Football Le jus d'orange bu à Marseille avait endormi les joueurs rennais
Le Dizet : «Ça avait été le carnage »
À Rennes, on se souvient encore du jus d'orange consommé à Marseille en décembre 1991. Endormis, les Bretons avaient été battus 5 à 1. Serge Le Dizet n'a pas oublié alors que les révélations de Eydelie agitent le monde du football.
« J'ai senti la tête me tourner vers 17 h. J'ai dû m'asseoir. Mais je ne sais pas trop ce qui s'est passé pendant le match ». C'était le 15 décembre 1991. Mario Baltazar, l'attaquant brésilien du Stade rennais racontait sa mésaventure vécue à Marseille, au lendemain de la cinglante défaite concédée au Stade Vélodrome.
Diagnostic : des substances soporifiques avaient été versées dans le jus d'orange consommé à l'hôtel lors de la collation prise quelques heures avant la rencontre. Serge Le Dizet, l'actuel entraîneur du FC Nantes, à l'époque arrière latéral de Rennes, se souvient très bien de cette journée particulière : « Je partageais la chambre de Baltazar. Après la collation, il était déjà un peu fatigué. Dans le bus qui nous emmenait au stade, je croyais qu'il priait mais il dormait à moitié. On se demandait ce qui se passait. Il commençait à tituber. Dans le vestiaire, deux ou trois joueurs dont Shala étaient un peu souffrants et Didier Notheaux (entraîneur du Stade Rennais) s'est même demandé en plaisantant s'il n'allait pas être obligé de jouer. »
Serge Le Dizet se souvient également du déroulement de la rencontre. « Nous avions pris des buts très rapidement. Ça avait été le carnage (le Stade Rennais battu 5 à 1 était mené 5 à 0 à la mi-temps). Au retour, dans l'avion, le kiné qui avait l'habitude de jouer aux cartes dormait profondément. Plusieurs personnes étaient dans les vapes. »
Serge Le Dizet, qui avait ramené la voiture de Baltazar à l'arrivée à l'aéroport de Rennes, à 2 h du matin, « en rigole quelques années plus tard. J'ai lu les réactions de Wenger (voir ci-dessous). Tout le monde sait, mais ce n'est pas ça qui changera le monde ».
Petit rappel. Bernard Tapie, mis au courant de cette histoire qui avait révélé la présence des substances toxiques, (dix-huit heures après, Baltazar et Shala avaient encore l'équivalent de deux grammes de tranxène dans le sang), avait déclaré : « Après le match à Metz, Boli est revenu avec une crise de furonculose. Il ne m'est jamais venu à l'idée de faire analyser les jus de fruits ni ses urines ».
La plainte déposée contre X par René Ruello, alors président du club breton, déposée à Rennes puis à Marseille, ne connut pas de suite.
Finale de la Ligue des champions 1993. L'Union européenne s'est dit « très préoccupée » par les récentes déclarations d'Eydelie faisant état de dopage présumé avant le match entre l'OM et le Milan AC à Munich. Elle précise qu'elle allait, dans un premier temps, « regarder le cas, mais sans ouvrir d'enquête ». De son côté, la Ligue professionnelle, qui a interrogé l'UEFA, hier, indique que « quatre contrôles antidopage, tous négatifs, avaient été pratiqués après le match et qu'elle s'en tenir là. »
Jean-Luc GIROT. Ouest-France du mardi 24 janvier 2006
http://www.ouest-france.fr/ofsports.asp ... idCLA=3638