La première interview de Barthez
Invité de l’émission d’OMTV « Décrassage », Fabien Barthez a abordé plusieurs thèmes : du match face au PSG à l’équipe de France, il a également évoqué entre autres l’amour des supporters de l’OM…
Sur le match face au PSG
Fabien est d’abord revenu sur la préparation du match qui fut forcément particulière puisqu’il sortait d’une longue suspension. Pourtant, il a vite retrouvé ses marques... "C’est comme si je n’avais pas quitté le terrain. C’est comme si j’avais joué trois jours avant. Je ne sais pas pourquoi… j’ai eu une énorme pression durant toute la semaine et plus le match s’approchait, plus il me semblait que je n’avais pas quitté le terrain. C’est sans doute car j’étais dans mon jardin !"
Au niveau du match, la satisfaction est bien présente dans ce match qui est "un match à gagner pour le public". Mais le gardien de but olympien, en grand compétiteur, tient pourtant à remettre certaines choses en place. "Quand les supporters poussent, il ne faut pas s’enflammer, il faut que l’équipe reste bien groupée et que tout le monde pense à ne pas marquer forcément deux ou trois buts mais surtout à prendre les trois points. On a eu tendance à s’emballer par moment mais bon… ça fait partie de cette folie qu’à cette équipe qui est assez jeune. Par moments, c’est bien mais des fois, c’est à nous les anciens de rattraper le coup."
Sur la saison en cours
S’il est satisfait de la rencontre de dimanche, Fabien pense surtout que l’équipe devra "répéter des matchs similaires tous les week-end" pour pouvoir tenir les objectifs du club.
Pour cela, la remise en question doit être permanente : "Quand un match vient d’être joué, qu’il soit gagné ou perdu, c’est fini ! On doit apprendre à passer à autre chose, au match suivant : c’est là où l’on doit progresser." La saison qui vient de s’écouler doit d’ailleurs servir de leçon pour cette année. "Il ne faut pas faire la même erreur qu’on a fait la saison dernière. Au mois de décembre, on avait 10 points de retard sur le premier et un mois et demi, on était à trois points. Et puis tout d’un coup, on a redécroché parce qu’on n’avait plus la tête sur les épaules, parce qu’on avait oublié qu’avant tout, il fallait se remettre en question au quotidien."
Pour que cette mésaventure ne se reproduise plus, Fabien sait qu’il faut une mobilisation de tous les joueurs. "Il faut que tout le monde se sente concerné même s’il y a des gars qui jouent régulièrement et que d’autres sont remplaçants. C’est comme ça, il faut que tout le monde tire dans le même sens pour qu’on soit tous gagnants."
Mais pour le gardien des bleus, l’ambiance du groupe est véritablement bonne. "Il y a une véritable osmose dans ce groupe. Tout le monde participe au projet qui n’est pas seulement sur un match mais sur toute la saison. Les jeunes sont très réceptifs, à l’écoute, et ça c’est très important. Avec leur folie et notre sagesse, on va avancer."
Sur son métier de footballeur
Fabien avoue également que dans un match, "il faut toujours douter. C’est ce qui te permet de rester concentré et de garder la tête sur les épaules."
Le credo de Barthez est clair : travail, travail et encore travail ! Ainsi, quand on lui demande pourquoi il ne s’est plus exprimé ces dernières semaines, la réponse est claire : "Je n’ai pas voulu parler avant parce que j’avais d’autres choses à faire : j’avais à travailler tout simplement."
Et là encore, le gardien de but international n’a rien laissé au hasard. "J’ai repris depuis le 24 juin car c’était pour moi l’occasion de pouvoir travailler mes points faibles (sic) pour tout le reste de la saison. Vu qu’à partir de maintenant, on va attaquer des matchs tous les trois jours, il y avait un travail de fond à faire."
Il avoue également qu’il en a profité pour parfaire son jeu au pied. "J’en ai aussi profité pour jouer dans le champ car il ne faut pas oublier que de nos jours, le gardien est un joueur de champ. Il a un rôle à 80% de gardien mais à 20% de joueur de champ… En fait, le rôle de gardien de but consiste maintenant à ce que le ballon arrive le moins possible devant le but, là où ça devient difficile. Donc il faut essayer de couper l’action le plus haut et le plus rapidement possible." Ces interventions face au PSG illustrent à la perfection ses propos !
Sur les supporters marseillais
Les supporters ne l’avaient pas oublié et il ne les a pas oubliés non plus. Il admet que ses retrouvailles avec le public du Vélodrome ont été extraordinaires. "J’ai eu un accueil sympathique et très chaud des supporters marseillais. Ca fait 13 ans qu’on se connaît même si j’ai quitté le club. Ils représentent quelque chose d’énorme pour le club et on a besoin d’eux. Ils font partie de nos victoires mais aussi de nos défaites. On a vraiment besoin d’eux aussi dans nos défaites. Ils répondent présents et c’est pour ça que pour moi, ce sont des supporters à part."
En visionnant des images de supporters heureux, on retrouve le vrai Fabien, généreux et sincère. "Ils viennent chercher du bonheur et c’est notre devoir de leur en donner. Quand on lit les journaux, on voit bien qu’il y a des problèmes dans la vie de tous les jours et quand je parle d’une remise en question permanente des joueurs, c’est pour ne pas les décevoir. Ca nous fait tellement du bien de les voir heureux. Comme je disais hier soir (ndlr : avant-hier), dans les embouteillages ce matin (ndlr : hier), il n’y avait pas trop de coups de klaxons et à tout ça, il faut y penser."
Et même quand le public est en colère, Fabien sait leur trouver des excuses. "Même si de temps en temps, ils sifflent, ils nous aiment énormément. Quand ils sifflent, c’est pour nous faire réagir, tout simplement. Il ne faut pas le prendre mal."
Sur le staff et le club en général
Dans cette émission, Barthez a tenu à rendre hommage à beaucoup de monde. En passant par Pape Diouf et José Anigo, Fabulous Fab a accordé tout particulièrement son soutien à Jean Fernandez : "C’est quelqu’un de passionné. Il est très proche de ses joueurs, il marche beaucoup à l’affectif mais il est très professionnel. C’est quelqu’un que je connais depuis pas mal de temps et que j’apprécie beaucoup car il comprend le football, il sait le football, il le sent, il le respire, il le vit et il sent ce qu’il peut se passer une semaine après, il sait comment va réagir l’équipe puisqu’il a le football en lui."
Autre personne du club dont Fabien ne pouvait passer sous silence : Laurent Spinozi. "Laurent, c’est quelqu’un d’intime dans ma vie privée et en plus on travaille ensemble. Ca, c’est très dur… j’ai beaucoup plus de pression car je n’ai pas le droit de le tromper." Quand il décrit le personnage, il évoque une personne qui "vit à 300% le match. De temps en temps, il aurait besoin de se calmer mais bon c’est Laurent et on le changera pas." Enfin, Fabien tenait à préciser que s’il était à ce niveau aujourd’hui, c’était en grande partie grâce à Spinozi : "Il est disponible pour moi 24 heures sur 24 et c’est là où l'on voit que c’est un gars intelligent. Il n’est pas là pour m’apprendre quoi que ce soit, au contraire, mais il est là pour me mettre dans les meilleures dispositions possibles et il le fait à la perfection."
Le gardien des tricolores n’oublie pas non plus celui qui l’a remplacé à merveille pendant ces six derniers mois. "J’aimerais souligner les performances de Cédric qui a fait du super boulot." Il en profite même pour lui faire passer un message, le même que Joël Bats lui avait fait passer à ses débuts. "Le plus dur pour toi va commencer quand tu vas rentrer titulaire dans un grand club." Cette phrase a marqué Barthez et là encore, il en revient à sa devise : "il n’y a qu’une seule chose qui paie, c’est le travail. Mais le travail, il ne paie pas sur trois ou quatre ans mais sur 10-15 ans. Il faut que Cédric reste dans cette lignée : de penser au travail et derrière, il y aura le résultat. Il ne faut pas non plus qu’il veuille brûler les étapes parce que cela peut aller très vite dans un sens comme dans l’autre. Il faut qu’il se protège bien mais dans quelques années, il n’y a pas de raison, il sera en haut de l’affiche…"
Pour conclure sur le club, Fabien sent également que cette année, beaucoup de choses ont changé. "Ce que je ressens depuis le début de saison, c’est que le club est de plus en plus professionnel. Je ne suis pas là pour dix ans mais je suis encore là pour quelques petites années et j’espère revenir plus tard et voir toujours les structures qu’il y a, ce centre d’entraînement, ce stade… un vrai club professionnel !"
Sur l’équipe de France et la qualification
Fabien a d’abord avoué qu’il n’avait pas pu manger le soir du match en Irlande. "Ca ne passait pas tellement que j’avais la pression. Ca faisait longtemps que cela ne m’était pas arrivé..." Du coup, après la qualification face à Chypre, c’est évidemment un sentiment de joie et de soulagement qui a habité Barthez.
Et si Grégory Coupet s’est beaucoup étendu sur le sujet de la concurrence, Fabien a comme souvent été très discret. "Mon objectif, c’est jeudi soir à Moscou. Chaque chose en son temps." Et même quand on essaye de le titiller en lui disant que Coupet a contesté sa place de n°1 sur la chaîne de l’OL, Fabien reste de marbre : "Pas de réaction particulière. Il y a la liberté d’expression mais moi je n’ai pas de réaction particulière…"