La dernière carte de Tapie
Eric Pelletier, Jean-Marie Pontaut (l'Express)
L'ex-homme d'affaires peut-il gagner la partie qui l'oppose au Crédit lyonnais à propos de la revente d'Adidas? Réponse aujourd'hui de la cour d'appel de Paris
Cet homme vaut-il 1 milliard d'euros? Bernard Tapie, sur l'avenir duquel on n'aurait pas parié un centime, va peut-être réussir aujourd'hui un incroyable coup de poker. Il a en effet une chance de remporter la partie judiciaire qui l'oppose, depuis plus de douze ans, à son ancienne banque, le Crédit lyonnais. Au pot, le prix de la revente d'Adidas, en février 1993.
Un «manque de transparence, de loyauté» du Lyonnais
Tapie n'avait jusque-là aucune raison de se plaindre de sa banque. Il pouvait compter sur l'appui inconditionnel du Lyonnais. La banque avait probablement des ordres politiques pour lui dire oui: elle n'avait, en tout cas, pas le pouvoir de dire non. Or, une fois n'est pas coutume, dans l'affaire Adidas, le Lyonnais aurait réalisé - dans le dos de Tapie - une énorme plus-value. Certes, l'homme d'affaires a bien accepté que la banque vende, pour son compte, la société d'articles de sport à hauteur de 2,85 milliards de francs.
Mais, selon lui, les cadres de la banque lui ont caché une offre très supérieure, à 4,5 milliards, provenant du financier suisse Robert Louis-Dreyfus. Adidas, assaini par ce nouveau patron, sera finalement introduit en Bourse, à la fin de 1995, à 11 milliards de francs. En faisant ses comptes, Tapie estime donc que l'Etat lui doit aujourd'hui 990 millions d'euros, un peu moins de 1 milliard d'euros. Ces rondes de chiffres, qui donnent le tournis, étaient déjà au centre d'une tentative de médiation entre, d'un côté, le CDR (organisme chargé de solder l'héritage du Lyonnais) et, de l'autre, les actionnaires minoritaires et les liquidateurs des sociétés de Bernard Tapie Finances, en novembre 2004. Nicolas Sarkozy, alors ministre des Finances, avait imposé au CDR cette procédure à l'amiable, craignant une issue judiciaire très coûteuse pour le contribuable. Au terme des discussions, l'ardoise bancaire et fiscale de l'homme d'affaires devait être effacée. Mais il n'était pas question de verser un centime supplémentaire à Tapie. Or ce dernier estimait que l'excédent de la liquidation, soit environ 150 millions de francs, devait lui revenir. Après cinq mois de négociations serrées, l'accord proposé a donc échoué et les deux parties se sont retrouvées devant le tribunal.
L'audience s'est tenue le 8 juin dernier, dans une salle bondée, au deuxième étage du palais de justice de Paris. A l'issue de débats techniques, dans une chaleur torride, les réquisitions du parquet général ont jeté un froid dans les rangs de la défense. En prenant la parole à la fin de l'audience, la magistrate, Eliane Houlette, a noté un «manque de transparence, de loyauté et de fidélité» de l'établissement bancaire vis-à-vis de Tapie. Elle a estimé, toutefois, que les prétentions financières de Tapie doivent être revues à la baisse…
«Il ne s'agit pas d'une critique de fond, mais de forme. On est loin de la thèse du groupe Tapie selon laquelle il aurait été privé d'une plus-value à laquelle il aurait eu droit», tient à nuancer Jean-Pierre Aubert, président du CDR, joint par L'Express. «Cela fait dix ans que M. Tapie tente d'accréditer l'idée que son banquier l'a volé, insiste Me Jean-Pierre Martel, l'avocat du CDR. En réalité, le groupe Tapie se trouvait dans une situation catastrophique. Et, sans le Crédit lyonnais, il aurait rapidement déposé son bilan.» «Aujourd'hui la demande formulée par Bernard Tapie et les liquidateurs consiste, en cas de succès, à faire payer par le contribuable français des pertes liées à une gestion calamiteuse et à un train de vie excessif!» tonne, pour sa part, Me Jean Veil, l'un des conseils du Lyonnais.
Me Maurice Lantourne, qui représente le groupe Tapie, a insisté sur le point faible de l'argumentaire du Lyonnais au cours d'une plaidoirie très argumentée. Il a mis en évidence les conditions opaques de la revente d'Adidas, qui a été rendue possible, selon lui, grâce à deux sociétés, Omega Ventures et Coatbridge, enregistrées aux îles Vierges et aux Cayman. Tapie sera fixé sur son sort aujourd'hui, après que la cour d'appel de Paris aura rendu son arrêt. Une échéance cruciale pour l'ancien ministre, devenu acteur de théâtre et comédien à la télévision. Il compte se renflouer avant le nouveau procès qui l'attend en octobre. Cette fois, Bernard Tapie est poursuivi pour banqueroute frauduleuse. Ce sera, pour le joueur, la dernière chance de se refaire.
En clair soit ce soir il récupère 1 Milliard d'euros et tout est possible, soit....il continue le théatre !
En tout cas s'il récupère une partie de sa fortune (re)viendra t'il à l'OM comme véritable patron comme il l'a laissé parfois entendre (quelle sera alors la position de RLD ?), ou se contentera t'il de....profiter de son fric sans qu'un juge ou un journaliste n'est envie de se faire un nom sur son compte ?????????......