par Mickouse » 03 Mar 2006, 13:56
Droit dans le mur !
Le PSG a vendu une partie des places réservées initialement à l'0M, dans un espace, situé au-dessus des supporters marseillais. Cette proximité pose un grave problème de sécurité. Paris campe sur ses positions, l'OM refuse de jouer.
Paris Saint-Germain - 0M sera-t-il joué dimanche ? Au lendemain de l'annonce du club marseillais, les positions des deux clubs n'ont pas varié.
L'OM campe sur les siennes. Lors d'une conférence de presse organisée, hier, en tout début d'après-midi, Pape Diouf a réaffirmé la volonté marseillaise de veiller au respect de deux points essentiels :
1. L'application du règlement pour l'attribution du nombre de places au club visiteur ;
2. Que toutes les conditions nécessaires de sécurité soient réunies.
En l'état actuel de la situation, les deux points restent indissociables.
Le Paris Saint-Germain n'entend pas répondre favorablement à la requête marseillaise. Il ne veut pas, mais, surtout, il ne peut plus.
Pourquoi ? Le club parisien a vendu la zone supérieure réservée aux supporters adverses, au prix de 40 euros la place !
Autrement dit, des fans parisiens seront positionnés dans la tribune située au-dessus de celle des Marseillais.
Une provocation ? Nous disons un manquement grave aux conditions de sécurité.
"Cela démontre que la démarche du PSG est purement commerciale et financière, constate Pape Diouf. Il est inconscient, suicidaire d'offrir une telle proximité aux supporters des deux camps, dans le contexte actuel.
"On peut nous dire ce que l'on veut, les supporters parisiens n'ont pas été triés sur le volet."
Comment en est-on arrivé là ? "Il y a un manque évident de communication, observe Dominique Mlynarski, président de la commission sécurité et de l'animation des stades à la LFP. Il aurait été plus simple que l'OM réclame les 2 000 places lors de sa première démarche, même si les accords tacites entre les deux clubs existent depuis longtemps. Mais, avant de mettre les places à la vente, le PSG aurait dû se rapprocher du club olympien pour s'assurer qu'il ne souhaitait pas un volant supplémentaire."
Dominique Mlynarski fait également voler en éclats le délai des dix jours avancé par le PSG : "Il ne s'applique que pour les 100 places de première catégorie, les VIP si vous préférez, évoquées dans l'article 368, et non pour l'ensemble des places allouées au club visiteur", poursuit-il.
Un autre élément nous interpelle : pourquoi le PSG ne met-il pas en avant le délai des dix jours pour la première demande de 1 000 places effectuée par l'OM, alors que le fax a été envoyé vendredi 24, soit neuf jours avant le coup d'envoi ?
Deuxièmement, quand le PSG reçoit le deuxième fax, ce lundi 27, pour un supplément de 500 billets, il dit les avoir vendus. Cela signifierait que le club parisien a vendu les billets entre le vendredi soir et le dimanche soir. Dans ce laps de temps, le PSG a joué à Nantes, le samedi, et la billetterie est restée fermée le dimanche !
Les arguments ne tiennent pas la route. Le jour où Nicolas Sarkozy dévoile un plan pour lutter contre les associations violentes, un club crée les conditions à un conflit.
"Vous comprenez pourquoi nous avons le sentiment d'avoir été floués dès le départ, insiste Pape Diouf. Notre démarche n'est pas du chantage, comme le dit Frédéric Thiriez, que j'ai eu au téléphone. Avec le PSG, il y a toujours une forme de crise : quand ce n'est pas l'ammoniac, c'est la sécurité. Si ce n'était pas la sécurité, ce serait autre chose..."
De leur côté, les supporters marseillais n'en démordent pas :
"On ne va pas demander à Marseille de réparer les erreurs de Paris, insiste Rachid Zeroual, chez les "South Winners". Ce serait quand même pousser le bouchon un peu loin. Si le club parisien a vendu les places, il peut très bien les rembourser. II y a une zone délimitée pour les visiteurs et, dimanche, cette zone nous est réservée. Nous avons droit à 2 000 places et nous serons 2 000. Au PSG d'assurer, dans le respect des règles, la sécurité des supporters olympiens.
L'OM renvoie d'ores et déjà la responsabilité sur le PSG : "Je veux avoir l'assurance de ne pas voir déambuler dans les rues de Paris des cohortes de supporters auxquels on aurait refusé l'accès au Parc, martèle Pape Diouf. Si ce simple point ne peut-être satisfait, nous ne jouerons pas la rencontre. Je préfère assumer les conséquences d'un forfait que vivre un drame."
L'OM persiste tout en attendant une proposition. "Au PSG de prendre ses responsabilités, conclut Pape Diouf, et d'assumer sa faute. Il n'y a pas de honte à présenter des excuses publiques."
Pour souvenir, la tribune supérieure est régulièrement fermée depuis l'incident survenu en octobre 2000: un fauteuil balancé de l'étage avait atterri sur la tête de Geoffrey Dilly, l'handicapant à vie.
Dans un communiqué publié sur son site officiel hier soir, "le PSG a formellement démenti les allégations de l'Olympique de Marseille selon lesquelles le PSG aurait commercialisé au grand public des places dans une tribune du Parc des Princes normalement réservée aux supporters marseillais.
Le dispositif d'accueil et de sécurité mis en place dans la tribune visiteurs du Parc des Princes comme la répartition du public au sein du stade sont rigoureusement identiques à ceux adoptés lors de la précédente confrontation entre les deux clubs à Paris, le 7 novembre 2004, ils n'avaient alors pas provoqué la moindre objection de la part de l'Olympique de Marseille."
C'est exact. Mais le PSG oublie de préciser que cela avait été possible avec l'aval des dirigeants de l'OM qui avaient répondu favorablement à une demande de Canal +, soucieuse d'inviter 1 000 abonnés dans le cadre des festivités de 20 ans de la chaîne.
Et la LFP dans tout ça ?
Frédéric Thiriez était fort occupé et injoignable. Il a passé la journée d'hier de réunion en réunion, afin de préparer l'exposé sur l'assistance vidéo dans l'arbitrage, qui sera présenté aujourd'hui à Zurich devant l'International Board.
Le directeur de la communication de la LFP, François Quideau, n'a pas souhaité répondre aux questions diverses que nous lui avons posées, arguant que ce n'était pas "de sa compétence".
En revanche, il a accepté de revenir sur le règlement (article 354) et notamment sur le délai mis en avant par le PSG : "Un protocole a été établi le 4 mars 2005 à propos des supporters. Dans ce document, il est bien stipulé que les clubs visiteurs doivent régler les formalités du déplacement de leurs supporters, une semaine avant la rencontre. L'OM ayant effectué une deuxième demande six jours avant le coup d'envoi, le PSG est donc dans son droit. La polémique n'a pas lieu d'être.
"J'ai encore eu l'occasion d'inspecter, mercredi, la zone adverse : elle est parfaitement sécurisée."
"Le protocole ? Quel protocole ?, s'étonne Pape Diouf. Quand on s'ébat de tous les côtés, ça devient ridicule. A la LFP,c'est sauve qui peut...après l'accord tacite, le délai des dix jours, voici maintenant un protocole. Il justifie peut-être le refus du PSG, il ne justifie en rien le risque inconsidéré pris en terme de sécurité
Laurent BLANCHARD et Thierry MURATELLE