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pascalouch a écrit:Notes du côté obscur par Travis Bickle : http://www.omlive.com/infos.php?id=2113
EDITO
PAUVRE FOOTBALL
N policier et demi par supporter marseillais, c’est Uce qui était envisagé si les 1 200 fans de l’OM
prévus avaient fait le déplacement à Paris. Mais la
tribune qui leur était réservée est restée désespérément
vide et Marseille a présenté hier au Parc ses minots, des
joueurs habitués à jouer en CFA 2 qui, au coup d’envoi,
totalisaient une soixantaine de matches en équipe
première. Une misère. L’aboutissement d’un
jusqu’au-boutisme aveugle des dirigeants marseillais,
indigne d’un des plus grands clubs professionnels
français. Les minots ont créé la surprise en arrachant
le nul (0-0) face au PSG et vont être accueillis en héros
aujourd’hui sur la Canebière. Les dirigeants marseillais
avaient beau jeu de pavoiser dans les vestiaires du
Parc, mais l’exploit de leurs jeunes ne leur donne pas
pour autant raison et n’enlève rien au manque de
respect dont ils ont fait preuve vis-à-vis du football
français dans son ensemble. Avec, en plus, des Parisiens
pratiquant un football d’une insigne indigence,
incapables de battre la réserve marseillaise, on n’ose
imaginer la perte de crédibilité qu’enregistre notre
Championnat dans le concert européen. Terrible hasard
du calendrier, la veille, le rugby français a écrit une des
grandes pages de son Championnat dans un Stade de
France où 79 604 spectateurs ont partagé une longue
soirée de sport et de fête ponctuée par une victoire du
Stade Français face à Biarritz (21-16). Pourtant, à aucun
moment, Max Guazzini n’a voulu s’engager dans une
comparaison facile, trop facile avec la pitoyable
mascarade qui se préparait pour ce qui aurait dû être
un des sommets de la saison 2005-2006 de Ligue 1 de
football. Les dirigeants du rugby français ont les pieds
sur terre et ne croient pas au « Grand Soir ». Ils savent
très bien que le football est appelé à rester le sport
no 1 en France. Mais ils peuvent être légitimement fiers
d’avoir fait d’un Stade Français - Biarritz, aux enjeux
considérables, un moment de ferveur intense où 40 000
spectateurs ont pu avoir accès au temple du sport
français avec des billets de cinq à dix euros. Samedi
soir, le rugby a encore franchi un palier dans le cœur
des Français et dans sa professionnalisation. Hier, à
quelques kilomètres de là, le Championnat de France de
L 1 a, lui, fait un grand pas en arrière et a terni
son image.
Blayau et Lacombe face à la honte
Le président et l’entraîneur parisiens ont tenté d’assumer l’humiliation suprême vécue par le PSG.
C’ÉTAIT LA MOINS mauvaise solution
: faire front, s’expliquer et éventuellement
s’excuser auprès du
public. Sitôt l’humiliation consommée,
le président Pierre Blayau est
venu dire sa « tristesse ». « L’équipe
“une” du PSG n’a pas été à la hauteur,
techniquement et mentalement,
a-t-il estimé. J’ai honte du spectacle.
On est tombé dans la logique du
match piège. Je voudrais présenter
mes excuses au public. Paris mérite
mieux. Il reste neuf matches de
Championnat et la Coupe de France
pour faire mieux. Tout ça n’est pas
digne du PSG. »
Suffisamment indigne pour qu’il présente
sa démission à Canal+ ? « Une
démission n’aurait pas de sens,
répond Blayau. Ça ne résout rien, ça
ne m’est pas venu à l’esprit. » Fin
décembre, il lui était venu à l’esprit de
remplacer Laurent Fournier par Guy
Lacombe alors que, rappelons-le, le
PSG n’était qu’à un point de la deuxième
place. Des regrets face au
désastre, alors que le public a une
nouvelle fois scandé le nom de Fournier
? Aucun. « Il ne faut pas regarder
derrière, assure Blayau. Le remplacement
de Fournier, je m’en suis déjà
expliqué. » Et l’urgence ? « Je ne
prendrai aucune mesure radicale à
court terme, je vous renvoie à ce que
les journalistes écrivent depuis longtemps
: la réussite d’une équipe passe
par sa stabilité. » Celle qu’il accorde à
Guy Lacombe n’aurait pas la même
valeur que celle dont il a privé Laurent
Fournier pour des résultats largement
supérieurs. C’est sa logique, mais elle
se heurte chaque week-end au bilan
du PSG de Lacombe, désormais de
onze points en dix matches.
Lacombe :
« Ce n’est pas juste »
Avec moins d’aplomb et plus d’hésitations,
ce dernier a justifié le volet
technico-tactique de cette contreperformance.
Il a déploré « le
manque d’investissement et de percussion
» , en regrettant que « certains
joueurs (aient) eu peur de l’événement
et perdu leurs moyens dans le
contexte de la victoire obligatoire
(…) Ce ne sont que des hommes » .
Au rayon des excuses, il a précisé que
« l’OM n’avait pas une équipe de
CFA 2, mais une équipe convenable
avec des joueurs de qualité » . Enfin, il
s’est sans doute égaré en invoquant
« le terrain difficile » et ce coquin
« de sort » , qu’il dit contraire au PSG.
Car ce qui était vrai, samedi dernier
contre Nantes (0-0), où Paris devait
gagner, ne s’applique pas au match
d’hier, durant lequel le PSG ne s’est
pas créé plus de cinq occasions
franches. Pourquoi un bilan si dérisoire
? Parce que « l’OM avait une
ligne de cinq et une ligne de quatre,
toujours difficiles à passer,estime
Lacombe, il faut un fonds de jeu bien
huilé pour trouver des solutions. Ce
que devait faire l’OM était plus facile
que ce que nous avions à faire nous » .
Mais il n’est pas allé jusqu’à reprocher
aux minots d’avoir fermé le jeu…
Si Blayau fut interrogé sur sa stratégie,
Lacombe le fut sur ses choix :
Rothen sur le banc ? Rodriguez à
droite ? Yepes sur une jambe ?
« Rothen a fait une bonne rentrée,
Mendy était pris à partie par le public,
ne cherchez pas la petite bête avec
Mario (Yepes). » Et lui dans tout cela,
ses sentiments, son avenir, son moral,
ses joueurs, son public ? À la volée, il
a assumé comme il a pu. « Ça ne
tourne pas et il n’y a que le résultat qui
compte (…) C’est dans les épreuves
qu’on voit les hommes (…) C’est vrai
que c’est un affront mais on n’est pas
mort pour autant (…)Ce qui
m’ennuie le plus, c’est cette incompréhension
entre le public et les
joueurs (…) Je ne suis pas sûr que ce
soit ce soir que nous ayons touché le
fond... » Il pense à la défaite contre Le
Mans (0-1), mais y croit-il vraiment ?
Et puis, juste avant de quitter la salle
de presse, Lacombe résuma son sentiment
par cette phrase, terrible
d’impuissance : « Ce n’est pas juste
pour Paris… »
RÉGIS TESTELIN
Une forteresse bien triste
Le lourd dispositif de sécurité prévu a été maintenu. Le Parc, lui,
est resté plus calme que d’habitude.
UNE HAIE DE STEWARDS en veste
rouge, adossés à une vitre en Plexiglas,
protège une tribune vide. Aucun Marseillais
n’a assisté au match courageux
livré par les réservistes de l’OM. Ce
coin du stade était pourtant à l’image
du reste du Parc des Princes : sous
haute sécurité. Drôle d’ambiance :
quinze policiers avaient été maintenus
en place pour surveiller des sièges
inoccupés. Dehors, ils étaient près de
1 200 représentants des forces de
l’ordre, soit l’effectif prévu, pour filtrer,
contrôler les spectateurs et assurer la
protection des joueurs de l’OM à leur
arrivée et à leur départ.
Il est 15 h 45 lorsque leur bus approche
du Parc, encerclé d’un cordon de gendarmes
mobiles. Un dirigeant parisien
en charge de la sécurité respire : « Au
moins, il n’a pas été caillassé. » Pas
comme l’an dernier. Des supporters du
PSG tentent d’apercevoir les joueurs,
mais les vitres teintées les en empêchent.
« Je suis sûr qu’il y a des pros
dedans », lance un Parisien. D’autres
sont convaincus que des supporters
provençaux ont fait le déplacement.
La rumeur… Selon la préfecture de
Paris, une cinquantaine d’indépendants
auraient fait le voyage. Aucun
n’apparaîtra.
En revanche, lorsque les « minots » de
l’OMmontrent leur tête sur la pelouse,
limite intimidés, ils sont accueillis par
l es mêmes s if fl e t s que ceux
qu’auraient connus les coéquipiers de
Barthez. José Anigo, le directeur sportif,
les suit, mais son apparition sera
furtive. Pape Diouf restera plus longtemps.
Il discute quelques minutes
avec Sylvain Armand, le défenseur
parisien dont il fut l’agent, suspendu
hier, avant d’aller à la rencontre de
nombreux journalistes, qu’il tente à
nouveau de convaincre : « Tout le
mondemeparle de foot, mais je n’en ai rien à faire du foot quand la sécurité
des gens est en jeu. » Interrogé sur
l’arrivée de la délégation phocéenne à
Paris, le président marseillais ajoute :
« Il faut voir le cortège qu’on a eu…
C’est comme si Bush arrivait. Comme
quoi, ça sert quand même de crier
un peu. »
Les deux virages du Parc chantent
alors à l’unisson : « Diouf, Diouf, on
t’enc… » Pierre Blayau, son homologue
parisien, passe derrière lui. Pas un
mot, pas un regard, pas un salut. « Ni
avec Anigo d’ailleurs », glisse le président
du PSG. Dans les tribunes, des
banderoles sont dépliées. Côté Boulogne
: « OM-PSG : vestiaires empoisonnés,
supporters caillassés. C’est ça
la sécurité ?» Juste à côté, un cercueil,
avec une inscription : « OM. » Côté
Auteuil : « Après Bosso, Titoff, Diouf,
star du comique. »
« Il aurait fallu qu’ils viennent avec leurs minimes »
Mais au cours du match, les reproches
du public parisien s’adresseront vite à
leur propre camp. 32e minute : Mendy
est remplacé par Cesar. Sifflets nourris
et début de fâcherie entre Lacombe et
son défenseur. À la mi-temps, les supporters
grondent à nouveau leur
mécontentement. Mais l’atmosphère
n’a rien à voir avec les traditionnels
duels entre le PSG et l’OM. Pas de chaleur,
pas de folie.
Le Parc s’impatiente, scande le nom de
Laurent Fournier, exige la « démission
» de Canal + puis demande à être
remboursé. L’issue du match est toute
proche. Des mouchoirs blancs sont
agités, « à l’espagnole », et deux
fumigènes sont lancés sur la pelouse.
L’un rebondit sur le toit du Parc et
retombe dans la tribune Boulogne,
sans gravité. Au terme des trois
minutes de temps additionnel, l’OM
tient son exploit, le PSG son humiliation.
Nouveaux sifflets, accompagnés
de quelques applaudissements pour
l’équipe marseillaise. « Il aurait fallu
qu’ils viennent avec leurs minimes »,
ironise un spectateur.
Retour sur la pelouse : la joie des
mômes est énorme. Laurent Spinosi,
l’entraîneur des gardiens, leur
demande d’applaudir en l’air. Ironique
?Un peu plus tard, les intéressés
démentiront.« C’était un geste pour la
télé, pour remercier nos supporters
restés àMarseille », dira Emon. La version
de Cédric Carrasso est un peu différente
: « C’était bizarre. On ne savait
pas comment exprimer notre joie. En
fait, on s’applaudissait nous-mêmes,
je crois. »
DAMIEN DEGORRE
et SÉBASTIEN TARRAGO
RECTIFICATIF. – Contrairement à ce que nous affirmions dans nos éditions d’hier (dans l’article « Diouf : “Tranquille dans ma tête” »), Pape Diouf, le président du directoire de l’OM, avait fait part de son inquiétude sur le fait que mille Marseillais puissent se retrouver sans billet aux abords du Parc des Princes avant on passage sur le plateau de Canal + samedi soir.
CAZADAMONT PRÉCISE. – Guy Cazadamont, le responsable de la sécurité de l’OM, a démenti, hier, avoir visité le Parc des Princes en compagnie de la commission desécurité, contrairement à ce quelaissait entendre L’Équiped’hier. Il s’est présenté à Paris à une convocation de la police sur le thème de la sécurité, mais il n’a pas validé une visite au Parc des Princes. Il a précisé que la tribune qui devait accueillir les supporters marseillais au départ contenait 1 379 places. –J.Ri.
Football de carnaval
LE FOOTBALL A REÇU une fois de plus le bonnet d’âne
du mauvais élève de la classe. Et le rugby le brevet de
bonne conduite. Depuis plus d’un siècle, il en est ainsi.
Ici, les bonnes manières héritées d’ancêtres aristos, là,
lesmœurs vulgaires nées de ce péché originel : à sa naissance,
le football du peuple n’avait pas les moyens de
cracher sur l’argent.
Ce jeu ne porte pas le mal en lui. Mais il ploie sous une
croix infiniment lourde à porter, celle de sa vogue planétaire.
Ses vilaines façons auraient pu lui valoir depuis
longtemps le déshonneur et le bannissement universels.
Mais non. Sa popularité ne cesse de s’étendre, d’alourdir
son fardeau et d’accroître le vacarme qu’il produit.
Le stade de football est un lieu de carnaval. En France,
charivari et déguisement des supporters sont relativement
récents. C’est avec la médiatisation de ce sport,
projeté par la fièvre stéphanoise puis bleue dans les tentacules
de la télévision, qu’une partie
des spectateurs des stades de
France a changé de registre. Certains
d’entre eux sont alors devenus
spectateurs-acteurs. Être à la fois
spectateur et acteur, être vu autant que voir, c’est une
des caractéristiques du temps de carnaval.
Une autre est de jouer à renverser, pour quelques heures
ou quelques jours, l’ordre du monde. Le roi est singé. Le
pauvre devient riche. Le noble devient serf. Toutes les
opinions sont possibles, y compris les pires. Le temps
ancien et le temps nouveau se confrontent.
Au football, tout cela est possible. Les puissants s’y
montrent et s’y font huer. Le plus faible peut toujours y
battre le plus fort. Il y est facile, fondu dans la masse, de
prendre position, même de la façon la plus ignoble. Et
ainsi de se rendre insupportable, le comble pour un supporter.
Au stade, l’anonyme peut avoir sa seconde de
gloire : m’as-tu vu à la télé ?
Le stade de football propose à sa façon une représentation
du monde qui, même maquillée, n’a pas lieu d’être
plus réjouissante que celle qui sévit de l’autre côté des
tribunes. D’un dimanche à l’autre, au cours de cette
semaine de mardi gras, l’humeur des stades de France ’a
peut-être rien fait d’autre que répercuter quelques
signes de l’humeur de la France.
Le dernier dimanche de février, à Lens, casques et
lampes sont sortis du musée de la mine. Le peuple de
Bollaert s’est tendrement retrouvé mineur de fond pour
célébrer le centenaire de la catastrophe de Courrières.
Est revenu en mémoire le vers du poète-mineur Jules
Mousseron :« l’deuil est partout dins l’cité ».ÀBollaert,
la belle solidarité prolétarienne d’antan, vestige d’une
classe ouvrière décomposée, s’est exprimée. Mais aussi,
certainement, la nostalgie d’un football de proximité
sociale, quand celui d’aujourd’hui renvoie aux terribles
expression de mondialisation, de délocalisation, de loi
du marché. Carnaval célèbre le passé, à fleur de larmes,
pour échapper au présent.
Mercredi des Cendres, Fabien Barthez a été sifflé à
Saint-Denis. Au carnaval de jadis, on criait : « Sortez les
sortants ! » Barthez a été propulsé
naguère au plus haut de la
célébrité et de la popularité. À
l’exagération de l’amour du
joueur, des célébrités et des
hamburgers, succéderait l’expression, tout aussi abusive,
d’un désamour irraisonné. Barthez serait la victime
d’une envie de déboulonner les statues comme cela
arrive parfois aux foules. Le public a sifflé Barthez au
stade, de la même manière qu’il répond aux sondages
télé par SMS. Il estime avoir payé pour ça.
Avec le dernier épisode de PSG-OM, la semaine de mardi
gras s’achève dans le règne de la déraison : les tribunes
sont pleines, y compris de ceux qui raffolent se
battre sur une aire d’autoroute, mais les adversaires
attendus sont restés chez eux. Le jour approche où de
pseudo-spectateurs déguisés en joueurs de football disputeront
leurs matches bruyants, enfumés et imbéciles
dans les travées. Sur le terrain ne défilera qu’une soldatesque
harnachée pour protéger le caractère sacré d’un
rectangle de pelouse vidé de ses acteurs. Évidemment, il
ne s’agit là que d’une fantaisie de carnaval. Quand il
sera entré en Bourse, le foot sera devenu une affaire trop
sérieuse pour tomber dans la mascarade.
DIDIER BRAUN
"Thiriez n’a pas fait son travail »
JOSÉ ANIGO, très fier du match de ses joueurs, ne digère pas le comportement du président de la Ligue.
Loin de l’effervescence du Parc des Princes, José Anigo nous a accordé
un entretien téléphonique, hier soir, depuis son hôtel parisien. Il est
revenu sur la performance de son équipe, avant de donner son point
de vue sur l’affaire qui a secoué le football français ces derniers jours.
Sa cible : Frédéric Thiriez.
« QUEL EST VOTRE sentiment au
soir de match nul ?
Un sentiment de justice. On a eu une
ligne de conduite, et on n’en a pas bougé.
Pas grand-monde ne nous a compris.
Mais on a fait ce qu’il fallait faire.
Cela fait vingt ansque l’on remplit tous
les stades de France, que nos supporters
nous suivent partout. Le minimum,
c’est de respecter ces gens-là.
– Que regrettez-vous ?
Frédéric Thiriez n’a pas fait son travail.
Il a préféré se donner en spectacle
devant les caméras de télévision.
L’année dernière, notre bus avait été
saccagé. Je ne l’ai pas entendu à ce
moment-là. Cela me met encore plus
en colère. Il y a deux poids, deux
mesures. Quand il dit que c’est un
amoureux de l’OM, cela fait rire beaucoup
de gens. Tout ça est politique. On
nous a rentrés dedans parce que nous
n’avons pas de poids à la Ligue, qu’on
n’est pas représentés là-bas. On a donné
notre réponse sur le terrain.
« Ce résultat nous donne une force inouïe »
– Pourquoi, alors, personne ne
semble vous avoir compris ?
Il faudrait se placer du côté
marseillais pour comprendre.
– Ne redoutez-vous pas un
divorce entre l’OM et le football
français ?
Je ne sais pas… On ne peut pas dire
que la Ligue soit très populaire à Marseille.
Thiriez a appelé les groupes de
supporters, vous pouvez vérifier, pour
essayer de les retourner contre nous.
Ce n’est ni très fin, ni très intelligent. Je
ne sais pas si le public marseillais serait
ravi de le voir au Vélodrome.
– Mais n’en avez-vous pas assez de toutes ces histoires ?
Quand Thiriez dit qu’il en a marre de
ces OM - PSG, je suis d’accord. Mais
pourquoi ne l’a-t-il pas dit l’année dernière ? C’était quand même beaucoup plus grave. C’était à lui de trancher.
Il aurait pu régler ça en sommant le PSG
de nous donner les places auxquelles
on avait droit. Mais il aurait fallu du
courage. C’est plus facile de taper sur
la gueule des Marseillais. Voilà : ce
résultat nous donne une force inouïe.
On a pris un point avec une équipe de
bébés. C’est formidable.
– N’avez-vous pas peur que l’OM
paye cette affaire ?
Mais on a fait quoi ? Une année,
Monaco est venu jouer chez nous en
Coupe de la Ligue avec sa réserve. Personne
n’est monté au créneau.
- N’avez-vous pas envie que
tout cela s’arrange ?
Alors, il faut que les gens reconnaissent
leurs torts. Nous, on avait prévenu
tout le monde. Mais on a préféré parler
de la grande gueule des Marseillais. À
l’OM, on a des convictions. C’était si
facile de nous donner tout de suite ces
places. À l’arrivée, on nous les donne
audernier moment. Ça veut dire quoi ?
Après ce match, je peux vous dire une
chose : à Marseille, la fierté est
immense. Il paraît que c’était la folie. »
SÉBASTIEN TARRAGO
«On doit vite oublier »
JOSÉ DELFIM est fier de la performance
de son équipe. Mais le Portugais regrette
les péripéties qui ont entouré ce PSG-OM.
« QUE RESSENTEZ-VOUS après
cette performance ?
Une fierté énorme. Il y avait ces
jeunes de CFA 2 et nous, les plus
anciens… On a lutté, tous ensemble,
et on a réussi quelque chose d’important,
surtout pour la transparence du
football. Ce soir, c’est le football qui
gagne.
- Quelques heures avant le
match, vous aviez exprimé votre
mécontentement. Étiez-vous
fâchés ?
On a été surpris par tout ça. Mais je
suis professionnel, je devais répondre
à l’appel de mon club. Dans des conditions
normales, je n’aurais pas joué. Je
n’étais pas convoqué. C’estcommeça :
là, j’étais présent, avec tous mes coéquipiers,
on a fait quelque chose
d’important.
– Le plaisir est-il immense ?
C’était un match spécial. En arriver
là, ce n’était pas normal. Mais on s’est
battus avec beaucoup de courage. Un
nul ici, dans ce contexte, ça vaut trois
points pour nous.
– Pourquoi avez-vous applaudi
en l’air, à la fin du match ?
Je l’ai fait pour le sport. C’est le sport
qui doit gagner. On doit vite oublier
tout le reste. Avec des histoires comme
ça, on a tous beaucoup à perdre.
- Vous regrettez toujours
autant ce qui s’est passé autour
de cette rencontre.
Bien sûr que je le regrette. C’est le
sport qui perd. Ce sont aussi les clubs
et toute l’organisation du football
français qui y perdent. L’essentiel,
c’est d’avoir donné l’image qu’il faut
pour oublier tout ça. Pour mettre un
point final à cette histoire.
– Vos dirigeants vous ont-ils
reproché vos déclarations ?
Nous en avons discuté. Mais c’est
un problème interne. Je leur ai dit ce
que je pensais, ils m’ont donné leur
point de vue. On règle cela entre
nous. »
– S. Ta.
letizi
5
Yepes Y
3,5
Pichot
4
B. Mendy
non noté
Rozehnal
3,5
M’Bami
4,5
É. Cissé
4
Kalou
4,5
C. Rodriguez
3
Landrin
2,5
Pauleta
cap., 2,5
Carrasso
5
André Luis L
6
Civelli
6
Pradie
5
Ma. N’Diaye
6,5
Gastine
5,5
Dennoun
5
Delfim
7
Bocaly
7
Cantareil
cap., 6
Gimenez
5
Canal + : Une insatisfaction record
DIFFUSÉ avec « un dispositif restreint », ce laborieux PSG-OM n’a pas enthousiasmé– on s’en doute – les abonnés de Canal +.
Au terme de la rencontre, la note
attribuée par les téléspectateurs (environ 400 votants, un chiffre dans la
moyenne), annoncée à l’antenne, n’était que de 9,35 sur 20. Pour la première fois
dans l’histoire de la chaîne, lancée en 1984, cette note est en dessous de la
moyenne. Pire : la note finale de la rencontre est en fait de 8,68 sur 20, car elle a
continué de descendre dans les minutes qui ont suivi l’arrêt de la retransmission.
Car hier, Canal + n’a pas offert son traditionnel « après match », choisissant de
quitter très vite le Parc des Princes. La note de 9,35 annoncée n’était donc pas
définitive. Celle de 8,68 l’est et se passe presque de commentaire… – E. M.
PARIS-SG - MARSEILLE : 0-0
Temps frais. Pelouse légèrement grasse. 43 906 spectateurs. Arbitre : M. Sars.
Remplacements. – 32e
: B. Mendy par
PAULO CESAR (note : 5,5) ; 46e : Yepes par
ROTHEN (note : 5) ; 71e : C. Rodriguez par
PANCRATE.
Non utilisés : N. Cousin (g.), Dramé.
Entraîneur : G. Lacombe.
Remplacements. – 55e
: Dennoun par
FLACHI ; 63e : Gastine par DIOP ; 79e : Flachi
par N’GOM.
Non utilisés : Quesnel (g.), Amiri.
Entraîneur : A. Emon.
LES CARTONS
2 AVERTISSEMENTS. – Marseille : Carrasso (65e, altercation avec C. Rodriguez), Bocaly (85e,
tacle par derrière sur Rothen).
LES JOUEURS PARISIENS
Le petit plus de Rothen
Entré après la pause, le gaucher du PSG a vainement tenté de changer le cours des choses.
LETIZI (5) : un arrêt sur un tir de Gimenez.
B. MENDY (non noté) : remplacé après 32 minutes
assezmalheureuses alors que le public commençait à le
siffler. S’il n’a pas été inquiété défensivement, il n’a pas
répondu aux attentes offensives de Guy Lacombe,
lequel l’a épargné d’une bronca retentissante qui sommeillait.
PAULOCESAR (5,5) : le moins décevant des Parisiens
pour ses premières minutes cette saison. Sans un sauvetage
sur la lignede Cantareil, il auraitmêmepu être le
sauveur.
ROZEHNAL (3,5) : quand Lacombe parle de fragilité,
on pense à lui. Des interventions d’une extrême fébrilité.
YEPES (3,5) : il s’était dit apte en dépit de sa blessure
au molletmais il n’était pas à 100 %. Ce qui n’a pas eu
de conséquences défensives mais il n’a rien apporté en
attaque. Son jeu de tête et sa présence auraient pourtant
été utiles.
ROTHEN(5) : de retour de sa punition en CFA, il a remplacé
Yepes à la mi-temps avec un certain enthousiasme
dans ses débordementset dans ses centres. Il lui
amanqué LA passe décisive,mais il n’est pas à blâmer.
PICHOT (4) : de la volonté, aucune difficulté défensive
mais une incapacité chronique à faire la moindre différence.
Trop limité techniquement, peu de bons centres
et de bonnes combinaisons. Il est resté dans le même
schéma de jeu, sans jamais surprendre.
M’BAMI (4,5) : mentalement, il était mieux préparé
que ses partenaires et il s’est souvent battu contre la
fatalité.Mais ses choix n’ont pas toujours été judicieux
et il a manqué de vitesse d’exécution. Il s’en est pris à
l’intransigeance du public en fin de match et a fini très
en colère.
É. CISSÉ (4) : un rendement moyen au milieu de terrain,
où il n’a fait aucune différence. Repositionné en
défense centrale en seconde période, il n’a pas commis
d’erreur mais il amanqué d’impulsion et de dynamisme
en qualité de premier relanceur.
LANDRIN (2,5) : après avoir été enfin en vue à Nantes
(0-0), il a replongé dans ses erreurs. Tétanisé, il a accumulé
les mauvaises passes, il n’a rien apporté dans le
petit jeu et n’a pas pesé dans la surface. Sa première
saison parisienne est bien pénible.
KALOU (4,5) : c’est un peu toujours lamême histoire :
de la présence, de la provocation, des idées et de
l’envie, mais aucune concrétisation dans le dernier
geste, ni dans les passes ni dans les tirs. Une bonne percée
(17e) et un tir non cadré (31e)mais plus rien après la
pause. Quant à son positionnement, si son coach lui
avait demandé de jouer à gauche, c’est encore raté…
C.RODRIGUEZ(3) : prometteuren janvier,blessé puis
écarté en février, il était enfin de retour, sur le côté droit
cette fois. Mais à force de porter le ballon et de chercher
sans arrêt l’exploit personnel, il a fait gagner un temps
fou aux défenseursmarseillais et agacé son entraîneur,
dépité à son sujet après la rencontre. Remplacé par
PANCRATE (71e), lequel n’a pas connu la réussite du
joker qui l’accompagne d’habitude : un signe.
PAULETA (2,5) : rien en première mi-temps et deux
têtes inoffensives en seconde. Comment le meilleur
buteur de la Ligue 1 a-t-il pu se prendre autant les pieds
dans le tapis face à une si faible opposition ? Peu servi,
évidemment, mais tellement peu d’appels et de
courses.
RÉGIS TESTELIN
FOOTBALL LIGUE 1 (29e journée) PARIS-SG - MARSEILLE : 0-0
Entrés dans l’Histoire…
En ramenant un incroyable nul du Parc, l’équipe réserve de l’OM a infligé au PSG l’un des pires affronts depuis sa création.
Le Parc des Princes a
vécu son dimanche le
plus surréaliste : avec son
équipe de CFA 2,
Marseille est venu tenir
en échec le PSG. Au bout
d’une semaine très
tendue, cet exploit de la
réserve olympienne
plonge Paris dans une
crise profonde. Hier soir,
Pierre Blayau et Guy
Lacombe ont adressé
leurs excuses à un public
qui a conspué son équipe
à la fin du match. Un
camouflet dont Marseille
n’a pas fini de se
délecter…
ON SAVAIT CE PSG capable de tout
dans la médiocrité. Mais il était encore
tentant, et un brin raisonnable, de lui
accorder le crédit de le croire plus fort
qu’une équipe évoluant quatre divisions
plus bas. Penser cela revenait
encore à le surestimer. Hier après-midi,
devant 43 906 de leurs supporters et
aucun fan de l’OM dans la tribune qui
leur avait été réservée initialement, les
Parisiens ont exacerbé pour un bout de
temps cette image d’un club dévoré
depuis huit ans par les crises et les
échecs. Mais aussi, parfois, comme
hier, par le ridicule et le désespoir.
Ce clasico dominical marquera un
moment inoubliable dans l’histoire des
deux clubs. En un après-midi, c’est
comme si l’OM avait exorcisé le fantôme
de cette série humiliante de huit
défaites d’affilée face au PSG, entre
2002 et 2004. Ses « Minots » et ses
remplaçants ont signé un exploit, l’un
des plus hauts en couleurs de sa vieille
histoire. Au coup de sifflet final, les
Marseillais, dans leur euphorie, ont sollicité
les applaudissements d’une partie
du Parc. Ils ont eu une standing ovation…
Dans un 4-5-1 très resserré, cette
équipe de CFA2 s’est d’emblée drapée
dans la détermination et la concentration,
n’existant offensivement que sur
un tir de Gimenez, dans la surface, capté
par Letizi (43e). Ses joueurs auront eu
le mérite de ne commettre aucune
erreur individuelle majeure. Et de ne
jamais offrir à l’adversaire le signe d’un
quelconque doute ou d’un effondrement
physique.
Au SG, à la Ligue, et peut-être ailleurs,
d’aucuns pourront ruminer qu’il n’y a
pas de morale. Que les dirigeants de
l’OM, pour avoir joué avec l’esprit du
sport professionnel pour de sombres
histoires de places allouées à leurs supporters,
ne méritaient pas de quitter
Paris bardés de sourires où la joie le disputait
à la moquerie. Mais la morale,
hier, n’était en rien l’affaire de réservistes
marseillais sans complexes.
En plus de défendre très dignement le
maillot de l’OM, ils ont ramené un point
qui permet à leurs collègues de l’équipe
première, à six points de Lille, de s’imaginer
encore arracher en mai la troisième
place, ultime ticket pour la Ligue
des champions.
M’Bami s’en prend au Parc
Avec ce PSG, parler de Ligue des champions
a fini par confiner à l’indécence.
Sa cadence réelle est celle d’un reléguable
depuis l’arrivée de Guy
Lacombe à la trêve : onze points sur
trente possibles, une série en cours de
deux défaites et cinq nuls, une autre de
quatre matches sans marquer…
L’impuissance a fini par happer même
son capitaine Pauleta, très décevant
hier, et qui, à son tour, semble avoir
lâché et ne plus pouvoir sauver les
apparences. Contre l’OM, le Portugais
ne verra jamais le jour, en-dehors
d’une tête de peu au-dessus (74e),
l’unique véritable occasion du PSG en
seconde période. Plus tôt, Kalou, de la
tête (4e) et lors d’une percée en pleine
surface (17e), avait apporté de rares
lueurs dans le jeu offensif parisien.
Avant qu’un tir de Paulo Cesar, depuis
l’entrée de la surface, ne fût sauvé sur
la ligne de but par Cantareil (38e).
Dans son 4-2-3-1 de départ ou dans le
4-4-2 de la seconde pér iode,
l’ensemble parisien ne cessa de manquer
de percussion, de changement de
rythme et de qualité technique pour
déséquilibrer l’OM-bis qui lui faisait
face. Yepes, Pichot, Landrin ou encore
Rozehnal peinèrent parfois à simplement
maîtriser la conduite d’un ballon
ou la trajectoire de passes basiques.
Mais s’il en fut un qui se noya – au
point que se pose la questionmême de
son avenir au PSG – ce fut Bernard
Mendy.Prisen grippe parun Parc exaspéré
par ses maladresses, le latéral
droit fut rappelé sur le banc par
Lacombe au bout de la 32e minute…
Cet épisode, peut-être protecteur aux
yeux du coach, mais assurément humiliant
pour le joueur, renvoie aux choix
de Lacombe hier. Au fait qu’en
l’absence d’Armand, suspendu, il
n’avait pas titularisé Paulo Cesar, sans
doute le plus compétent au poste de
latéralgauche derrière l’ex-Nantais.Au
fait qu’il a aligné Yepes alors que celuici,
sorti à la mi-temps « par précaution
» selon le staff, ne semblait pas
remis à 100 %de sa blessure au mollet
gauche. Au fait, encore, qu’il a posté le
gaucher Rodriguez enmilieu droit et le
droitier Kalou à gauche.
Lorsque l’Uruguayen a été remplacé
par Pancrate à la 70e minute, il est parti
directement au vestiaire. Signe de
contestation d’autant plus osé qu’il
survenait deux semaines après une initiative
similaire de Rothen face au
Mans (0-1, le 18 février), qui avait valu
à l’ancien Monégasque une convocation
avec la réserve une semaine plus
tard. Pour Rodriguez, la logique serait
que Lacombe lui inflige la même sanction.
« Il est ensuite revenu sur le
banc » , dira l’entraîneur du PSG. Ajoutant,
dans un soupir éloquent sur ce
que lui inspirait le comportement du
joueur : « Mais bon, Rodriguez… »
Ainsi va Lacombe, sans doute tenté par
un remue-ménage estival encore inavouable,
à l’heure où le discours officiel
de Pierre Blayau prône la stabilité. Mais
quelle stabilité ?
Car ce qu’il restait d’âme à ce groupe
parisien s’est sans doute éteint hier, ne
laissant place qu’à une perte de
confiance absolue et à une fracture
crianteavec le public, à l’image decette
scène hallucinante, à la dernière
minute du match, lorsque M’Bami
invectiva une partie du Parc qui lui
reprochait de jouer trop lentement…
L’heure est venue déjà de distinguer les
responsabilités. Tous ont leur part : les
joueurs, Lacombe, Blayau – dont le
choix de changer d’entraîneur s’est
mué en boulet – mais aussi Canal+,
dont les stratégies ambiguës et les
choix d’hommes n’ont jamais contribué
à la renaissance du PSG ces dernières
années. Au point que si Paris ne
redresse pas la tête miraculeusement
lors des neuf dernières journées, il
conviendra de s’interroger sur une
remise à plat globale de la façon dont
est géré le club de la capitale.
Quelles que soient les querelles sur
l’année de naissance du PSG (1970 ou
1973), ce club a essuyé, hier, la pire
humiliation de son histoire.
Samedi prochain, Paris sera à Nancy.
Contre l’équipe A de l’ASNL. Ce matin,
il est toujours possible de parier sur un
coup du PSG en Lorraine. À une condition
: ne pas avoir vu le match d’hier.
JÉRÔME TOUBOUL
Une journée particulière
Du départ matinal gare Saint-Charles au coup réussi au Parc des Princes, les réservistes marseillais se souviendront de leur voyage à Paris.
MARSEILLE –
de notre envoyé spécial
UN SEUL SUPPORTER marseillais
au départ, zéro grabuge en gare de
Lyon, un point levé inespéré à l’arrivée,
en forme d’exploit, et une prime
spéciale de victoire pour l’œuvre du
Parc. L’inédite délégation marseillaise
n’a pas fait le voyage pour rien à
Paris. « Les jeunes se sont défoncés,
ils sont allés au-delà de la fatigue »,
souligne leur entraîneur Albert
Emon. « On était vraiment venus
pour faire quelque chose, et même
pour essayer de faire un petit holdup
», assura le défenseur Alain Cantareil,
purMarseillais, qui apprit qu’il
serait le capitaine d’un soir lors de la
causerie précédant l’arrivée au Parc,
hier après-midi. Au-delà de la fatigue.
« On s’est levés à 6 heures du
matin, rappelait Cantareil à l’issue
du match. Et je pense qu’on va
prendre le temps avant de s’endormir.
»
De la gare Marseille-Saint-Charles à
Paris gare de Lyon, le voyage en TGV
des Marseillais, qui se comptaient
35, fut paisible. Il dura tout de même
vingt-trois minutes de plus par rapport
à l’horaire d’arrivée prévu
(11 h 50) en raison des conditions
météo neigeuses. Thomas, qui avait
rusé pour savoir le moment du
départ, a voulu souhaiter bon courage
aux Marseillais quelques
minutes avant leur départ, à 8 h 31
précises. C’était le seul supporter
présent sur le quai aux abords de la
voiture no 13, entièrement réservée
au contingent bucco-rhodanien.
Arrivée à 7 h 50 sous la houlette de
José Anigo, Albert Emon et Guy
Cadazamont, le responsable de la
sécurité, la troupe marseillaise était
déjà installée dix minutes plus tard
en première classe, au premier étage
du modèle duplex. Le service d’ordre
de la délégation olympienne n’a pas
laissé entrer les encouragements de
Thomas dans le train. « Soit ils vont
tenir, soit ils vont prendre une tôle,
prédisait ce dernier en songeant au
match. En tout cas, je ne les vois pas
gagner. »
Le train file. Aucune interview de
joueur n’est autorisée. La sécurité,
très présente, n’empêche pas les
voiture où sont entassés les joueurs.
Cantareil s’amuse de se découvrir à
la une de L’Équipe.On feuillette journaux
et magazines, le défenseur
Alexis Pradié (19 ans) bouquine
L’assassin royal, on joue sur console
portable, on s’assoupit en écoutant
son baladeur MP 3 ou on regarde
Angel Eyes sur portable DVD. Emon,
sollicité sur l’ambiance du groupe :
« Rien de spécial à signaler, dit-il. Ce
match, c’est bien pour les jeunes. »
Dans quel état d’esprit se trouve Anigo
en ce matin si particulier de PSGOM
? Le directeur sportif marseillais
est-il toujours sûr que l’OM a eu raison
? « À partir du moment où vous
êtes certain d’être du côté des justes,
vous êtes plus soulagés avec votre
conscience. Tout ça ne peut que renforcer
l’unité marseillaise. On a voulu
nous mettre à l’épreuve de force,
alors que nous souhaitions aller vers
un compromis. Ce n’est pas parce
que des énarques s’agitent qu’il faut
leur donner raison. »
Carrasso : « Comme
si on avait gagné
un trophée »
Gare de Lyon. Un impressionnant
cordon de CRS attend et escorte les
Marseillais jusqu’à leur car. Ils ne
sont pas chahutés. Ils rejoignent leur
hôtel, le Sofitel Sèvres, où les attend
Pape Diouf, arrivé la veille. Déjeuner,
petite sieste d’une heure et réunion,
c’est le programme jusqu’au départ
pour le Parc. Le convoi arrive une
heure vingt avant le coup d’envoi.
Dans cet ordre : deux motards, cinq
voitures banalisées, le car marseillais,
et… huit véhicules de police.
Sur la pelouse, Pape Diouf aimante
les journalistes et déroule encore son
raisonnement. Trois heures plus
tard, les Marseillais lèvent les bras
au ciel, félicités par une partie du
public parisien. « On a réussi
quelque chose de grand, dit doucement
un Cantareil trop fier d’avoir
porté le brassard, en précisant, en
demi-finaliste de la Coupe de France
2005 : « Avant le match, j’ai reparlé
des exploits nîmois la saison passée
face à des équipes de L 1, martelant
que sur un match tout est possible.
Le temps passé en tenant le 0-0 a
joué en notre faveur. Le plus stressant
et le plus dur, ce fut le premier
quart d’heure de la seconde période.
Tactiquement, ce fut la rentrée de
Rothen. À la fin, c’était difficile pour
Paris, sifflé. »
« On n’avait pas mis de pression du
résultat, raconte Emon. Notre dispositif
défensif a été performant sur les
côtés et dans l’axe avec nos grands
gabarits. C’est la famille olympienne
qui a pris un point, et il a le goût
d’une victoire. Les jeunes ont fait
honneur à leurs supporters, avec
courage et beaucoup de qualités collectives.
» Défensives, surtout.
« Déjà, c’est un très bon résultat
pour nous, constate le gardien Carrasso.
Ça fait quelque temps que
l’OM n’avait pas pris un point ici.
Après, il y a des aventures où l’on
sent qu’il peut se passer quelque
chose, même si on avait une chance
sur 100 au départ de ne pas perdre.
Voir tous ces jeunes accomplir ça,
c’est formidable, comme si on avait
gagné un trophée. On ne s’est pas
plongé dans les histoires, mais il y
avait un peu d’appréhension au
début dans la tête des plus jeunes.
C’était quand même PSG-OM. Au
final, Paris qui nous applaudit, c’est
la preuve qu’il n’y a pas que de la
haine dans les stades. » Ce matin, à
9 heures, les Marseillais devaient
reprendre le TGV. Retour au bercail.
JOHAN RIGAUD (avec S. Ta.)
PARIS. –
SANS PLUSIEURS DE SES TITULAIRES habituels, la réserve de l’OM, qui évolue
en CFA 2, s’est inclinée à Corte, samedi (0-1). Le groupe marseillais était le
suivant : Borel, Mendy, Camatte, Rodriguez, Benetia, Sabo, Lao, Barkallah, Uras
Sergio, Pichet, Baloojou, Mohammed, Baiyjema et Salvat. L’équipe de Gambardella
a, elle, été éliminée, hier après-midi, en seizième de finale à Bastia (1-1, 5-6
aux t.a.b.).
Les nouveaux minots
Alain Cantareil, capitaine de l’OM hier soir, présente les huit jeunes joueurs de l’exploit marseillais.
VINGT-DEUX ANS APRÈS l’aventure
des Minots, qui, en trois ans, assurèrent
la montée de l’OM en D 1 en
1984, une nouvelle génération de
jeunes joueurs marseillais fait de nouveau
parler d’elle, pensionnaires habituels
de la CFA 2, entourés hier soir par
six pros (Cantareil, Carrasso, André
Luis, Civelli, Delfim, Gimenez). Alain
Cantareil, né à Marseille, présente ses
jeunes coéquipiers dont quatre sont
nés à Marseille comme lui.
Gary BOCALY (latéral droit, né le 19
avril 1988 en Martinique) : « Il est
international en moins de 18 ans avec
un énorme potentiel. Il a été très bon
en première mi-temps, ensuite cela a
été plus dur pour lui quand Rothen est
entré en jeu parce que les Parisiens
venaient à deux pour lui, mais il de
grosses qualités, physiquement en
techniquement. »
AlexisPRADIÉ(défenseur central,né
le 21 juillet 1987 à Lyon) : « C’est un
gaucher, qui évolue en défense centrale,
titulaire en CFA 2, un très bon
défenseur. Il a commencé comme moi
à Sainte-Marguerite à Marseille, c’est
un joueur qui promet car il a bien tenu
Pauleta. »
Vincent GASTINE (milieu axial, né le
6 juin 1982 à Marseille) : « C’était un
grand espoir du club, puis il est parti en
National (Martigues et Valenciennes)
avant d’avoir des ennuis de santé. Là, il
a retrouvé son niveau, on l’a vu contre
Paris, c’est un bon technicien, vaillant
dans les duels, il perd peu de ballons,
un super joueur. »
MameN’DIAYE(milieu gauche, né le
11 janvier 1986 à Thies au Sénégal) :
« C’est un accélérateur de jeu comme
Gary Bocaly. Il sait créer le danger en
ayant le dribble assez facile et c’est, en
CFA 2, un bon finisseur. »
Mohamed DENNOUN (milieu droit,
né le 9 mai 1981 à Marseille) : « Lui,
c’est un enfant des quartiers de Marseille.
Pour nous tous, c’était un match
spécial. Il est très bon technicien avec
une bonne vision du jeu. »
Papa Moustapha DIOP (milieu
axial, né le 1er mai 1987 à Saint-Louis) :
« Il est très athlétique. Quand il est
rentré, on a pu constater la qualité de
sa présence aérienne. Il bouge bien
avec un gros volume de jeu. »
Anthony FLACHI (milieu axial, né le
6 février 1982 à Marseille) : « Encore
un bon technicien, pas très grand, vif
dans ses gestes.Dommagepour lui, il a
avait fait une bonne rentrée en cours
de jeu, mais il s’est claqué. »
Jimi N’GOM (attaquant) : « Je le
connais peu, car il est arrivé en
décembre au club. Mais sur ce que j’ai
vu de lui contre Paris, il n’est pas très
grand mais costaud. »
Marek AMIRI (défenseur, né le
20 février 1987 à Marseille) : « Il n’est
pas entré en jeu contre le Paris SG,
mais il ne faut pas l’oublier, il a fait
toute sa carrièreà l’OM, c’est un latéral
gauche de grande qualité. »
Alain CANTAREIL (22 ans), un des
six pros marseillais hier soir sur la
pelouse, évolue depuis l’âge de neuf
ans à l’OM, à part un prêt la saison dernière
à Nîmes (National). Il s’est comporté
hier soir en vaillant capitaine sur
son côté gauche, avec quelques duels
homériques avec Rodriguez. Dans les
buts, Cédric CARRASSO a alterné le
bon et le moins avec deux sorties
aériennes ratées et une intervention
malvenue suite à une mini-altercation
entre Cantareil et Rodriguez. ANDRÉ
LUIS et Renato CIVELLI ont remporté
quasiment 100 %des duels aériens
défensifs, DELFIM a été précieux par
son volume de jeu, son courage et son
expérience, tandis que Christian
GIMENEZ, sacrifié en pointe, a fait
preuve de vaillance mais en retenant
peu de ballons qui auraient soulagé
ses coéquipiers.
DOMINIQUE ROUSSEAU
VU DEMARSEILLE
Un hommage unanime
Les Marseillais se sont sentis très fiers de leurs minots mais sans excès. Ils seront fêtés aujourd’hui à leur retour.
MARSEILLE –
de notre correspondante
« QUI SAUTE PASn’est pas marseillais, llais ! »
Les supporters de l’OM ont entonné avec leurs
« minots », par télévision interposée, la chanson
des tribunes du Stade-Vélodrome. Sans débordements
excessifs – leurs protégés n’ont tout de
même pas gagné la Coupe d’Europe –, mais avec
beaucoup de fierté. Car aujourd’hui, ils peuvent
bien le dire, ce n’est pas sans appréhension qu’ils
ont vu envoyer à Paris cette équipe de CFA 2 encadrée
par cinq joueurs plus aguerris mais tout de
même habituellement abonnés au banc.
Les fans de l’OM n’avaient pourtant rien changé à
leurs habitudes, hier, en fin d’après-midi. Ils se
sont réunis chez les copains ou dans les bars de la
ville pour suivre ce qui devait être le match de
l’année sur le plan émotionnel. Les supporters qui
devaient, eux, se retrouver dans les travéesdu Parc
des Princes ont choisi, parfois, de se regrouper au
siège de leur section pour communier ensemble et
soutenir à distance les jeunes du centre de formation.
Sans grand espoir au fond, mais tout de
même, « parce qu’en football, un hold-up est toujours
possible ». Ils n’en ont pas eu besoin.« Ona
vu des jeunes de qualité qui se sont battus avec
tout leur cœur, ils ont fait honneur au maillot bleu
et blanc, assure Christian, abonné dans la tribune
Ganay. Et puis Paris, peuchère, ils nous ont fait
pitié… »
À leur grande surprise, les supporters marseillais
n’ont jamais vraiment eu peur. Ils craignaient surtout
qu’ils ne tiennent pas la distance physiquement.
« Mais ils sont courageux, ces petits, affirme
Georges. Et puis ce Bocaly, quelle santé. » Cet
abonné d’Endoume (quartier du centre-ville de
Marseille) a juste un peu tremblé sur la dernière
frappe de Paolo Cesar, mais Civelli a dégagé
« d’un pointu de Mazargues » (un autre quartier
de Marseille), du meilleur effet. Les supporters ont
découvert avec les Parisiens que l’OM possédait
un réservoir de talent. Et c’est ce qui a aussi fait
plaisir à Jean Fernandez. L’entraîneur marseillais
qui n’avait pas pu regarder les matches de son
équipe pendant sa récente convalescence a cette
fois pu aller jusqu’au bout. Il a apprécié le spectacle
chez lui avec sa femme. « Les jeunes ont fait
un match extraordinaire sur le plan défensif. Les
Parisiens ont joué sur nos points forts, le jeu aérien
notamment dans l’axe, mais nous sommes restés
bien en place. Les Parisiens n’ont jamais su mettre
du rythme et les joueurs ont fait ce qu’il fallait.
Nous sommes soulagés, nous restons ainsi sur une
bonne dynamique. »
Samir Nasri a aussi regardé le match en famille. Il
est moins surpris, lui, de la bonne prestation de ces
jeunes qu’il connaît bien. « Ils ont fait preuve de
beaucoup de solidarité et d’abnégation et nous
ramènent un très bon point de Paris. Ça n’hypothèque
aucune de nos chances pour une qualification
en Ligue des champions. Il faudra faire la fête
pour eux, jeudi soir, avec les supporters au Stade-
Vélodrome pour la venue de Saint-Pétersbourg. »
Les supporters se sont déjà donné rendez-vous
aujourd’hui à la gare pour fêter leur retour. Dommage
qu’ils ne soient pas totalement les héros du
jour. La mort d’un cygne sauvage, victime de la
grippe aviaire, dans les Bouches-du-Rhône, leur a
volé la une des journaux.
HÉLÈNE FOXONET
je boycotte le Torchon version papier et internetThorgal a écrit:La question de l'Equipe du jour :
Est-il logique que l'OM ne puisse pas être sanctionné?
pour l'instant; ça donne :OUI 64%
NON 36%
Résultats web+sms demain dans L'Equipe
Votez ! (et plusieurs fois ) http://www.lequipe.fr/
sjulien13008 a écrit:pascalouch a écrit:Notes du côté obscur par Travis Bickle : http://www.omlive.com/infos.php?id=2113
je le trouve trop gentil avec les parisiens lol
Mendy:
??? Allez je vais ètre gentil: une étoile. Prions pour qu'elle sois filante dès le mercato.
carlosOM a écrit:Tatoo, je lui ai laissé un bon commentaire
c'est pas une question de payer ou pasThorgal a écrit:beenie, mais tu sais sur le net t'es pas forcément obligé de l'acheter pour le lire
hijodelsol, ouais je sais mais "à évênement exceptionnel, possibilité exceptionnelle"
sauf à le faire trop régulièrement, on risque rien. Là, une fois, ça passe...
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