L'Olympique de Marseille s'est assagi en 2005. Sous l'impulsion d'un trio de dirigeants hétéroclite mais diablement efficace, le grand club du sud de la France s'est qualifié pour les 16es de finale de la Coupe UEFA et se retrouve en bagarre pour une place en UEFA Champions League dans le peloton de chasse de la Ligue 1.
Révolution permanente
Depuis 1999, il ne se passait pas une fin d'année à Marseille sans qu'une tête roule, qu'un entraîneur valse, qu'un haut dirigeant fasse ses valises. Rolland Courbis, Abel Braga, Josip Skoblar, Albert Emon, Zoran Vujovic ou Alain Perrin ont durant ces années allongé la liste des coaches déchus. Sous certains millésimes, au temps du Beaujolais nouveau, leur président les accompagnaient rejoignaient à la porte dans une révolution permanente.
Les luttes intestines se sont tues
Ce fut le cas d'Yves Marchand en 2001 et de Christophe Bouchet en 2005 parti tandis que José Anigo prenait du recul au poste de directeur sportif. Et 2005 ? Rien. Arrivé au milieu de l'année, l'entraîneur Jean Fernandez a résisté quand Marseille était dernier après cinq journées. Sur son fauteuil de président, Pape Diouf ne fait même pas mine de s'accrocher. Les luttes intestines se sont tues. Ce sont les résultats de l'OM qui reprennent peu à peu leur place dans la presse française.
Tombeur du tenant
Le 20 octobre, les coéquipiers de Fabien Barthez tombaient le tenant de la Coupe UEFA à Moscou. Devant une équipe où de jeunes joueurs se révélaient comme Taye Taiwo et Franck Ribéry, le PFC CSKA Moskva ne savait pas encore que cette défaite allait le condamner dans le Groupe F où Marseille terminait premier. Le Bolton Wanderers FC, son prochain adversaire, peut trembler.
Retour en force
Depuis l'été, l'OM a aussi fait surface en Championnat. A la trêve, il est posté à un point de la 2e place qualificative pour l'UEFA Champions League. Si l'on ne prend en compte que les quatorze derniers matches aller, le club phocéen est deuxième derrière Lyon. Une nette embellie pour l'un des plus gros budgets de France (plus de 70 M€) et surtout le club le plus titré avec dix Championnats et l'UEFA Champions League 1992/93.
Acariès débarque
Pourtant, il y a un an, rien n'augurait d'un tel redressement qui demande encore à être confirmé. Propriétaire depuis 1996, Robert Louis-Dreyfus avait eu l'idée, pour remettre de l'ordre dans sa maison, de nommer "un ami afin d'effectuer un audit". Début janvier, Louis Acariès débarquait et la Canebière entière riait sous cape.
"Tout le monde pète les plombs"
Comment le champion d'Europe de boxe super-welters (1981) et des moyens (1982 et 1983), aujourd'hui promoteur et coach du champion olympique français Brahim Asloum allait-il analyser la situation ?"A coups de poings ? "A l'OM, tout le monde pète les plombs", commençait-il. On allait voir ce qu'on allait voir. On n'a rien vu du tout.
"Devenir plus matures"
Grâce à son sens du contact et surtout à une autorité immanente qui vaut plus que les quelque 200 M€ engloutis depuis que RLD avait repris le club, Acariès parvenait à recoller les morceaux d'un puzzle éparpillé de la rue Négresko à la Commanderie. "Nous essayons de devenir plus matures que par le passé", dit aujourd'hui Anigo, ex-ennemi du président Pape Diouf. "On a mis beaucoup de choses entre parenthèses et on discute. C'est le rôle concret de Louis Acariès. Nous n'étions pas partis pour vivre ensemble. Mais là où tout le monde attendait des guerres et du sang, il y a une paix royale."
Le contact entre Anigo et Diouf
Restaurer un contact franc entre Anigo et Diouf était le secret du succès d'Acariès. Le premier symbolise de la réussite des Minots de l'OM depuis qu'il a emmené le club en finale de la Coupe UEFA 2003/04. Le second fut l'un des agents les plus influents en Europe avant d'entrer à l'OM. "Ces deux-là ont les clés de la réussite", dit "Monsieur Louis".
"Deux familles s'affrontaient"
En parallèle, l'ancien boxeur, "totalement désintéressé dans l'affaire", a joint à cet attelage le secrétaire général Pierre Dantin et le directeur administratif Thierry De la Brosse. "Le problème, jusque dans un passé récent, c'est qu'il y avait deux familles qui s'affrontaient : le sportif et l'administratif", explique Anigo. "Notamment parce que l'administratif se mêlait du sportif sans en assumer les risques. Aujourd'hui, ces deux familles mangent ensemble à midi."
Premier titre
Le week-end, elles se repaissent en même temps que le public le plus fidèle de France et de loin le plus nombreux, des exploits de Ribéry, Mamadou Niang, Wilson Oruma. Trois arrivants de l'été qui ont pu évoluer au Vélodrome sans une coulisse oppressante. Résultat, l'OM a remporté son premier titre depuis l'arrivée de Louis-Dreyfus cet été en empochant la Coupe UEFA Intertoto. A voir l'une des plus grandes fortunes d'Europe danser en savates sur la pelouse au soir de la victoire sur le RC Deportivo La Coruña en finale (5-1). Il pourrait y en avoir d'autres…