C'est qu'en réalité, bien plus qu'un mariage, le maire accompagné de son adjoint aux finances, Rolland Blum (LR), a présidé un couronnement : celui de la stratégie aux forceps de l'OM. Révélé jeudi dans La Provence, la nouvelle est désormais officielle : via un protocole d'accord signé par tous les acteurs, le club va récupérer, jusqu'en 2045, l'exploitation commerciale du Vélodrome. "L'OM entre dans le cercle fermé des grands clubs européens gestionnaires exclusifs de leur stade. C'est historique pour son développement !", a trinqué Jean-Claude Gaudin. La filiale de Bouygues, elle, conservera la maintenance. "Mais nous serons les seuls à décider du choix des prestataires et des améliorations à venir sur la pelouse, la sono ou les lumières. Des investissements importants vont rapidement être réalisés dans ces domaines (lire en page sportive)", promet le président olympien.
Trois points sur lesquels J.-H.E. s'était longuement épanché dans la presse, critiquant les carences d'Arema, au moment de lancer son raid sur le Vélodrome. Une prise en main jugée "prioritaire" par Franck McCourt, le propriétaire américain de l'OM qui, à défaut, avait menacé de ranger le chéquier. Voire de construire un nouveau stade ailleurs...
Ce coup de bluff, à l'heure où les supporters de l'OM ont retrouvé la foi après une année emballante, a conduit Jean-Claude Gaudin à s'impliquer directement pour faire pencher la balance. Hier, l'édile n'a d'ailleurs pas manqué de remercier nommément Martin Bouygues parmi ceux qui ont "consenti tous les efforts" pour "parvenir à cet accord". Un effort à relativiser : le groupe a déjà largement profité du très controversé Partenariat public-privé (PPP) choisi pour la réfection du stade. Et pourrait par la suite être associé à la réalisation du PPP à 1 milliard d'euros touchant à la rénovation des écoles marseillaises.
"C'est un accord équilibré et le début d'une nouvelle ère pour le Vélodrome", a concédé Bruno Botella. "Du gagnant-gagnant !" a renchéri J-H Eyraud, tout en notant, sourire aux lèvres, que l'OM récupère "100 % du chiffre d'affaires de l'exploitation du stade". L'argent du naming payé par la marque Orange inclus.
Dans les détails, ce changement de maître des lieux prendra "quelques mois", le temps de "finaliser" un contrat peaufiné par les conseillers d'Arema et celui de l'OM, Olivier Grimaldi. D'autres informations font état d'un passage de relais dès le 1er octobre. Précision importante : si la plupart des salariés "opérationnels" d'Arema vont être transférés dans la nouvelle entité chapeautée par l'OM, qui devient sous-délégataire, l'ancien gérant reste "garant" de la bonne exécution du PPP, qui court jusqu'en 2045. En attendant, le loyer d'exploitation de 13 millions d'euros versé à la Ville sera désormais garanti par l'OM, "même si McCourt venait à vendre", indique une source.
Sûr de son coup, l'OM se dit certain de "faire progresser significativement les recettes en devenant opérateur". Comment ? "En développant le spectacle, les compétitions sportives, les matches amicaux, les séminaires d'entreprise en lien avec le club, en aménageant les espaces VIP, en offrant une expérience plus réussie au public...", détaille JHE. "Nous pourrons encore présenter nos nouveaux joueurs et donner une identité visuelle forte à ce qui doit devenir le stade de l'OM", serre-t-il le poing. Du moins jusqu'en 2045... À cette date, en effet, "la Ville récupérera son enceinte, tonne le maire. Comme je l'ai toujours dit, je ne serais pas le maire de Marseille qui vendra le Vélodrome. Mes successeurs feront ce qu'ils voudront." Dans les faits, aujourd'hui, c'est l'OM qui a les clés et se sent comme à la maison.
La Provence