DES « AFICIONADOS » de nos amis
rappellent à l’occasion qu’il est des
boxeurs sans punch que l’on n’entendrait
même pas frapper à la porte. Ce
n’est pas quelque chose que l’on établirait
de Franck Ribéry : quand le
joueur de l’OM frappe à la porte de
l’équipe de France, cela fait un drôle de
vacarme. A deux mois, jour pour jour,
de l’entrée en compétition des Bleus
en Coupe du monde, contre la Suisse, à
Stuttgart, à unmois jour pour jour de la
fin du Championnat de Ligue 1, Franck
Ribéry sort d’un quart de finale de
Coupe de France victorieux à Lyon
(2-1), qu’il a éclairé de son jeu et de ses
accélérations.
Ce qu’il a fait à Gerland, et ce que Lyon
a perdu en huit jours, rappelle qu’au
moment de la distribution des prix la
grande idée de la construction et du
long terme compte moins, parfois, que
la forme du moment. A Milan (1-3), la
semaine dernière, comme du quart de
finale de l’Euro 2004 contre la Grèce
(0-1), ce sont les défaillances individuelles,
d’abord, qui ont conduit à
l’échec ; et encore s’y mêlait-il, à Lisbonne,
l’idée d’une équipe qui n’en
était plus une.
C’est lui, essentiellement, qui a déstabilisé
Lyon, mardi soir. Quand il part de
l’axe, à partir de la position que Jean
Fernandez lui a attribuée depuis trois
matches, il est même plus intéressant
encore que lorsqu’il demeure le long
de la ligne de touche dans une logique
de duels qui reste sa qualité absolue,
sa marque de fabrique. Il plonge à
droite, plonge à gauche et superpose à
sa rare facilité d’éliminer un adversaire
balle au pied sa capacité à créer des
espaces par ses déplacements, dans
l’implacable simplicité de l’axiome
« Je donne mon ballon et j’accélère
pour me démarquer et créer le mouvement.
»
Dans l’axe, même s’il ne peut pas
s’empêcher de revenir défendre parfois
bas, il fait moins de courses inutiles.
Et l’équipe de France devrait se
passer d’un joueur offensif qui peut
faire des différences à droite, dans
l’axe, et à gauche ?
Meilleur
que la concurrence ?
C’est la question que posede nouveau,
avec acuité, la performance de Franck
Ribéry avec l’OM, mardi, face à Lyon.
En ne le convoquant pas face à la Slovaquie
(1-2), au mois de février, Raymond
Domenech n’avait pas envoyé
de signe réellement encourageant à ce
joueur de vingt-trois ans qui ne compte
aucune sélection et qui est supposé, à
ce jour, disputer le Championnat
d’Europe Espoirs avec les enfants de
son âge, à la fin du mois de mai, auPortugal.
Mais, après tout, l’absence de Ribéry
dans cette liste pouvait se lire soit
comme une décision durable et définitive
du sélectionneur, soit comme la
volonté de la protéger jusqu’à la communication
de la liste. Et depuis on ne
peut pas dire que les concurrents
directs du joueur marseillais se détachent
irrésistiblement. Sidney Govou,
freiné par une blessure à l’épaule, a fait
des apparitions parfois bonnes,parfois
quelconques, mais a vu son temps de
jeu se réduire ces dernières semaines.
Ludovic Giuly n’a pas profité de la blessure
de Messi pour retrouver sa place
de titulaire à l’aile droite de Barcelone.
Robert Pires, qui part de loin, a fait un
match remarquable contre la Juve
(2-0) en Ligue des champions, mais
l’ensemble de sa saison ne s’est pas
situé à ce niveau. Jérôme Rothen, particulièrement
malchanceux avec les
blessures, n’a jamais pu enchaîner les
matches ces derniers temps. Or, parmi
ces cinq joueurs, si l’on ajoute Ribéry,
on peut penser qu’il y aura un heureux,
pas plus.
Estimer que Franck Ribéry est un peu
au-dessus de la concurrence n’est pas
scandaleux. Govou est le plus guerrier,
Giuly le plus adroit devant le but, Pires
le plus passeur, Rothen le plus centreur,
et Ribéry a un peu de tout cela.
Au bout de vingt mois de vie commune
sous le maillot bleu et d’observations
sur tous les terrains européens, il est
possible que Raymond Domenech ait
sa liste en tête depuis un moment.
Mais de même qu’il avait forcé la main
d’Aimé Jacquet pour que le sélectionneur
retienne Thierry Henry, qui avait
brillé avec les Espoirs en Suède, au
mois d’avril, Raymond Domenech doit
forcément se pencher sur ce drôle de
joueur qui fait de drôles de différences.
Car la sélection des joueurs offensifs,
dans une phase finale, s’accompagne
de critères qui ne concernent pas les
autres lignes dans les mêmes proportions.
Dans une phase finale, 80 %du
coaching concerne des joueurs offensifs.
Et, à l’instant d’évaluer l’apport
d’un joueur offensif de l’équipe de
France qui ne serait pas un titulaire évident,
la vraie question n’est pas de
savoir ce qu’il réalise pendant
90 minutes, en général, mais ce qu’il
est capable de changer, dans un
match, en un quart d’heure.
C’est cette conviction que Ribéry, par
sa vitesse, ses dribbles et son insouciance,
est capable d’apporter. Cette
étincelle, dans ces fins de match où les
entraîneurs gèrent parfois les ego et
les statuts plutôt que d’écouter leurs
convictions profondes, qui pousse,
aujourd’hui, à espérer qu’il figure dans
la liste des 23, le 15 mai prochain. Sur
la durée d’une saison, et en dépit de
quelques chutes de tension dues à la
dépendance dans laquelle son talent a
plongé l’OM, l’effet de mode n’est plus
un phénomène envisageable. Il a vraiment
confirmé. Et en Allemagne, franchement,
il ne déparerait pas.
VINCENT DULUC
l'equipe.fr y va de son sondage également ( n'oubliez pas de voter):
http://www.lequipe.fr/
le joueur y croit:
« COMMENT jugez-vous votre
performance mardi soir contre
Lyon ?
– Depuis le match de Nantes (3-1), j’ai
retrouvé du peps, je me sensmieux par
rapport à la reprise après la trêve. À ce
moment-là, l’envie était toujours là,
mais je n’avais plus la tonicité des six
premiers mois. Sur le match de Lyon, je
suis content de ma performance et de
celle de mes coéquipiers. C’était
agréable, la température était bonne,
la pelouse aussi, le stade était plein,
des conditions idéales pour réussir un
bon match.
– Cette réussite à Lyon n’estelle
pas pour vous une revanche
par rapport au match de Championnat
à Gerland, où vous
n’aviez pas réussià enflammer le
match?
– Cela n’avait pas été facile en Championnat,
on avait perdu (1-2) après
avoir fait un bon match, donc c’était
effectivement une revanche pour moi
et l’équipe. On est contents, parce que
cela fait plusieurs années qu’ils sont la
meilleure équipe, on parle beaucoup
d’eux. Et puis, nous sommes satisfaits
parce que depuis trois matches on joue
à quatre joueurs offensifs à l’extérieur,
on a gagné deux fois, à Nantes et à
Lyon. C’est normal pour un club ambitieux
comme l’OM, mais je pense qu’il
y a peu d’équipes qui ont joué comme
cela à Lyon.
– Comment avez-vous géré
cette période moins bonne au
creux de l’hiver ?
– Cela a commencé par une tendinite
au niveau d’un genou fin novembre. Et
en fait, elle revient de temps en temps,
elle est toujours là. Il faudrait trois
semaines de repos et je n’ai pas envie
de m’arrêter.
– Savez-vous combien de
matches vous avez joué cette
saison ?
– Non.
– 52 : 47 avec l’OM, 5 en Espoirs.
– J’ai joué 52 matches depuis le début
de la saison ? C’est beaucoup, on va
dire, non? Je savais que j’étais le
joueur marseillais à avoir le plus joué,
mais le total, non.
– Il est difficile d’être au top
toute la saison ?
– Je ne suis tout de même pas un
robot. Mais sur les 52 matches, j’ai
quand même fait de bonnes choses.
Même fatigué, il est important que
reste l’envie de se battre sur le terrain,
de mouiller le maillot. Souvent, les
équipes me prennent à deux au marquage.
Quand j’ai la tonicité, j’arrive
quand même à faire la différence.
– Avez-vous conscience d’avoir
marqué des points pour la sélection
en équipe de France après
avoir notamment dominé Abidal
et Reveillère ?
– En plus, il y avait Raymond Domenech
et Bruno Martini (entraîneur des
gardiens) à Gerland. C’était face à
Lyon, à l’extérieur, une équipe qui
domine le Championnat et a fait un
bon parcours en Ligue des champions.
Je suis très content de maperformance
dans ce contexte. Et j’espère que cela a
plu au sélectionneur, que je vais rééditer
lemêmegenre de matches et, pourquoi
pas, avoir la chance de faire partie
la liste des 23.
– Vous y croyez ?
– Oui, les Bleus, j’y crois, je vais tout
faire pour y aller. Jusqu’à présent, je
n’ai rien à me reprocher, j’ai fait mon
travail, ce qu’il fallait. Après, il faut respecter
le choix du sélectionneur.
– Qu’est-ce que vous pensez
pouvoir apporter à l’équipe de
France ?
– Je me vois bien apporter de la
vitesse, faire des décalages. Je suis à
l’aise techniquement, je vais de
l’avant. Je suis un joueur tranquille, qui
n’a pas peur, je ne memets pas la pression
pour rien.
– Et la saison prochaine, serezvous
toujours marseillais ?
– ÀMarseille,mafamille est moi on se
sent bien. J’ai le sentiment d’être un
peu le chouchou des supporters. Je suis
en confiance dans le club. »
DOMINIQUE ROUSSEAU
Allez votre avis en cette fin de saison ...
PS: notez bien qu'il ne repond pas a la derniere question ...