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Exploitation de l'Orange Vélodrome : Arema - OM, ça chauffe !
Mis sous pression par Jacques-Henri Eyraud, le président olympien, l'exploitant du stade a décidé hier de suspendre les discussions sur la gestion de l'enceinte marseillaise. Un accord ne semble pourtant pas loin
Malgré les positions de façade et la tension qui règne sur le dossier de la gestion du stade Vélodrome, Jacques-Henri Eyraud et Bruno Botella ne semblent pas loin d'un accord.
Le point de rupture. Enfin, pour le moment. Dans un long communiqué diffusé hier après-midi, Arema, la société exploitante du stade Vélodrome, a fait savoir qu'elle mettait fin aux négociations avec l'OM pour la gestion de l'enceinte du boulevard Michelet. "Après plusieurs mois de dialogue entre les parties en vue d'établir un partenariat durable et positif, les prises de paroles répétées de la direction du club résident à l'encontre d'Arema et de la Ville de Marseille nous conduisent aujourd'hui à devoir suspendre les discussions entamées", peut-on lire. "Nous ne pouvons qu'espérer que la bonne foi et le bon sens permettront à nos interlocuteurs de retrouver une attitude et un mode de communication plus constructifs et plus conformes à l'intérêt à long terme de tous les acteurs", conclut le communiqué, ouvrant déjà la porte à une réconciliation.
Quoi qu'il en soit, c'est une réponse tardive, mais cinglante, aux propos de Jacques-Henri Eyraud. Les muscles bandés et le corps huilé par les bons résultats de l'OM cette saison, avec une finale (perdue) en Ligue Europa et une quatrième place en Ligue 1, le président olympien avait sorti ses pectoraux luisants. Dans un entretien paru dans nos colonnes, samedi dernier, "JHE" tirait à boulets rouges sur le gestionnaire du Vel'. Et rappelait que "toutes les options étaient sur la table, y compris celle de construire notre propre stade". "Nous n'attendrons pas 2020 pour réviser nos ambitions à la baisse si l'exploitation du stade ne nous est pas confiée", appuyait-il, menaçant, sur le ton des "Bad Boys de Marseille".
Une sortie calculée pour faire monter la pression populaire des supporters de l'OM sur la filiale de Bouygues, qui, elle, n'est pas à l'équilibre financier. Le but n'a pas varié : que l'OM devienne exploitant de l'enceinte du boulevard Michelet pour pouvoir rivaliser avec le top 20 européen. C'est un des leviers de l'engagement du propriétaire de l'OM, Frank McCourt. "Être locataire à mi-temps, cela n'a aucun sens, indiquait l'Américain lors d'un "Face aux lecteurs" de La Provence, fin octobre 2017. Si vous êtes propriétaire de votre maison, vous investissez pour le long terme. Si vous êtes locataire, ce n'est pas pareil. Encore plus si vous ne l'êtes qu'à mi-temps."
A priori, "JHE", actuellement en déplacement aux États-Unis, ne répondra pas dans l'immédiat à Arema. Mais à en croire un observateur avisé de ce jeu en trois bandes très complexe, où chaque protagoniste fait ardemment valoir ses intérêts financiers, la direction olympienne n'a pas pour autant été ébranlée par ce retour à l'envoyeur. "Ça a plutôt fait sourire", souffle ce proche du dossier, qui enfonce : "Le consortium Arema, c'est une coquille vide. L'OM ne parle pas seulement avec eux. Les vraies discussions sont avec ceux qui ont le pouvoir décisionnaire : les actionnaires...". Comprendre principalement le groupe Bouygues - dont Bruno Botella, nommé à la tête d'Arema, est le directeur général adjoint de la branche bâtiment pour le sud-est - et la Caisse des Dépôts, ainsi que la CEPAC. "Des échanges ont encore eu lieu ces derniers jours", souffle l'interlocuteur.
"Arema doit être moins gourmand et l'OM doit proposer un peu plus" (un proche du dossier)
La mairie de Marseille, qui souhaite un dénouement avant le début de la prochaine saison, est elle aussi sortie de son silence par l'intermédiaire de Roland Blum, adjoint au maire en charge des finances et du budget (lire ci-contre). Le 28 juillet dernier, la Ville avait donné un accord de principe pour que les deux parties négocient. Elle aurait pu ne pas le faire, ce qui soulignait déjà, en creux, sa volonté de laisser à l'OM la gestion du stade 365 jours par an afin que le club olympien puisse poursuivre son développement.
"Ça dure depuis l'été dernier. Il faut arrêter de déconner, avancer et trouver une solution. Arema doit être moins gourmand et l'OM doit proposer un peu plus", estime un fin connaisseur. Une issue favorable est toutefois privilégiée par les différents acteurs, d'autant plus que les positions semblent éloignées "pour des broutilles". Ce qui ravirait sans nul doute les supporters du plus fada des clubs français. Selon une source bien informée, au bout du compte, le schéma ne serait pas loin d'être acté : Arema garderait le (décrié) Partenariat public-privé (jusqu'en 2045), ainsi que la maintenance (gérée par Bouygues Énergies & Services), tandis que l'OM récupérerait le contrat d'exploitation. Si cette option se confirme, cela aura fait beaucoup de bruit...