INTERVIEWS / BUSINESS12/11/2012 16:30
"PAS UN VÉLODROME AU RABAIS !"Bruno Botella, le président de la société Arema qui gère le Vélodrome pour les 35 prochaines années, s'explique sur les polémiques qui entourent la rénovation du stade. Il n'élude aucun sujet...
Pouvez-vous nous dire où en est le chantier du stade Vélodrome ?Bruno BOTELLA : On n'a pas beaucoup de retard. On a changé les phasages à cause des intempéries. C'est la réalité. Si on regarde l'avancement des travaux, on n'est pas dans les clous de ce qui était prévu au départ. En revanche, ce dont on est garant vis-à-vis de la ville de Marseille, c'est la livraison du stade à l'été 2014. Les contraintes, notamment les intempéries que l'on a subies en début d'opération, ont fait que l'on a raté le premier été. On aurait dû réaliser à ce moment-là la bascule de la tribune Jean Bouin vers la tribune Ganay. Du coup, on se retrouve dans une situation compliquée.
C'est-à-dire ?Les éléments de charpente que nous sommes en train d'assembler font environ 200 tonnes (ndlr : 6.000 tonnes au total). On vient les mettre au-dessus de la tête du public. Il est évident qu'avec les commissions de sécurité qui se succèdent, parfois deux fois dans la même semaine, ça prend du temps. On était dans un phasage très contraint à l'origine. On a du mal à accélérer en ce moment du fait que l'on a du public sous cette charpente. En revanche, dès que l'on aura basculé dans la tribune Ganay, la tribune Jean Bouin sera totalement indépendante. On n'aura plus de public dans la zone de chantier comme c'est le cas aujourd'hui. On sera alors capable d'accélérer de façon à retomber sur nos pieds. En clair, on rattrapera le temps perdu au début.
"Une partie du virage Nord ira en Ganay pendant 5 matchs"
Vous parlez d'intempéries l'été dernier, mais à quoi faites-vous allusion ?Durant la première année de travaux, on a eu beaucoup de vent, pratiquement 50 jours. On ignorait que l'on allait en avoir autant par rapport à une année normale. Ça nous a empêché de démarrer la charpente comme prévu et de terminer la tribune pour la reprise du championnat cette saison. On est maintenant dans une situation compliquée.
Les supporters placés dans les virages vont-ils devoir être déplacés au cours des travaux ?Pour tenir les délais, une partie des gens en virage Nord vont devoir aller dans la tribune haute de Ganay. Il y a 5 matchs qui sont concernés à partir du mois d'avril 2013. Ce n'était pas prévu au départ mais il faut passer par des adaptations. On est les premiers à le regretter. Mais la priorité, c'est de livrer le stade en juin 2014.
Que répondez-vous aux supporters qui craignent d'avoir un stade différent de celui présenté initialement ?On ne fait pas un stade au rabais ! On a mis 270 millions d'euros dans les prestations. Alors oui il y a du béton qui est ancien mais c'était le projet du départ ; oui la charpente galvanisée n'est pas peinte mais il n'a jamais été question qu'elle soit peinte... Les gens s'interrogent, ça peut être légitime. Mais de là à dire que l'on fait un stade au rabais quand on a 500 personnes qui travaillent tous les jours sur le chantier, je considère que c'est presque insultant pour les gens qui travaillent sur ce projet.
"Des sièges blancs avec un lettrage bleu"
Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a expliqué que les couleurs des sièges pourraient changer. Vous confirmez ?Non, on ne va pas changer les sièges. Je lui ai montré pendant le comité de suivi que l'on pouvait changer les couleurs de la couverture par des éclairages à base de projecteurs LED. On pourra tout à fait adapter la colorimétrie de la couverture à l'événement. Le jour où l'on fera un match de l'OM, ce sera bleu et blanc. Et quand ce sera Toulon, si le club vient ici, ce sera rouge. En revanche, les sièges une fois qu'ils sont installés, ils ne changeront pas de couleur. Ils sont dans une dominante de blanc avec un lettrage "MARSEILLE" qui est en bleu. Il n'y pas de raison de polémiquer sur ça...
Ce sera bien un lettrage bleu et non pas noir ?Non, pas noir...
Vous comprenez que les supporters soient un peu échaudés après les erreurs commises avec la rénovation du stade en 1998 ?Oui, je le comprends. En revanche, les architectes présents sur le projet sont de grands professionnels, spécialistes de la construction de stade. On met énormément d'argent dans ce projet. La société Arema en est l'exploitant pendant 35 ans. Est-ce que vous pensez qu'Arema accepterait de la part du constructeur des prestations à la baisse qui nuirait à l'exploitation ? Ça n'a pas de sens.
"J'avais approché Allianz pour le naming"
Quelles sont les sociétés intéressées par le naming du stade Vélodrome ? On a des discussions avancées avec trois groupes français. On est confiant sur la capacité à signer un accord avant 2014.
Avec une recette de 60 M€ pour le nom du stade, l'OM se situe à la hauteur des grands clubs européens ?Quand on regarde ce qui se fait en Europe, on est dans ces eaux-là. On fait partie des grandes enceintes européennes. On est le plus grand stade en France derrière le Stade de France. Quand vous étalonnez votre prix par rapport au marché, c'est ce que ça vaut. Et quand vous regardez les namings signés en France, il y a l'Allianz Riviera à Nice. C'est 2M€ par an. J'estime que c'est une bonne nouvelle pour le marché du naming en France que de voir Allianz investir car ils ont d'autres stades en Europe. Et l'échelle de prix entre l'OM et Nice est justifiée.
Allianz n'était pas intéressé par l'OM ?Je les avais approchés. Mais ça ne s'est pas fait. Je le regrette. Tant mieux pour Nice.
PROPOS RECUEILLIS PAR FRÉDÉRIC MARTIN, À MARSEILLE
http://www.mediafootmarseille.fr/interv ... -au-rabais