout nouveau Stade-Vélodrome. Dès la seconde journée du championnat, le 17 août, l’Olympique de Marseille inaugurera contre Montpellier la troisième version de son emblématique enceinte. Construite pour la Coupe du monde 1938, elle avait déjà été rénovée pour celle de 1998.
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Désormais doté d’un toit visible à des kilomètres à la ronde, qui lui donne l’allure d’un grand vaisseau blanc, le stade affiche une capacité de 67 000 places, en hausse de 8 000 sièges. Il accueillera six matchs du prochain Euro 2016, dont un quart de finale et une demi-finale.
Après un mois d’une sévère guerre de tranchées, rythmée de communiqués de presse et de mots aigre-doux, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (UMP), et l’actionnaire majoritaire de l’OM, Margarita Louis-Dreyfus, se sont présentés devant la presse, jeudi 31 juillet, pour signer symboliquement un protocole d’accord. Un « consensus de nos deux institutions », a estimé M. Gaudin, alors que Mme Louis-Dreyfus évoquait, elle, un accord « qui avait coûté un effort considérable ».
LOYER FIXE DE 3 MILLIONS D'EUROS
Derrière les discours, c’est surtout l’OM qui semble sortir vainqueur du bras de fer entamé. Le protocole d’accord, qui doit être encore validé par le conseil municipal en octobre, se rapproche totalement des désirs du club marseillais. Signé pour trois ans, il prévoit, comme le souhaitait le président de l’OM Vincent Labrune, un loyer scindé en deux parties. Une part fixe modeste et une part variable, liée aux recettes de billetterie réalisées par le club. En 2014-2015, l’OM paiera ainsi un loyer annuel fixe de 3 millions d’euros hors taxe. Une somme qui montera à 4 millions pour les deux saisons suivantes.
On est là très loin des 380 952 euros par match que le conseil municipal avait validés le 30 juin dernier. Très loin aussi des 8 millions d’euros conseillés par la chambre régionale des comptes dans un récent rapport épinglant les largesses de la ville pour son club chéri.
La part variable, elle, a été fixée à 20 % des recettes que fera l’OM au-delà de 20 millions d’euros annuels. « Le présent mode de calcul devrait permettre d’aboutir à un montant de 7,4 millions d’euros par an en prenant comme référence le parcours sportif de l’OM sur les huit dernières années », a estimé Jean-Claude Gaudin.
Dans la réalité, pour que la municipalité encaisse cette somme, il faudra que les supporteurs olympiens laissent, dans la saison, près de 40 millions d’euros aux caisses du Vélodrome. La saison dernière, selon les chiffres de la Ligue de football professionnel (LFP), le club marseillais n’a généré que 11,6 millions d’euros en billetterie. Dans un stade en travaux, certes, mais en disputant la Ligue des Champions que le club ne jouera pas cette année. Interrogé sur le prévisionnel pour 2014-2015, Philippe Perez, directeur général du club, a expliqué que l’OM « espér[ait] franchir cette saison la barre des 20 millions d’euros ».
« LA PROVIDENCE NOUS AIDERA »
En un mois, l’Olympique de Marseille a donc réussi à faire plier Jean-Claude Gaudin et la mairie, qui affirmaient pourtant au début de juillet que « [leur] position n’[était] ni exagérée ni infondée ». « La municipalité a compris que nous ne bluffions pas, estimait en marge de la conférence de presse Philippe Perez. Notre détermination assez sérieuse de jouer nos matchs à Montpellier a fait basculer les choses. Et tant mieux, car c’était vraiment une question de survie pour l’OM. »
Arc-bouté sur une promesse faite dans le courant de l’année 2013 par Jean-Claude Gaudin à Vincent Labrune d’un loyer tournant autour des 4 millions d’euros, l’OM n’a rien voulu céder. D’autant que le club olympien a clairement apporté, durant la campagne des municipales, son soutien au sortant. « Le rapport de la chambre régionale des comptes et les réactions de son entourage ont fait penser au maire qu’il pouvait revenir sur ses engagements, glisse un des responsables du dossier. Heureusement, la raison l’a emporté. »
Reste pour le contribuable marseillais une ultime question. Si le loyer de l’OM n’atteint pas les 8 millions d’euros, comment la ville va-t-elle rembourser les 12 millions d’euros qu’elle doit annuellement à Arema, constructeur du stade, au titre d’un partenariat public-privé ? « La providence nous aidera », a glissé Jean-Claude Gaudin.