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OM : Pourquoi le Stade Vélodrome fait-il polémique ?
La période des élections municipales vient de faire ressortir le débat (la polémique ?) sur la couverture du Stade Vélodrome, sa modernisation et son éventuel agrandissement. Mais comment en est-on arrivé à cette situation, ou manifestement tous ses utilisateurs, dirigeants, joueurs et encore plus les supporters n’ont de cesse de critiquer sa nouvelle architecture, pourtant décidée dans le cadre des travaux engagés pour la Coupe du Monde 1998.
Petits retours en arrière sur l’histoire et les évènements qui ont amené à cette situation.
Le projet de construction du Vélodrome fut adopté par le conseil municipal en Mars 1933. La couverture totale du stade un moment envisagée fut repoussée par le Maire Ribot et son adjoint Simon Sabiani.
Seules les tribunes Jean Bouin et Gustave Ganay auront un toit. Virages et quarts de virages seront à ciel ouvert. Le peuple marseillais sera bien en plein air, debout et à sa place. Les nantis auront les tribunes…
Soixante ans ont passé et voilà que la Coupe du Monde 1998 va donner à Marseille l’occasion de refaire son stade. On va passer de 42 000 à 60 000 places.
Il y eut un projet de construction d’un nouveau stade à l’Estaque. Il y aurait 70 000 places assises et couvertes. Le Maire, M. Vigouroux, trouve le projet trop cher. Il se décide pour le Vélodrome à 60 000 places et en 1992 opte pour ce projet où seule une partie de la tribune Jean Bouin sera couverte. C’est moins cher ! Tant pis pour le peuple marseillais, ça nous rappelle quelque chose…
La proposition de Michel Platini d’organiser depuis le stade le tirage au sort du Mondial va décider tout le monde à activer le processus. M. Gaudin, élu maire en 1995, hérite du projet et de son financement. Le 17 décembre 1997 le tirage grandiose du Mondial se déroule sous le vent et le froid.
On a frôlé le camouflet. Le mistral s’était invité la veille, soufflant à plus de 100 km/h. Le déroulement de la cérémonie fut menacé. Fort heureusement, il a baissé dans l’après-midi du 16, pour être moins violent le 17.
Les architectes n’étaient pas hostiles à sa couverture totale. Le Maire de Marseille, M. Gaudin, trouvait le prix trop élevé, lançant : " Il ne pleut jamais à Marseille" Une erreur de communication qu’il « traîne » toujours. Tant pis pour le peuple marseillais encore une fois et encore ce sentiment de déjà-vu…
Le vent est pourtant souvent l’invité importun. Mistral, tramontane est et nord-est viennent nettoyer la ville de ses impuretés. Mais ils sont en hiver très froids et constituent un élément qui altère la qualité du jeu. Les jours de pluie, c’est pire et jusqu’à présent rien ne semblait devoir venir changer cet état de fait, jusqu’à cette campagne municipale 2008….
Mais au-delà de ce rapide historique, comment et pourquoi ce « nouveau » Vélodrome, correspondant pourtant aux normes édictées par la FIFA dans le cahier des charges de la Coupe du Monde, a-t-il pu à ce point être aussi éloigné des attentes des supporters mais aussi des dirigeants olympiens ?
Les explications de l’architecte retenu, Jean-Pierre Buffi sont à cet effet très instructives :
« Le Vélodrome appartient à la Ville de Marseille, pas au club. C’est important de le souligner, car le stade, selon la Mairie, ne doit pas servir qu’au football, mais peut accueillir d’autres spectacles, comme des concerts de rock, etc. En tant qu’architecte, nous n’avons donc eu de contacts qu’avec la Ville de Marseille. Ce fut notre unique interlocuteur, du début des discussions jusqu’à la présentation finale (…) Jamais, donc, l’OM n’a été consulté, encore moins les supporters qui auront été les grands absents de ce dossier. Outre des délais extrêmement serrés (dû à l’organisation du tirage au sort notamment) et le cahier des charges très précis du CFO, le comité d’organisation de la Coupe du Monde, le budget ne devait pas dépasser les 283 millions de francs hors taxes.
C’est un chiffre à ne pas négliger : ce prix représente 1/10ème de celui du Stade de France pour une capacité totale de 60 000 places, contre 80 000 à Saint-Denis.
Premier constat : le Vélodrome est un des stades les moins chers de France et même d’Europe par spectateur. Considérant cette enveloppe, l’ensemble des cabinets qui ont participé à l’appel de candidatures ont tous proposé un projet sans couverture. Il n’y avait pas assez d’argent pour couvrir toutes les tribunes. Fait important, j’ajoute que cette couverture n’a jamais été demandée par la municipalité.
Pour notre part, notre souci a été la visibilité. Auparavant, dans l’ancien Vélodrome, seulement 20 000 personnes étaient bien installées. Aujourd’hui, on peut dire que tout le monde a une bonne vue du terrain. Avant aussi, il y avait le mistral. La couverture aurait effectivement agi comme une caisse de résonance. Mais là encore, la municipalité souhaitait un stade ouvert sur la ville, et non un chaudron. Je pense effectivement que si on avait traité avec le club directement, sans doute le projet aurait été différent. Mais durant toutes les discussions, jamais le principal utilisateur du stade, c’est-à-dire l’OM, n’est intervenu. Pourquoi ? »
Et voilà pourquoi,10 ans plus tard, tout est à recommencer…