Le transfert du Parisien Cana à l'OM intéresse la justice
Un complément de salaire occulte versé sur un compte monégasque aurait profité au père du joueur.
L'UN DES RARES TRANSFERTS entre grands clubs français enregistrés cet été a vu le milieu de terrain titulaire de la double nationalité franco-albanaise Lorik Cana passer du PSG à l'OM. Or les policiers de la sûreté urbaine de Marseille ont alerté le procureur de la République de la ville sur les conditions de cette cession conclue au mois d'août dernier.
Les deux clubs sont déjà visés par des procédures judiciaires distinctes. Cette fois, le rapport de police indique que dans la transaction, une société intermédiaire dénommée USM basée à Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes) agissant en qualité d'agent du joueur, aurait versé 480 000 euros sur un compte domicilié dans une banque monégasque. Selon les enquêteurs, cette somme correspondrait à une prime de 10% du salaire du joueur pour les quatre années à venir. Un revenu complémentaire et occulte qui échapperait à toute charge fiscale et sociale.
De plus, les investigations policières remises au parquet de Marseille précisent que les fonds ainsi versés dans la Principauté auraient bénéficié au père de Lorik Cana. Citoyen albanais, domicilié à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), celui-ci intrigue les enquêteurs.
De source judiciaire marseillaise, on indiquait hier avoir aussitôt alerté le parquet de Paris qui supervise notamment l'enquête sur les transferts douteux du Paris-Saint-Germain. «Pour l'heure, nous étudions le rapport de police, commentait un magistrat, avant de décider des suites judiciaires». Dans les prochains jours, une enquête spécifique sur ce transfert devrait être ouverte.
Interrogé par Le Figaro, Christophe Monguai, responsable de la société USM, a reconnu que de l'argent avait été versé au père de Lorik Cana. «C'était pour nous un apporteur d'affaires et à ce titre, il était normal de lui rétrocéder une part de l'opération. C'est une pratique courante dans le football», nous a-t-il expliqué. En revanche, le montant évoqué par les policiers est, selon lui, «très exagéré».
Du côté de l'Olympique de Marseille, Pape Diouf, président délégué du club, nous a fait savoir que la transaction Cana venait de s'achever et que l'OM n'avait pas connaissance de versements à son père.
Au Paris Saint-Germain, Jean-Michel Moutier, responsable du secteur professionnel, a affirmé «tout ignorer». «Si de l'argent a été versé illégalement, il ne vient pas de chez nous, a-t-il expliqué. Il faut aller voir du côté de Marseille et de l'agent du joueur. En revanche, le père de Lorik Cana m'a menacé physiquement quelques jours avant le transfert et c'est notamment pour ça que le joueur est parti».
En marge de cette nouvelle affaire, dans le cadre de la procédure visant les transferts du PSG, suite aux déclarations de Rodolphe Albert – l'ancien responsable financier du club (nos éditions du 28 septembre) – le juge Renaud Van Ruymbeke a demandé un nouveau réquisitoire supplétif afin de pousser ses investigations jusqu'à la saison 2005.