Tapie : «Je participerai au débat politique»
Dans un entretien au Figaro, l'ancien ministre de la Ville, à qui la cour d'appel de Paris a donné raison dans l'affaire Adidas, explique qu'il entend dire son mot lors de la prochaine campagne présidentielle.
Eric Decouty
[03 octobre 2005]
LE FIGARO. – Quel est votre sentiment deux jours après l'arrêt de la cour d'appel ?
Bernard TAPIE. – Cette décision montre que la justice s'est émancipée et que désormais les institutions ne sont plus protégées. Sur un plan personnel, je ne pouvais pas imaginer que la vérité ne soit pas rétablie. Le Crédit lyonnais et le CDR ont été condamnés mais j'avoue que je suis déçu quant au montant qui est attribué, surtout pour les petits actionnaires : 135 millions d'euros c'est bien inférieur au préjudice subi. Mais ce n'est qu'une étape.
Vous allez donc revenir devant les tribunaux ?
L'arrêt de la cour d'appel nous y autorise afin que
soit jugé le préjudice moral subi pendant dix ans. Mes avocats vont faire fixer par des experts ce montant. La deuxième mi-temps a commencé.
Vous dites que 135 millions d'euros est un chiffre peu élevé, ce sont pourtant les contribuables qui vont devoir payer la note.
Sachez que,
sur mes seules actions, le Crédit lyonnais et donc les contribuables ont gagné à peu près 700 millions d'euros actualisés, une fois payée la condamnation de 135 millions.
Finalement, ne regrettez-vous pas que la médiation ait échoué ?
Nicolas Sarkozy, lorsqu'il était au ministère des Finances, était convaincu qu'un bon arrangement valait mieux qu'un mauvais procès. Thierry Breton est arrivé trop tard et les avocats du CDR ont profité de la transition pour faire échouer la médiation.
Vous ne considérez donc pas que l'actuel ministre des Finances ait été responsable de cet échec ?
Non. Je suis certain que, s'il avait eu tous les éléments du dossier, il n'aurait jamais laissé aller l'affaire jusque devant la cour d'appel. En tant que chef d'entreprise, il aurait donné la priorité aux contribuables plutôt qu'aux symboles.
Que change l'arrêt de la cour d'appel ?
Tout change ! Les trois activités essentielles de ma vie : les affaires, la politique et le sport m'étaient interdites. Aujourd'hui, elles ne le sont plus.
Ce qui signifie que vous allez refaire de la politique ?
J'entends participer au débat politique. Je veux être utile comme je l'ai toujours été.
Vous allez prendre la tête d'un parti politique ?
Si je réintègre un parti politique, ce sera le Parti radical mais sûrement pas pour le diriger.
Allez-vous vous engager dans la campagne présidentielle ?
Je ne soutiendrai personne en particulier mais je serai capable d'aller très loin pour empêcher de gagner un candidat qui représente à mes yeux une mauvaise solution pour la France.
A qui pensez-vous en particulier ?
A plusieurs en général.
Avez-vous eu des contacts avec des personnalités politiques ?
Depuis vendredi soir, je crois que presque toute la gauche m'a appelé pour me féliciter sauf Emmanuelli, Buffet et Besancenot ! A droite, personne ne m'a téléphoné, sauf Jean-Louis Borloo, et je suis certain que lui était sincère.
Allez-vous également reprendre les affaires et le sport ?
Les affaires, c'est définitivement terminé, en revanche,
je vais revenir dans le sport, c'est certain, mais il est beaucoup trop tôt.
Oh ! Oh !!!...........