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À Marseille, les riverains du Vélodrome excédés par des avant-matchs trop festifs
L'afflux de supporteurs de l'OM provoque des nuisances pour les habitants du quartier de Saint-Giniez.
SÉCURITÉ « Elle est à vous, cette voiture ? » Après avoir klaxonné à trois reprises, un sexagénaire sort de son véhicule pour questionner un groupe de jeunes assis sur les marches qui mènent à sa résidence. Le coup d'envoi du match de Ligue 1 Marseille-Ajaccio ne sera donné que dans trois heures, mais la circulation est déjà impossible aux abords du Stade-Vélodrome. Les voitures sont garées n'importe où par des supporteurs pressés de se retrouver. La discussion n'ira pas plus loin, car celle qui bloque l'accès au parking n'est visiblement pas à eux. Dans leur tee-shirt blanc siglé « OM », les supporteurs compatissent : « Pas cool ! » « À chaque match, c'est la même chose , s'énerve cet habitant de la grande barre d'immeuble qui fait face au stade. Le quartier est en état de siège durant six heures. » Un point de vue partagé par Gisèle, qui sort son petit chien, affolée par la foule compacte menaçant de l'écraser. La vieille dame peste, elle, contre les deux roues qui squattent le moindre espace disponible sur les trottoirs. Excédés, des habitants se sont récemment regroupés en collectif et ont interpellé bailleurs sociaux et dirigeants du club. Ils envisagent des actions en justice afin de voir disparaître ces nuisances en tout genre : pétards, odeurs d'urine, fumigènes, bris de verre, stationnement sauvage...
Une foule bigarrée et bruyante
Malgré un crachin inhabituel, les terrasses du quartier cossu de Saint-Giniez sont déjà bien garnies, à quatre heures du début de la rencontre. « Tout le monde y trouve son compte » , sourit Jacques, qui assure un extra dans l'une des brasseries huppées du secteur. Derrière le long bar en bois ins- tallé sur le trottoir pour l'occasion, le jeune homme sert pression sur pression, whisky-coca et pastis. « On va écluser 3 000 chopes. Autant qu'en un mois sans match » . Ce jour-là, aucune tension dans cette foule bigarrée et bruyante. « C'est le seul lieu qui fédère dans cette ville , note Jean-Luc, cadre commercial attablé avec deux clients. Ici pas de riches, pas de pauvres. Pas de quartiers nord, mais des virages nord, où on est fiers d'être marseillais et de le hurler à la face du monde. »
16 h 20, les terrasses se vident. Depuis une dizaine de minutes, le bruit assourdissant des bombes agricoles qui explosent à l'extérieur du stade appellent les supporteurs, çà et là des fumigènes sont brandis. Une compagnie de CRS a pris position aux abords immédiats, mais n'intervient pas. Si la préfecture refuse de donner le nombre de personnels mobilisés pour ces matchs sans risque particulier, côté syndicats, on évoque au moins 300 policiers, « et trois fois plus pour les soirées classées rouges » . « Le public est familial. Les violences sont rares aux abords du stade » , précise un capitaine de la sûreté urbaine. Il reconnaît que des matchs anodins en apparence, peuvent déraper « quand certains groupes de supporteurs se sont chauffés avant sur les réseaux sociaux » . Ce soir-là, l'OM a perdu contre Ajaccio. Une soirée inattendue et noire pour les brasseries, mais ordinairement crispante pour les riverains.
Le Figaro