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Pour l'OM, c'est indiscutablement le plus gros coup du mercato. Voire la meilleure affaire depuis le rachat de l'institution par Frank McCourt, en octobre 2016. Mieux qu'un grand buteur ou un défenseur central d'envergure, toujours attendus, cette signature-là vient considérablement solidifier les fondations d'un club capable de tous les exploits mais souvent décrit, à juste titre, comme une maison de paille. Qui menace de s'effondrer à la moindre tempête sportive.
Selon nos informations exclusives, confirmées hier soir par la Ville dans un communiqué, après des mois de tractations serrées, parfois tendues, le président olympien Jacques-Henri Eyraud est arrivé à ses fins sur un sujet érigé en "priorité absolue" au sommet du club. C'est désormais une certitude : Arema, le gestionnaire du Vélodrome, va bien céder l'exploitation exclusive du stade à l'Olympique de Marseille. Et ce, à compter du 1er octobre prochain.
Propriétaire de l'enceinte, la Ville s'est réservé la primeur de l'officialisation, aujourd'hui, lors d'une conférence de presse en présence de Jean-Claude Gaudin (LR). "Le maire a considéré qu'il faut donner à l'OM, et donc à Marseille, les moyens de son développement. Il a pesé de tout son poids pour que cet accord soit trouvé", glisse une source municipale. "Le stade est désormais à nous ! On est dans la position du PSG qui a un bail emphytéotique pour le Parc des Princes. C'est un accord capital, qui change tout et va permettre véritablement de mettre en place le projet McCourt", se félicite un proche de la direction de l'OM. "Avec cette exploitation 365 jours par an", enchaîne-t-il, on va pouvoir reconfigurer le Vel' à notre guise et en faire un vrai stade dédié à l'OM. On pourra aussi organiser des séminaires, présenter des joueurs, placer des buvettes... Ça va générer de nouvelles recettes."
Bien que le club refuse à cette heure de confirmer l'information, histoire de respecter le plan com' prévu en amont, cette concrétisation ravira sans nul doute Frank McCourt. Le boss de l'OM ayant fait de cet axe une condition majeure pour ses futurs investissements. "Être locataire à mi-temps, cela n'a aucun sens, était sorti du bois l'Américain lors d'un "Face aux lecteurs" de La Provence, fin octobre 2017. Si vous êtes propriétaire de votre maison, vous investissez pour le long terme. Si vous êtes locataire, ce n'est pas pareil."
Une passe en profondeur opportunément reprise depuis par Jacques-Henri Eyraud, le président olympien qui notait, dans la foulée, que "tous les clubs de ce top 15 sont soit propriétaires de leur stade, soit gestionnaires exclusifs de leur enceinte. L'OM ne peut pas prétendre rivaliser avec ses adversaires directs sans en avoir les moyens". Avant de décliner les avantages de ce mode de gestion en citant, en vrac, les carences actuelles en termes de sono, de lumières, de pelouse, d'aménagement des abords, du banc de touche et des tribunes du stade... "C'est un levier très important", martelait encore "JHE", en appelant implicitement les supporters à se ranger de son côté pour que l'OM puisse "afficher des ambitions élevées".
Seulement voilà : alors que la municipalité avait autorisé dès juillet 2017 l'ouverture de tractations, les relations étaient devenues très fraîches, en juin dernier, entre la filiale de Bouygues et la direction olympienne. Rapidement, les discussions s'étaient transformées en combat de coqs. Mis sous pression par Jacques-Henri Eyraud, qui avait sorti la sulfateuse dans un entretien à La Provence (voir notre édition du 26 mai), la société dirigée par Bruno Botella - vexé que l'OM balaye sa proposition de cogestion - avait décidé de "suspendre les négociations". Tout en ouvrant la porte, bon gré mal gré, à une réconciliation.
"Arema doit être moins gourmand et l'OM doit proposer un peu plus", nous confiait à cette époque un acteur du dossier pendant que la mairie, via son adjoint aux finances, prenait position pour le plus volcaniques des clubs français. "Nous voulons que cet accord puisse consacrer l'exploitation du stade par l'OM", affirmait ainsi Roland Blum (LR), sans aucune ambiguïté. En mode droit au but : "Ce serait une bonne nouvelle dans la mesure où il y aurait une plus grande motivation de l'OM à développer des activités dans le stade, et même en dehors de la partie purement footballistique. Cela permettrait de générer davantage de recettes. Et en effet, automatiquement, ça rentrerait dans la partie variable du loyer payé par l'OM. C'est donc une bonne chose aussi pour le contribuable..."
Il faut dire que dans ce jeu en trois bandes, "JHE", fin négociateur, avait sorti l'arme atomique en menaçant de construire son propre stade ailleurs. Une position de façade qui n'a dupé personne, mais qui a fait monter la pression en hautes sphères. Et selon nos sources, poussé le maire à "faire le forcing" directement auprès du groupe Bouygues à Paris. Une société qui a par ailleurs de nombreux intérêts à Marseille. Elle pourrait, notamment, être associée à la réalisation du PPP (partenariat public-privé) à 1 milliard d'euros concernant la rénovation des écoles marseillaises.
Les termes de l'accord entre Arema et l'OM ? "Arema garde le PPP du Vélodrome et l'OM aura la gestion du stade", résume un proche du dossier, qui ne précise pas la somme lâchée par le club pour prendre la main. Arema conserve, lui, le volet maintenance, qui touche à l'entretien du bâtiment."S'ils arrivent à faire plus d'argent, ce sera tant mieux pour tout le monde, poursuit ce cadre, mais pour la Ville, l'essentiel c'est que l'OM a garanti que les recettes d'exploitation, actuellement versées par Arema, seraient prises en charge même si McCourt venait à s'en aller."
Un contrat d'exploitation, qui, selon nos informations, court jusqu'en 2045, soit la fin d'un PPP très critiqué et douloureux pour les finances de la collectivité. À cette date, celle-ci récupérera alors "son" Vélodrome. Du moins, sur le papier...