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C'est un énorme coquillage vide, ou presque, dont le coeur ne bat quasiment plus, ou à un rythme apathique. Il en a vécu, pourtant, des folles soirées, s'est embrasé. Il y a deux ans à peine, il s'était mué en véritable volcan, entrant en éruption le temps d'une nuit d'anthologie, un quart de finale de Ligue Europa qui avait vu l'OM étriller Leipzig (5-2). Ce 12 avril 2018, le Vélodrome avait vibré comme lors de ces moments de grâce extatique dont lui seul a le secret. Seulement voilà, depuis l'arrêt des compétitions sportives et des rassemblements pour cause de crise sanitaire et de confinement, cette enceinte mythique a perdu sa raison de vivre, du moins temporairement.
Côté événements sportifs, les cinq derniers matches de l'OM dans son antre, dont le Clasico face au PSG, sont reportés sine die. Le rugby devait s'inviter boulevard Michelet pour deux événements, le choc de Top 14 entre le RC Toulon et le Stade Toulousain (le 19 avril), et les finales des deux coupes d'Europe un mois plus tard (le 22 mai pour la Challenge Cup, le lendemain pour la Champions Cup). Ajournés également.
Côté spectacles, les concerts de Soprano (30 mai) et de Jul (6 juin), le festival Borderline (7 mai) subissent le même sort, tout comme les multiples séminaires d'entreprise qui se déroulent régulièrement dans les salons cosy du stade. Un coup dur pour l'exploitant du Vélodrome qui n'est autre que l'OM depuis le début de l'année 2019. Toutes les recettes se sont soudainement évaporées ; dans le même temps, le club olympien, qui a pris la suite d'Arema, continue à faire face à un flot de dépenses continues pour entretenir ce monument.
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"Passer cet orage de la manière la plus souple possible" (Colette)
"Nous maintenons un service minimum, explique Laurent Colette, directeur général de l'OM. 'Parcs et sports', notre responsable de la pelouse, l'entretient car on ne peut pas la laisser en friche. Une filiale du groupe Bouygues s'occupe de la maintenance de l'édifice car il faut faire attention à tout : le circuit électrique, les fuites, n'importe quoi. Il y a aussi une grosse unité de marins-pompiers, présente 24 heures sur 24, pour contrôler et réagir très vite s'il se passe quelque chose. La présence est assurée."
Tout cela a un coût, évidemment, tout comme les annulations en cascade. Un coup dur de plus pour l'entité olympienne déjà privée de ses autres recettes, des droits télé à la billetterie. Le club joue la discrétion sur le sujet. Mais convient tout de même : "Les chiffres sont confidentiels. Comme on n'est pas qu'un organisateur de matches de foot, l'impact économique n'est donc pas négligeable, avoue Colette. Vous pouvez regarder le calendrier prévu pour avril, mai et juin ; il y avait un certain nombre de choses. On est paralysé. Il faut attendre qu'on puisse repartir pour planifier un éventuel rattrapage."
Les perspectives n'ont rien de réjouissant avec l'incertitude liée à la reprise et l'hypothèse de jouer à huis clos, soit un nouveau manque à gagner potentiel. D'autant que la plupart des charges restent à régler, malgré tout. "Des charges ont baissé car on a moins d'activités, déroule le "DG" de l'OM. On n'a plus de stewards, plus de catering (restauration, ndlr). On est obligé de traiter certaines charges fixes. On essaie de voir si on peut passer cet orage de la manière la plus souple possible."
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"Aucune certitude" sur la reprogrammation des concerts
Avec un souhait avoué : reprogrammer plutôt que d'annuler les dates prévues. Pas de souci particulier pour les rencontres de l'OM, principal utilisateur du stade. Le rugby est décidé à maintenir ces événements, notamment les finales européennes. "On a de très bonnes relations avec le RCT qui a envie de le faire (programmer le match au Vélodrome) et on le fera dès qu'on le pourra. L'avantage du rugby, c'est qu'on peut y jouer pendant la saison, ça n'affecte pas trop la pelouse. On a envie, l'EPCR aussi qui veut terminer son cycle à l'image des coupes européennes de football."
La question s'avère plus complexe pour les concerts. Qui n'ont pas la priorité. "On essaie de les reporter, mais on n'a aucun calendrier précis, aucune certitude. On ne peut pas donner une date à laquelle l'Orange Vélodrome sera disponible car cette date peut être au milieu du calendrier de football. L'idée est de le faire, mais on doit attendre un peu pour fixer les dates avec sérieux", précise Laurent Colette.
Quant aux séminaires, tous sont également reportés. Mais les dégâts sont sans commune mesure. "C'est facile de reporter ce genre de chose. Quand vous faites une réunion de 50 personnes, vous n'êtes pas forcément tributaires du calendrier. Il faudra juste éviter les jours de match", précise le dirigeant. Lequel entrevoit une lueur d'espoir : "On a même eu, au compte-gouttes, des demandes au cours des dernières semaines d'entreprises programmant des événements pour novembre ou février prochains. On reçoit encore des sollicitations pour avoir des devis et réserver des événements qui pourront se faire si tout va bien dans quelques mois. Les entreprises auront envie de remobiliser leurs troupes. Faire des réunions, des conventions ou des congrès à l'Orange Vélodrome peut faire partie de leur plan de relance."
La provence