par Di Maggio » 09 Mar 2006, 13:50
gob, tu as déja mis le lien mais je pense qu'il est interessant de valoriser cet article !
PSG - OM : le sommet du ridicule ?
Le sommet tant attendu n’aurait pas tenu ses promesses? Pas si sûr... Contrairement à ce que pensent les journalistes sportifs, l’essentiel a été préservé.
Tout a commencé au milieu de la semaine dernière avec un banal problème de places attribuées, ou plutôt non attribuées, aux supporters marseillais. Classique tentative de déstabilisation avant un choc? Pas si sûr, quand on connaît la suite: Pape Diouf, président du directoire de l’Olympique de Marseille, menace de ne pas envoyer à Paris ni ses titulaires, ni ses supporters. Et dimanche, alors que personne ne voulait y croire deux jours plus tôt, une équipe de gamins, entre 17 et 20 ans, tiennent tête comme des grands aux joueurs de la capitale, évoluant cinq divisions au-dessus.
Les journalistes sportifs sont tiraillés entre la volonté farouche affichée de critiquer cette rencontre, et l’envie de reconnaître que ces minots ont accompli un véritable exploit.
Le pourquoi de ce match a fini par échapper à tout le monde. Pape Diouf n’a pas fait le choix aveugle de laisser dans la cité phocéenne ses meilleurs éléments pour le seul plaisir d’avoir raison et de gâcher un spectacle qui fut malgré tout correct pour ceux qui aiment l’OM.Son vœu, il l’a assez répété, a été celui de la sécurité.
Or, en ce qui concerne la sécurité, Monsieur Diouf considère que le PSG a encore des progrès à faire, et on ne peut que lui donner raison sur ce point. Le sujet de discorde principal est l’attribution des fameuses places réservées aux supporters adverses.
Le règlement de la Ligue dit clairement que 5% des places dans le stade doivent être attribuées au club visiteur. Au Parc des princes, cela représente 2000 places.
Dans un premier temps, le club parisien a reçu une commande de 1000 places. Par la suite, une nouvelle demande de 500 places supplémentaires a été envoyée au siège du PSG. Refus.
Le motif de ce refus est stupéfiant: les places ont d’ores et déjà été vendues. Les dirigeants parisiens auront beau se défendre de la vente de ces places par l’invocation d’un gentleman agreement en vigueur entre les deux clubs sur une limitation à 1000 places, cela n’explique pas et n’excuse pas la commercialisation de ces sièges qui auraient dû rester vides, pour des raisons évidentes de sécurité -à la base de ce gentleman agreement. Que le PSG les refuse à l’OM, c’est une chose, mais qu’ils les vendent...
Car cette tribune litigieuse est située juste au-dessus de celle où se seraient installés les visiteurs. Cette configuration fait frémir quand on a de la mémoire, ce qui semble cruellement manquer tant aux journalistes sportifs qu’aux dirigeants parisiens ou aux responsables de la Ligue, Frédéric Thiriez en tête. Le souvenir de Geoffrey Dilly est encore vivace pour ceux qui veulent bien se souvenir; ce jeune supporter marseillais avait reçu, en 2002, un siège dans la nuque, lancé par un supporter parisien depuis la tribune supérieure. Il ne marchera plus, et n’aurait pas pu de toute façon venir à Paris ce dimanche.
On a pu entendre également de la bouche de Pierre Blayau, président du PSG, que les mesures de sécurité avaient été approuvées par l’OM, par l’intermédiaire de son Monsieur sécurité, Guy Cazadamont. Celui-ci a démenti. Comble du ridicule, Jean Philippe d’Hallivilée, responsable sécurité au PSG, confond également son président en confirmant les propos de son homologue marseillais.
Autre excuse invoquée par les responsables parisiens: les mesures sont les mêmes que l’année dernière. Justement, est-ce suffisant? La violence au PSG n’est-elle pas montée d’un cran depuis un an? Demandez aux Tigris et aux Boulogne Boys. Demandez à ce gérant de station service près de Nantes, dont les locaux ont été ravagés par les supporters parisiens au retour d’un match à la Beaujoire. Dans un club où les supporters se battent entre eux, quel sera le sort des supporters adverses, et en particulier de ceux de l’OM?
Il me semble que la position des journalistes, mais aussi celle de la Ligue dans cette affaire, ne sont pas raisonnables, pour ne pas dire qu’elles sont inconscientes et scandaleuses: quand on sait ce qui se passe au PSG, qui contraint aujourd’hui le ministre de l’intérieur à déposer un projet de loi permettant la dissolution des groupes de supporters violents, toutes les précautions doivent être prises.
Je pense que Pape Diouf n’est pas idiot, les intérêts financiers dont il est en charge et qui étaient aussi l’enjeu de ce match sont importants. Pourtant, il a fait le choix de la raison, en préférant perdre trois points qu’une vie humaine. Cette attitude mérite d’être saluée, d’autant que le résultat sportif de cette rencontre ne fausse en rien le championnat, les Parisiens s’étant montrés incapables d’ouvrir le score face à ces jeunes investis d’une mission, porter haut les couleurs de leur club.
Face au foot violent, face au foot business, ces minots ont opposé une image pleine de fraîcheur, des sourires spontanés qui font du bien au foot français, n’en déplaise aux grincheux de canal+.
Alors, pour ceux qui n’ont pas été blessés, tués, arrêtés, assommés, interpellés, je pense que l’on peut remercier ceux qui, à la place de la Ligue professionnelle de football, ont appliqué le principe de précaution.
Tous les Marseillais ont fait la fête hier soir, et ça ne fait de mal à personne. Quant au commentateur qui, devant les visages joyeux de ces jeunes joueurs, prétend qu’on ne peut pas se réjouir de ce match, il a tort, sauf si l’on se place côté parisien, ce qui ne serait pas étonnant à CANAL+.
Le tout-puissant argent n’a pas gagné, pour une fois, malgré d’éventuelles pressions de CANAL+ qu’on imaginerait terribles pour convaincre les Marseillais d’aligner leur équipe-type afin d’offrir aux abonnés les jeux du cirque.
Alors on se demande si le sommet du ridicule n’a pas été atteint par ces personnes qui font fi de toute valeur, qui se moquent de la vie humaine. Pour mémoire, une centaine de supporters parisiens ont été interpellés, dont certains pour provocation à la haine raciale, une fusée s’est écrasée sur la pelouse, en direct sur nos écrans, sans que personne ne dise quoi que ce soit. On se dit juste que certains ont eu raison.
Le plus ridicule a été atteint par un entraîneur du PSG déjà dépassé par la pression du club de la capitale et de son encombrant actionnaire. Jusqu’au bout, il aura cru au "coup de bluff": "Avec les Marseillais, on peut s’attendre à tout". Se servir d’un problème de sécurité, mettre en avant les vies humaines pour s’offrir un effet de surprise, voilà qui aurait été petit, vil et mesquin. Le penser l’est tout autant, Monsieur Lacombe.
Alors, tant que le PSG n’aura pas réglé ses problèmes de violence, tant que la Ligue, plutôt que de ne s’occuper que de l’argent des droits TV, ne se penchera pas sur les problèmes de violences dans les stades, tant que les journalistes sportifs ne se nourriront que d’images chocs, tout en les condamnant, eh bien, il faudra renouveler cette expérience, heureuse et salvatrice.