par grafiti54 » 01 Oct 2005, 19:35
a fortune semble à nouveau sourire à Bernard Tapie. Par un arrêt rendu vendredi 30 septembre, la cour d'appel de Paris lui donne raison dans ses démêlés financiers et judiciaires avec son ancienne banque. Le Consortium de réalisation (CDR), l'organisme public chargé d'assumer la gestion passée du Crédit lyonnais, est condamné à payer 135 millions d'euros à l'ancien propriétaire du groupe d'équipement sportif Adidas. L'ancien brasseur d'affaires devenu industriel, versé dans le football au point de devenir le patron de l'Olympique de Marseille, finalement sacré ministre de la ville par François Mitterrand, remporte là une victoire éclatante.
Jadis contraint à la démission, mis en examen, poursuivi, ruiné, obligé de se reconstruire une nouvelle vie de comédien un talent que personne ne peut lui nier , le voilà sinon ravi tout du moins solidement réconforté. Les juges lui donnent clairement et hautement raison : "Le groupe Crédit lyonnais en se portant contrepartie par personnes interposées et en n'informant pas loyalement son client n'a pas respecté les obligations de son mandat."
En l'état, l'ancien patron déchu peut jubiler. Il lui a fallu attendre presque dix ans, mais cette justice qui l'a si souvent jugé et puni pour d'innombrables délits lui donne acte, in fine, de son bon droit dans l'un des dossiers les plus lourds qui soient. Car l'affaire du Crédit lyonnais, l'une des plus abyssales banqueroutes qu'ait connues la France, restera le symbole des années fric, années Tapie pour tout dire, et la métaphore d'un socialisme de gouvernement hypnotisé par les jeux de banque et d'argent.
Mais la revanche judiciaire de Bernard Tapie ne doit pas cacher cette réalité : après avoir creusé le "trou" le plus important jamais creusé (quelque 20 milliards d'euros), le Crédit lyonnais est condamné à payer la plus importante condamnation financière prononcée dans ce pays. C'est l'aventurisme amateur de l'ex-banque nationalisée qui est ici à nouveau sévèrement sanctionné.
Si le droit est respecté, la morale le semble moins. Dans le dossier Adidas, Bernard Tapie n'a jamais été le grand patron, le stratège industriel que méritait cette entreprise. Fidèle à sa méthode et à son talent pour flairer la bonne affaire, le célèbre repreneur a tout simplement su acheter à bon compte le groupe en 1990 et le revendre dès 1992. A la tête d'Adidas, déjà en proie à de nombreux soucis financiers et aspiré par son ambition politique, M. Tapie s'est révélé comme à son ordinaire un piètre gestionnaire.
A nos femmes, a nos chevaux et a ceux qui les montent...