Des clubs sous télé-dépendance
lundi 26 décembre 2005 - 14 h 17 - Pierrick TAISNE
La fusion imminente entre Canal+ et TPS risque de mettre fin à l’inflation des droits télé pour la Ligue 1. Une situation inquiétante pour les clubs français qui jouissent de rentrées télé inégalées en Europe. Il faudra trouver de nouvelles sources de financement. Et vite.
Il y a tout juste un an, Canal+ raflait la mise en remportant l’appel d’offres lancé par la Ligue professionnelle de football. Pour 600 M€ par an, la chaîne cryptée s’assurait l’exclusivité de la Ligue 1 pour les trois prochaines saisons. Une victoire pour les dirigeants de Canal, une aubaine pour les clubs, qui jouissaient alors d’une manne inégalée en Europe. Pour la saison 2004-2005, 53% des ressources des clubs proviennent ainsi des recettes télé. Une augmentation de six points par rapport à la saison précédente. « C’est très dangereux, note cependant Frédéric Bolotny, chercheur au centre d’économie et du droit du sport de Limoges. Cette année, on sera aux alentours des 50% et l’année prochaine, on devrait atteindre plus de 60%, sauf si les ressources commerciales venaient à exploser. Mais je n’y crois pas. » En effet, selon les prévisions, ce sont près de 62% des recettes qui devraient provenir de la télévision pour la saison en cours. Une télé-dépendance encore jamais vue dans le monde.
Néanmoins, comme le souligne Rudi Roussillon, président de Nantes (lire ci-contre), cette rentrée dépend largement du classement sportif. Si 20% de l’argent de Canal est réparti en fonction du nombre des retransmissions télé, 50% l'est de manière solidaire et 30% selon le classement final. Ainsi, Nantes, dix-septième au terme de la saison dernière, a vu son budget prévisionnel amputé de 4 millions d’euros. « Mais de cette dix-septième place ont également découlé une baisse sur l’arrivée des sponsors et des entrées au stade. C’est une spirale négative », regrette l’homme fort du FCNA.
«
L’exemple de Lyon est admirable »
Pour sortir de cette dépendance, les clubs doivent donc trouver de nouvelles sources de financement.
Or, comme le note Frédéric Bolotny, ce n’est certainement pas du sponsoring que viendront les solutions. En 2004-2005, ce poste représentait 20% des recettes et devrait être de 16% pour la saison 2005-2006. « Après une véritable embellie dans la foulée du Mondial 98 (+ 50% en seulement deux saisons), la recette moyenne par club en sponsoring s’est appréciée de moins de 11% en trois saisons, explique le spécialiste. Mais la stagnation la plus inquiétante est peut-être celle de la billetterie. Les recettes restent sous-développées. » Si l’on se félicite de la hausse de fréquentation dans les stades (plus de 8 millions de spectateurs pour la première fois en Ligue 1 en 2004-2005), celle-ci est surtout liée au retour d’une élite à vingt clubs. « Mais surtout, la recette moyenne par spectateur reste bloquée à 12 €, contre 39 € en Angleterre, 27 € en Italie, 24 € en Espagne ou encore 19 € en Allemagne. »
Selon Frédéric Bolotny, la bourse n’est pas l’issue souhaitable. « Il ne faut surtout pas remettre en cause l’approche solidaire du modèle français. » Au contraire, il faut soutenir l’UEFA dans son idée de création d’une licence FIFA calquée sur le modèle de la DNCG française. « C’est plutôt le moment de convaincre les gens de faire comme chez nous », estime Bolotny. Aux clubs de se diversifier et de savoir vendre leur marque : «
L’exemple de Lyon est admirable. Jean-Michel Aulas a vendu le nom de son entreprise. Aujourd’hui, l’OL coiffure, l’OL Taxi ou encore la nouvelle eau minérale du club sont à disposition des clients. » Une alternative indispensable pour ne pas sombrer dans la télé-dépendance et penser à l’après Canal+. Car après la fusion entre TPS et la chaîne cryptée, rien ne dit que l’embellie perdurera. Bien au contraire
c'est bon ... on est foutu !!!!! Plus de sous