«Lapression est sur mes épaules »
GRÉGORY COUPET estime ne pas avoir droit à l’erreur s’il veut traiter d’égal à égal avec Fabien Barthez.
Fatigué de répondre inlassablement aux mêmes questions concernant
Fabien Barthez, dont la fin de suspension est imminente
(le 15 octobre), Grégory Coupet ne souhaitaitplus participer au point
presse des Bleus. Contenant son énervement, le gardien de l’Olympique
Lyonnais a cependant répondu favorablement à la demande
du staff de l’équipe de France. Hier après-midi, il est donc venu commenter
son statut hybride de numéro 1 bis, évoquer ses ambitions,
mais surtout s’enthousiasmer à propos du match décisif qui attend
les Bleus samedi à Berne.
«QUEL TYPE DE MATCH vous
attendez-vousàdisputersamedi
à Berne ?
– Compte tenu de l’enjeu, je pense
que ce sera tendu. Les deux équipes
sont pas mal remaniées. Elles ont tout
à gagner et en même temps à perdre.
Le jeu sera peut-être haché. Le rythme
de la rencontre pourrait s’en ressentir.
Il faudra imposer le nôtre. Savoir poser
le pied sur le ballon, comme à Dublin
(1-0).
– Que vous inspirent les propos
de Frei, qui prétend être au fond
du trou ?
– C’est honnête de sa part de ne pas
se trouver bon. Mais je n’y crois pas
une seconde. C’est un buteur talentueux.
Il est plus du genre à se rappeler
à notre bon souvenir samedi.
– Avez-vous été perturbé par la
polémique autour du prochain
retour de Barthez en sélection ?
– Si c’était le cas, cela m’aurait perturbé
avant. Moi, j’ai pris beaucoup de
plaisir à jouer tous les matches pour
lesquels on m’a appelé. J’ai énormément
de fierté à porter ce maillot. Je
n’avais rien à perdre. En même temps,
je dois toujours me préparer à jouer, et
surtout à être bon. On verra comment
ça se passe en Suisse. Si ça se passe
bien, je pourrai faire la démarche
d’avoir une discussion avec Fabien
(Barthez). Dans tous les cas, je la solliciterai.
Après tout ce qui a été écrit, il y
a lieu d’avoir une explication. Mais pas
d’envenimer les choses. Je trouve la
situation exagérée par rapport à ce
que je pense de lui. J’ai beaucoup de
respect pour lui. Il a su nous mener jusqu’à
la Coupe du monde 1998. Mais je
suis un compétiteur et j’ai envie de
continuer sur ma lancée. Chacun
défend son bifteck.
« Maintenant
que j’ai goûté
au gâteau, j’ai envie
d’en manger »
– Pourtant, après ces deux
matches, malgré vos brillantes
performances, vous redeviendrez
peut-être le numéro 2 des
Bleus…
– Si c’est le cas, j’aurai au mois eu le
mérite de l’être. Mais honnêtement, je
ne vois pas si loin. Les deux matches
qui viennent sont importants pour
mener les discussions à venir. Il faut
que je sois bon si je veux que survienne
la suite et le statut que j’espère. La
pression est sur mes épaules.
– Estimez-vous que votre statut
a tout de même changé ?
– Disons qu’aujourd’hui, c’est moins
choquant de me voir en équipe de
France.Auniveau sportif, j’ai peut-être
réussi à me hisser au niveau de Barthez.
J’appartiens à un groupe qui est
renouvelé et, par rapport à la majorité
de l’effectif, je commence à être un
ancien. Je suis plus crédible. Notamment
aux yeux des supporters, comme
j’ai pu le constater à Lens (face aux Iles
Féroé, 3-0). Actuellement, l’équipe de
France marche. Je suis son gardien.
C’est bien. Mais arrivera le jour où il
faudra un numéro 1. C’est une question
de confiance pour le titulaire.
– Quelle est votre marge de
manoeuvre ?
– À ce poste, on n’a jamais de marge
de manoeuvre. Je n’ai pas le droit à
l’erreur. Je suis hyper concentré sur ces
deux prochains matches. Pourquoi
aurais-je plus de crédit ?D’autres bons
gardiens, comme Lionel Letizi, ne sont
plus appelés à la suite d’une seule
erreur. Jusqu’ici, je ne me suis jamais
mis trop en avant. Fabien a toujours eu
mon respect. Mais maintenant que j’ai
goûté au gâteau, j’ai envie d’en
manger.
– Comment vivez-vous la
concurrence avec Barthez ?
– Il n’y a jamais eu de réelle concurrence.
J’ose croire qu’elle existe
aujourd’hui. Ce n’est pas facile à vivre.
Ona repris des propos pour enflammer
la situation alors que j’avais dit des
choses simples. Je suis honnête et je
réponds aux questions. Quel joueur a
envie d’être sur le banc ? Moi, je souhaite
sincèrement à Fabien un bon
retour à la compétition.
– Pourriez-vous refuser d’être
numéro 2 ?
– J’ai toujours rêvé d’être numéro 1
depuis que j’ai six ans. C’est un rêve de
gosse. Ça reste mon obsession. C’est
ce qui me fait avancer. Je ne refuserai
jamais une sélection. »
letorchon papier