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Vélodrome, le nouveau temple; Prisée par les organisateurs, adorée par les joueurs et les supporters, l'enceinte marseillaise s'impose dans le calendrier
La FFR rêvait, fut-il un temps, de se doter de son propre stade, à l'instar de la Fédération française de football avec le Stade de France. Le projet, lancé en 2010 par Pierre Camou (alors président de la Fédération) et Serge Blanco, qui devait avoir pour cadre Ris-Orangis, en Essonne, a été définitivement enterré en décembre 2016 par Bernard Laporte, non sans avoir coûté la bagatelle de 14 millions d'euros. Mais pourquoi construire ailleurs ce qui existe déjà ? Certes, la FFR, dans son postulat de départ, espérait tirer des bénéfices de cette enceinte. Mais l'Essonne aurait-elle pu être aussi fédératrice que peut l'être l'Orange Vélodrome ? À Marseille, terre de foot par excellence, le rugby a toujours fait recette. "C'est la maison de l'OM, mais il y a toujours eu cet attachement à faire d'autres événements sportifs, souligne Martin D'Argenlieu, directeur général de "l'OV".
Dès l'inauguration, en 1937, il y a eu un match de l'OM et de rugby !" Si ce lien s'est un peu distendu avec le temps, il a été renoué avec le RCT.
Bleus, coupe du monde et Top 14 au menu
Lancées par Mourad Boudjellal, les délocalisations du club varois de Mayol au Vélodrome sont devenues un rendez-vous incontournable des saisons, et le gage, à chaque fois, d'un succès populaire, comme le réalisa en son temps Max Guazzini avec le Stade Français au Stade de France. "Il y a une belle histoire avec le RCT, souligne D'Argenlieu. C'était extraordinaire cette année (Toulon-Toulouse, le 23 avril), car malgré des résultats sportifs un peu difficiles, ils ont réussi à mobiliser et nous avons réussi à avoir un stade plein. C'était incroyable, on n'avait pas vécu ça depuis 2015 !"
Au-delà de la capacité à fédérer autour du club phare de la région, les réussites de l'organisation des demi-finales du Top 14 en 2017, mais aussi des matches de l'équipe de France - qui avait, pour la première fois, délocalisé un match du Tournoi des VI Nations contre l'Italie, en février 2018 - et l'actuelle tenue des finales des coupes d'Europe, le Vélodrome séduit autant les acteurs, toujours émerveillés d'évoluer dans ce cadre. L'EPCR, en charge de l'organisation des compétitions européennes, l'a bien compris, tenant bon pour maintenir ses finales à Marseille, initialement programmées en 2020, malgré les multiples contraintes causées par la pandémie de Covid-19. À raison.
La Ligue l'a aussi compris. Le Stade de France étant occupé par les JO en 2024, c'est à Marseille, et nulle part ailleurs, que se disputera l'ultime combat pour le Bouclier de Brennus. Une première, en dehors d'une délocalisation à Barcelone, en 2016. "On est super contents d'accueillir la finale, sourit Martin d'Argenlieu. Ça crée une magnifique histoire car on a actuellement les finales EPCR, la coupe du monde de rugby en 2023* puis la finale du top 14 en 2024 ! On est hyper fier car il y avait une solide concurrence, avec notamment Lyon. On est ravi, il y a encore des choses à écrire".
Pourquoi Marseille et son "OV", qui accueilleront le XV de France en novembre lors d'un test-match face aux champions du monde sud-africains, séduisent autant la planète rugby ? "Ce stade est magique, résume le DG de l'enceinte. Il reste celui de l'OM, avec tout l'environnement qu'il y a autour, cette ambiance, cette folie d'encouragements des supporters. Et, évidemment, sa situation en centre-ville, fait que les fans de rugby ont toujours adoré Marseille. C'est une ville pour faire la 3e mi-temps, on peut aller à pied du Vieux-Port au stade. On est cette ville méditerranéenne que le rugby adore parce qu'il y a l'ambiance autour, le côté festif plus difficile à trouver pour un stade excentré. On le retrouve dans d'autres villes comme Edimbourg ou Dublin... Ces stades en centre-ville dégagent un état d'esprit particulier. Le Stade de France reste le Stade de France, mais on a ce petit truc en plus. On essaye d'être l'autre stade, le deuxième, celui qui est différent, où il peut se passer des choses dans des ambiances particulières".
D'importantes retombées économiques
Une aubaine aussi pour l'OM, qui gère l'enceinte et, ainsi, a besoin de la faire fonctionner au-delà des traditionnels rendez-vous football. "Le président (Pablo Longoria) l'a rappelé, il faut qu'il y ait d'autres événements. On tient à rassurer les footeux : avec la pelouse hybride que l'on a désormais, il n'y a plus les problèmes que l'on a pu connaître par le passé, insiste Martin d'Argenlieu. Ce sont des revenus complémentaires pour le club, évidemment, mais ça fait aussi vivre le territoire. Nous avions réalisé une étude très solide, par le CDES de Limoges, lors des demi-finales du Top 14, en 2017, et les retombées économiques avaient été estimées à 21 millions d'euros ! C'est super important pour la ville, pour la région". Commerçants, restaurateurs et hôteliers peuvent continuer à se frotter les mains ; entre le stade Vélodrome et le rugby, l'histoire d'amour n'est pas près de s'estomper.
*6 matches dont Angleterre-Argentine et Afrique du Sud-Écosse en phase de poule, ainsi que deux quarts de finale.
La Provence